Retour sur le film "Avignon"-Rencontres avec Johann Dionnet & Baptiste Lecaplain
Réalisé par Johann Dionnet , le film Avignon, en salles depuis mercredi dernier suit un comédien qui se rend au festival de théâtre et tombe sous le charme d'une comédienne de renom, jouée par Elisa Erka.
Dans ce film couronné du grand prix du festival de l'Alpe-d'Huez, comédie, romance et amour du théâtre font délicieusement bon ménage- voir notre article sur le film ici même
Baptiste Lecaplain et le réalisateur-scénariste Johann Dionnet étaient présents en mai dernier sur Lyon pour discuter avec nous de cette géniale comédie romantique qui s’articule autour du rapprochement entre un comédien du festival Off et une comédienne du festival In…
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La confrontation entre théâtre chic et populaire
« Tout comme mes personnages, j’ai commencé ma carrière en jouant dans des pièces de boulevard. Je n’ai pas fait le Conservatoire, je me suis retrouvé à apprendre le métier dans des petites troupes.
On devait monter et démonter le décor par nos propres moyens. C’était difficile, mais c’est la meilleure formation possible ! ET l’année où j’ai joué à Avignon dans une pièce de boulevard, j’ai senti un léger snobisme de la part de certaines personnes et la petite moquerie qui s’exprimait envers les spectacles plus populaires pouvait donner quelques scènes de comédie.
J'adore le personnage de Bacri dans Le Gout des autres . C’est quelqu’un que l’on croit méprisant, mais qui se révèle d’un grand romantisme. J’ai pris une véritable claque en découvrant ce film, qui est devenu ma source d’inspiration principale. »
Un film populaire sur un sujet un peu "niche"
"Quand j'ai commencé à pitcher le film, ils avaient peur que ça ne soit pas assez universel Et pourtant moi je n'avais qu'une seule et même ambition : faire "un film pour les gens.
Je tenais vraiment à que le film puisse s’adresser à tout le monde, y compris ceux qui n’ont jamais été au Festival d’Avignon ou se sentent même totalement étrangers au théâtre. Il ne fallait pas que ce soit réservé aux initiés et qu’un spectateur qui n’a pas les clés puisse s’amuser autant que les autres. "
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Comédie populaire mais exigences formelles
"Pour certains tableaux, je voulais de vrais moments de cinéma. L’objectif était que ce film représente un challenge pour chaque poste : le son, l’image, la technique, la machinerie.
La scène du hamac par exemple, quand la caméra tourne autour des amoureux et qu’il y a un jeu d’ombres avec l’éclairage de la lune, est une séquence que j’avais imaginée avec beaucoup de précision ; le plan séquence au Palais des Papes je l’avais pensé en amont ; les flyers qui volent aussi avaient fait l’objet d’une image dans ma tête. Tout cela représentait des moments clés de mise en scène."
Stéphane, comédien raté et amoureux transi... un double de Baptiste Lecaplain?
Pour incarner Stéphane, il m'a suffi de faire appel à mes souvenirs d'adolescence, J'étais le genre de gars qui tombait amoureux de filles qui ne voulaient pas de lui et comme j'étais en sport études - donc ballotté dans des collèges -, pour m'intégrer, je racontais des histoires et m'embourbais souvent dans des mensonges.
Bref, l'ado que j’ai été ne pouvait pas laisser passer ce rôle. Surtout dans une comédie romantique dotée des mêmes codes que toutes celles qui m’ont fait rêver...
Au delà de l'aspect romantique, Stéphane, c'est aussi quelqu’un de fidèle ; il le prouve lorsque son ancienne troupe le rappelle et qu’il la suit malgré l’expérience précédente qu’il perçoit comme un échec.
Ce personnage me parle car si aujourd’hui je travaille beaucoup, j’ai aussi connu des castings ratés sans toujours en comprendre la raison. J’avais, comme lui, cette envie de faire mes preuves, d’aller plus haut et quand on ne m’en laissait pas la possibilité, j’avais parfois du mal à l’accepter.
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Tourner dans un microcosme un peu fermé
" Vous savez, c’est très compliqué de tourner pendant le Festival d’Avignon, même si beaucoup de gens le connaissent, peu y vont, ça reste un truc très boutique, très métier, ça a pu faire peur à pas mal de producteurs de cinéma.
Paradoxalement, les gens du théâtre qui avaient accédé au cinéma n’avaient peut-être pas envie de raconter ça et de passer à autre chose. Il fallait quelqu'un comme Johann Dionnet pour en parler, parce que lui l’a vécu de l’intérieur."
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Théâtre et cinéma.. même clivages et mêmes combats?
"Le film parle aussi beaucoup de la considération de la comédie populaire. Tous les ans ça revient aux Césars, est-ce que la comédie populaire est assez mise en avant et assez considérée…
Il y a de ça aussi, c’est ce qu’a très bien réussi à faire Johann Dionnet à l’écriture, parce qu’il a participé au festival off d’Avignon mais il a fait aussi un peu du in, il a pu voir les deux côtés du festival. Et mine de rien, on reste des comédiens qui faisons Avignon, on est logés à la même enseigne, c’est deux mondes extrêmement proches.
Je sais que des copains humoristes ont pu avoir des remarques lorsqu’ils sont arrivés sur des films, où on leur demandait ce qu’ils venaient faire au cinéma.
C’est plus de la défiance de la part de gens qui ne sont pas forcément sensibles à ce qu’on peut faire sur scène, ce sont des gens qui ne se connaissent pas, une fois qu’on se rencontre on est des comédiens, tout le monde vient du théâtre, du Conservatoire, d’une troupe d’improvisation, d’une troupe amateur, ou du one-man-show… on est obligé de taper des planches."
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