[CRITIQUE] Sous hypnose, Ernst De Geer : entre malaise et profondeur
Face caméra, Véea raconte la douloureuse expérience de l'apparition de ses premières règles.
A onze ans, petite fille hémophile, cette première fois aurait pu être fatale. Face caméra, Vera répète l'intervention qu'elle va devoir assurer pour convaincre des investisseurs prêts à s'engager dans la réalisation d'une application qu'elle et André, son compagnon, ont mise au point. Une application légère et d'utilisation simple qui devrait facilité l'accès au soin et à la santé aux femmes du monde entier.
Une telle application humaniste et vertueuse se doit d'être présentée avec franchise et conviction dans ce colloque de rencontres avec des financiers venus de toute l'Europe.
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Mais pour le jeune couple rien ne va se passer comme prévu durant ces quelques jours. A cause ou grâce à une séance d'hypnose, Vera voit devoir combattre son moi et son surmoi (et peut-être aussi régler ses problèmes avec maman ) au grand dam d'André et de tous les participants, cool, tellement cool, du séminaire.
Étonnant film qui réussit, c'est une gageure, à créer un malaise dès les premières minutes et qui ne nous quittera plus jusqu'au générique de fin.
Ernst De Geer pousse jusqu'au bout chaque scène déconcertante ,sans jamais rien expliquer ni juger. Par petites touches il instille de l'acide chez les gens cool, tellement cool, ces incubateurs de société et reconnaissons lui un sacré savoir faire dans la création de situations malaisantes et dérangeantes.
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Œuvre profondément intimiste dont la colonne vertébrale serait l'obsession de la recherche du bien être individuel et de la parole vraie en société.
Mais la vérité peut-elle accepter les compromis ? Vous avez quatre heures.
On l'aime vraiment plutôt bien, même s'il faut être un peu maso pour cela, ce drôle de film du Suédois Ernst De Geer dont c'est le premier long métrage.
Un film plus vache et pervers mais finalement plus sympathique et profond que les films de son compatriote Östlung car pas du tout ricaneur,
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En effet,il faut reconnaitre que De Geer ne se place jamais au dessus de ses personnages, au contraire il les accompagne avec empathie jusqu'au malaise...
Le point de vue est très intéressant mais l'expérience peut s'avèrer assez désagréable pour le spectateur qui se demande toujours de quel coté tout cela va se fracasser...
L'expérience est pour le moins étonnante car tout cela est réalisé sans esbroufe ni climax. et elle est portée par une belle distribution, en premier lieu le couple formé .par Asta Kamma August (vue récemment dans Kalak) et Herbert Nordrum (qui tenait un role plutôt important dans Julie (en 12 chapitres)).