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18 octobre 2025

Festival Lumière 2025 / Rencontre avec le réalisateur Tarik Saleh

Focus sur Tarik Saleh pendant ce Festival Lumière qui aborde sa dernière ligne droite.

 Le réalisateur d'origine égyptienne à qui l'on doit la trilogie du Caire (Le Caire confidentiel, La Conspiration du Caire, Les Aigles de la République,) a eu droit à sa Masterclass durant ce Festival Lumière ! L'occasion d'échanger avec lui sur son dernier film en particulier qu'on a vraiment adoré !

 Les aigles de la république,  troisième long métrage du cinéaste suédois Tarik Saleh mêle critique du pouvoir militaire et hommage au cinéma égyptien Avec comme toujours Le Caire en toile de fond, on y voit un célèbre acteur contraint d'incarner le maréchal putschiste dans un film à sa gloire.

 

Bien que le film soit une fiction, Tarik Saleh nous a confié s'être inspiré d’une série télévisée égyptienne qui avait été réalisée sur Al-Sissi joué par un bel acteur qui ne lui ressemblait en rien. En fin de compte, Saleh dit qu’il ne veut pas être étiqueté comme un cinéaste politique

Saleh n'est pas avare de confidences sur ses premiers contacts avec le monde du cinéma : " Quand je réalise un film, je m’engage à entraîner les spectateurs dans un univers qu’il ne connait pas. Le cinéma de genre est parfait pour cela ! J’adore le cinéma depuis toujours. J’ai eu une enfance difficile et je peux dire que le cinéma m’a sauvé. Il m’a donné de l’espoir, des rêves. Il a totalement et littéralement transformé ma vie à jamais " 

En regardant ses débuts en tant que réalisateur, Saleh se souvient des étapes les plus difficiles du parcours cinématographique : « En tant que cinéaste émergent, le plus grand défi pour moi était de convaincre les gens de financer mon film—ce qui est lié à cela, c’est de ne pas compromettre votre vision. »

« J’espère que je peux inspirer les gens à écouter leur voix intérieure », ajoute Saleh, en décrivant ce qu’il  a souhaité partager avec les participants de la Masterclass du Pathé Bellecour

 © Olivier Chassignole

À la base, le processus créatif et la réalisation de films reposent sur la collaboration et la confiance, non seulement dans votre propre vision, mais aussi dans son équipe et les visions artistiques qui vous entourent. Saleh souligne qu’en tant que réalisateur, il ne s’agit pas seulement de votre propre performance : « Il s’agit de faire réaliser votre vision par d’autres artistes pour vous, de les faire se produire. »

 

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NOS QUESTIONS A TARIK SALEH A L'OCCASION DE SA PRESENTATION AU FESTIVAL LUMIERE DES AIGLES DE LA REPUBLIQUE


 

Dans quelle mesure votre long métrage les « Aigles de la République » est-il basé sur la réalité et la façon dont le gouvernement égyptien fonctionne ?

Bien sûr, il y a une véritable histoire qui a inspiré ce film. En Égypte, l’armée représente 30 % de l’économie du pays et lorsque (Abdel Fattah al-Sissi, le président de l’Égypte) a été élu, il a dit : « Allons dans les médias et le cinéma, aussi. »

Donc le gouvernement a essentiellement pris en charge toute l’industrie cinématographique et la télévision. Ils ont acheté toutes les chaînes de télévision privées. Et comme ils sont possédés par l’armée, ils ont décidé de faire une série télévisée sur la montée au pouvoir du Président.

Ce qu’ils ont fait, c’est de choisir ce grand et bel acteur appelé Yaser Galal pour jouer al-Sissi qui est un gars très petit et  pas de plus sexy du monde on va dire ( rires) .

C’était absurde. Je regardais cette série télévisée, et il n’y avait aucune ironie, et bien sûr, ma première pensée était : « Et si je recevais l’appel et qu’on me disait que j’avais réalisé cela.  Et si mon ami Fares devait y jouer ? Que ferions-nous ? ”

Nous ne pourrions pas dire non parce qu’alors nous avons été bannis. J’ai pensé que c’était une prémisse drôle pour un long métrage.

 

 

 

Les aigles de la république semble très bien documenté !

 

Certaines choses dans le film sont totalement citées des échanges qu'on a pu voir fascé, et ressemblent énormément à comment ils sont en vrai.

Je suis fasciné par la technicité du fonctionnement du pouvoir.  Si vous prenez «La conspiration du Caire", le personnage auquel je m’identifie le plus est Ibrahim, l’agent de sécurité de l’État, ce n’est pas l’étudiant.

Et dans « Aigles de la République », je m’identifie au Dr. Mansour. Parce qu’il est le vrai réalisateur de ce film qui se fait dans « Eagles of the Republic ».

 

 

Pourquoi avez-vous voulu tourner «Les aigles de la Republique» en 65 mm ?

 

C’était le grain d'images que je voulais atteindre . On dirait  vraiment du cinéma de cette façon. Depuis que j’ai vu « Parasite », je rêvais de filmer sur 65 mm dans l’arrière de ma tête. Puis j’ai vu « Joker » et c’était le même sentiment. C

’est merveilleux pour la façon dont il traite les visages, il crée ces belles textures. J’ai eu beaucoup de chance d’avoir vraiment de grands producteurs sur ce film. Ils m’ont donné tout ce que j’avais demandé. 

 

 Qu’est-ce qui vous pousse à toujours vous tourner vers votre pays natal, l' Égypte pour raconter des histoires ?

 

Il y a deux raisons. La première raison était lorsque vous avez grandi en tant qu’enfant d’immigrants, on vous raconte par vos parents des histoires sur le pays d’origine qui sont presque des contes de fées — ce qui est un paradoxe, parce que vous vous demandez : « Pourquoi sommes-nous ici alors si tout était génial ? »

Mon père m’a parlé de l’Égypte, et j’en avais ces images très vives. Puis quand j’avais 10 ans, pour la première fois, Anouar el-Sadate venait de mourir, on pouvait retourner en Égypte. C’était un choc. Presque le traumatisme de rencontrer la réalité à partir de tous ces contes de fées que mon père avait construits autour de ce qu’était l’Égypte.

Et depuis lors, je suis allé étudier l’art à Alexandrie, et j’ai lancé un magazine au Caire. J’ai constamment essayé de revendiquer ma propre version de ce que l’Égypte est pour moi.

Donc, j’ai une relation très personnelle avec cet endroit. vous savez, le fil conducteur entre « et « Les Aigles de la République », est qu’ils parlent d'« hommes essayant de vaincre une ville qui ne peut pas être vaincue »

 

 

 

À bien des égards, c’est aussi un film sur l’industrie cinématographique en Égypte et le travail des acteurs, dans ce cas la superstar locale George El-Nabawi.

Oui, et d’habitude Fares me pose toujours des questions très difficiles avant de tourner, mais cette fois, c’est moi qui avais une question. Je lui ai demandé : « Nous soucierons-nous jamais d’un acteur et de celui-ci en particulier ? » Parce que je pensais à Amber Heard pendant son procès, quand elle pleurait et que tout le monde la ridiculisait.

Les gens disaient : « Oh, ce n’est pas réel. Elle joue, n’est-ce pas ?” Parce que nous pensons que les acteurs ne montrent pas leur véritable émotion. Mais Fares m’a rassuré. Il m’a dit : « Non, Tarik, nous nous occuperons de lui. Je te promets que nous nous occuperons de lui. »

 

Un mot justement sur votre collaboration de longue date et au lien entre l’acteur Fares Fares, qui semble s'étendre tend au-delà des plateaux de cinéma :

Oui, asbolument,  Fares est mon meilleur ami, nous sommes très proches personnellement. Mais, même si je connais presque tout sur l’homme, son jeu d’acteur reste un mystère pour moi.

Tout ce que je sais, c’est qu’il peut absolument se transformer—nous parlerons beaucoup du script, pas nécessairement de son caractère.

Certaines scènes des films sont inspirées par lui, plus à un niveau humain très basique—ce que j’aime chez lui, c’est qu’il ressemblera exactement à ce que je ressens, mais que je ne peux pas exprimer.

Vous savez, dans le regard de Fares, on voit que son cœur a été brisé pour toujours. Même quand il est heureux son cœur est triste. Et puis comme je vous l'ai dit,  c’est devenu un ami, cela fait plus de vingt ans que nous nous connaissons.

 

 Crédit Photo Rojo Romeo_ pour le festival Lumière 

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