Rencontre avec Frédéric Pierrot, acteur brillant et mélomane !!
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On a eu la chance de rencontrer le comédien Frédéric Pierrot en mars dernier lorsqu'il est venu présenter en avant-première le film Les musiciens de Gregory Magne, dans le cadre du festival Les Rencontres du sud.
Popularisé par la série En thérapie , Frédéric Pierrot incarne, dans Les Musiciens, qu'on peut voir en salles dès demain, un compositeur rêveur et taiseux.
Dans ce long-métrage, le comédien nommé aux Césars (pour Polisse) et aux Molières (pour Opening night), campe Charlie Beaumont, qui est amené à dénouer le fil inhérent aux crises égotiques que se livrent en coulisses quatre instrumentistes de musique classique.
Un rôle passionnant pour un acteur qui l'est tout autant :
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Frédéric Pierrot ;
En fait, ce film ne parle que d'une seule chose : autoriser à croire qu'on peut y arriver!!!
Je vais vous faire une confidence : au début de ma carrière artistique, j'ai osé, à l'époque, dans la musique. Je jouais de la clarinette comme une patate, mais au bout d'un an, je me suis retrouvé en concert devant 4 000 personnes. Je jouais mal, mais il y avait de la joie et une énergie. (rires).
Si on vous dit que c'était autant un film à écouter plus qu'à regarder vous en dites quoi?
Frédéric Pierrot.
Je vous dirais que je pense vraiment que le son au cinéma a plus d’importance que l’image. Et que, par exemple, les voix des acteurs, le grain même avec lequel c’est enregistré ; comment l’acteur lui-même travaille, c’est musical.
Une langue est musicale. Avant même de signifier quelque chose, elle sonne. Est-ce qu’on a vraiment besoin de comprendre ce qui est dit ?
Ça dépend. des uns et les autres, mais des fois, oui, des fois, non. des fois, la musique suffit.
FP :
La musique a toujours été pour moi une source d’énergie, et, à certains moments, une façon d’échapper à la mélancolie ou à l’angoisse. Il a dû m’arriver de la mettre de côté, mais je crois important d’en écouter tous les jours, pour l’équilibre, le bien-être.
Les noms de certaines œuvres sont à eux seuls des invitations à la sérénité : les Consolations de Liszt, les Nocturnes de Chopin…
Vous nous avez dit avoir pratiqué jadis la clarinette : vous pouvez nous en dire plus sur cette pratique ?
FP: En fait, J’ai joué de la flûte à bec à l’école, comme tous les enfants , et puis un beau jour j’ai découvert la clarinette dans un festival de jazz près de chez moi, en Haute-Normandie : un véritable coup de foudre. J’ai ensuite appris tout seul, à l’oreille.
Je suis moins assidu qu’avant, mais je m’y suis un peu remis pour jouer ce qu’a écrit Grégoire Hetzel, le compositeur de la BO, pour mon personnage.
Cela m’a aussi aidé à comprendre ce rôle et à trouver des résonances avec des musiciens que j’admire : le pianiste américain Thelonious Monk et le compositeur français Jean Françaix, que j’ai pu rencontrer à mes tous débuts lorsque j’étais machiniste sur les plateaux de cinéma.
Très vite, j’ai eu besoin de le rencontrer parce qu’il a composé aussi des chants d’oiseaux que je suis censé refaire à la clarinette.
J’avais donc besoin de le voir pour lui demander un peu d’aide. Parce ce- si je veux être un peu technique qu’il avait composé ça sur un changement d’octave, où le doigté s'avère assez compliqué..
Et comme j’ai perdu beaucoup de vélocité vu mon grand âge (sourire) je lui ai demandé l’autorisation de changer la hauteur, pour que ça soit plus facile…
Je trouvais ça très rassurant qu’il soit là, parce que rien qu’en le regardant, je me disais : « bon, là, il ne valide pas, quoi… »
Après, il y a aussi des choses qui peuvent m’être personnelles évidemment, mais c’était très inspirant pour le personnage.
Puis il y a eu une rencontre que Grégory a organisée avec les musiciens, un moment de répétition quelques semaines avant le tournage, où je l’observais faire, bien sûr.
Et où je crois m’être inspiré de ce qu’il disait aussi dans les dialogues.
Pour exprimer ce que je trouve beau dans la vie et les gens, et pour essayer de comprendre ce qui est lourd, ce qui ne fonctionne pas.
Mais je dois faire attention, car l’empreinte que laissent certains personnages sur moi est parfois forte.
Il m’est arrivé de refuser des propositions parce que je ne me sentais pas le courage de me frotter à une thématique.
Dans ce cas, j’opte pour plus de légèreté. "Les Musiciens" ,par exemple, est un film qui m’a fait du bien parce qu’il est fin, délicat et intelligent dans son usage et sa transmission de la musique.
Totalement.
Il existe des œuvres qui provoquent et divisent, mais d’autres fédèrent des populations, des énergies et des milieux très différents qui, à travers une proposition artistique, parviennent à dialoguer.
La musique, le cinéma, la littérature ou la peinture ont inventé des langages plus forts et impactants que bien des mots. Les musiciens du film atteignent l’harmonie en acceptant enfin de s’écouter.
Oui bien sur, car on joue mieux avec l’autre que contre l’autre. Il n'est question que de vibration dans le jeu comme dans la musique, c'est essentiel pour moi les vibrations..
C’est l’illustration d’un certain narcissisme de ne pas comprendre que vos partenaires vous tirent vers le haut, et réciproquement dans le meilleur des cas.
Et puis, on peut avoir imaginé des choses à propos des scènes, mais il faut laisser la place à la remise en question, à la vision que porte votre metteur en scène, à la collaboration.
En l’occurrence, trois des membres du quatuor du film ne sont pas acteurs de métier.
Il fallait composer avec cette réalité, les accompagner, et tous ont été sidérants.
D’autant que nous devions tourner rapidement, avec peu de moyens.
Sous l’impulsion bienveillante de Grégory Magne, nous étions finalement au diapason de nos personnages qui n’ont que quelques jours pour enregistrer ce concert historique.
Pas vraiment. C’est toute la difficulté de la promotion : comment susciter la curiosité sans commenter ? Comment laisser de l’espace à l’interprétation du spectateur ?
Je crois davantage aux associations d’idées qu’aux avis définitifs.
Et je ne saurais mieux résumer ce film qu’à travers cette réplique prononcée par mon personnage : «La musique me permet de m’affranchir de tout ce qui me pèse dans le langage.» S’affranchir des mots est impossible pour l’acteur ? Un acteur dit les mots, mais si l’interprétation est trop appuyée, si elle ne s’accompagne pas de silences, quelle place reste-t-il au spectateur ?
Notre travail de comédien consiste aussi à l'accompagner et à solliciter l' imaginaire du public
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J’ai joué un avocat dans L’Affaire de l’esclave Furcy, un film réalisé par Abd al Malik sur un esclave réunionnais qui, au début du XIXe siècle, s’est battu pour que la justice reconnaisse qu’il avait été affranchi.
J’ai aussi un petit rôle dans Dalloway, un thriller de Yann Gozlan, avec Cécile de France, qui sera projeté en séance spéciale à Cannes et qui parle de l’intrusion de l’intelligence artificielle dans nos vies d’artiste.
Disons que ces derniers temps, il y a un peu de soubresauts...
Pour l'instant, (Éric Toledano et Olivier Nakache) se pose la question de l'axe principal, je crois qu'ils ont une idée mais je ne peux pas vous en dire plus pour le moment ( sourires)
J'adore cette série; ce n'est pas un secret et je vois d’ailleurs beaucoup de liens entre la psychanalyse et l’exercice artistique.
Un thérapeute n’est pas là pour dire mais pour faire dire.
Et les comédiens on fait un peu ca aussi : on amorce la pompe, mais c’est ensuite au spectateur de faire son chemin
Les Musiciens,de Grégory Magne, avec Frédéric Pierrot, Valérie Donzelli, Mathieu Spinosi…
En salle le 7 mai 2025.
Merci aux rencontres du SUD d'Avignon
Merci à Pyramide films
Crédit: les rencontres du SUD