Nuits de Fourvière 2025- Benjamin Millepied/Jeff Buckley- De la grâce sur la scène du théâtre antique
Grace comme le titre du spectacle que Benjamin Millepied et sa troupe présentait mercredi soir dans le cadre des Nuits de Fourvière. Grace comme le nom de l'unique album de Jeff Buckley, fil conducteur de ce spectacle. Grace comme celles des dix danseurs sur scène qui, souvent, donnaient l'impression de glisser plus que de se déplacer, de flotter plus que de se mouvoir, de voler comme s'ils ne subissaient pas les lois de la gravité.
J'ai mis un peu de temps à rentrer dans l'univers où m'invitait le chorégraphe et danseur parce que la présence des danseurs sur scène était accompagnée de vidéos sur un grand écran filmant soit un des danseurs présents soit tout le groupe, focalisant sur les visages ou d'autres parties des corps m'a pas mal déstabilisé. Je ne savais pas où regarder et j'en venais même à suivre plus les foulées d'Olivier Simola (qui m'a impressionné par son endurance, d'autant plus que sa caméra ne doit pas être particulièrement légère) que le reste.
Et puis la nuit est vraiment tombée sur les arènes antiques de Fourvière et à partir de ce moment là, mon ressenti a été totalement différent : j'étais comme enveloppée dans la magie du lieu, envoûtée par les chansons de Jeff Buckley et par les autres morceaux qui rythment le spectacle (en particulier I'm calling you, bande originale du film Bagdad Café qui magnifiait à des duos du spectacle).
J'ai découvert à travers la mise en scène (images d'archive, vidéo, extraits de texte ou d'interview de Jeff Buckley, changement de décors avec la présence sur scène d'un lit entre autres) l'âme qui m'a semblé sans concession par rapport à son art, torturée aussi, poétique et complexe du musicien et chanteur à la voix emplie de grâce.
Le tout porté par des interprètes très incarnés, dans leurs mouvements, leur attitude comme dans les émotions qu'on lisait sur leur visage.
Comment parler de ce spectacle sans parler d'Oumrata Konan, qui non seulement articule ses bras comme s'ils étaient des élastiques mais, quand elle prend le micro pour chanter deux des morceaux du spectacle, a une voix incroyable ?
J'ai particulièrement aimé les séquences de duo. Tout était en osmose : les corps des danseurs, leur chorégraphie et la musique, le public suspendu et absorbé, la nuit qui semblait elle même avoir une douceur particulière.
Le tableau reprenant le titre- si souvent repris - même Vianney s'y est récemment mis c'est dire- "Hallelujah" m'a aussi particulièrement transporté, ravivant des souvenirs.
Quant à Morgan Lugo, danseur américain qui a été invité dans la troupe de Benjamin Millepied, L.A. Dance Project, et qui a dansé pour des chorégraphes comme Sidi Larbi Cherkaoui, Ohad Naharin, Sharon Eyal entre autres, il incarnait à la fois avec sensibilité, force et la si bien nommée grâce, la puissance créative de Jeff Buckley et ses tourments.
Bref Grace portait divinement son nom !
Photo : Paul Bourdel
🕺Benjamin Millepied nous a offert un magnifique hommage à l’œuvre de Jeff Buckley ce mercredi 18 juin sur le plateau des Nuits de Fourvière