Jouer le jeu ; Fatima Daas creuse les zones d'ombre de’« l'impitoyable système de classe"
Ils te verront toujours comme la petite beurette qu’ils ont aidée à réussir. Ils veulent te faire croire que tu n’es pas comme nous, que toi t’es différente, que tu vas y arriver grâce à eux. Tu n’es qu’un nombre pour eux.
Après "La Petite dernière", un premier texte remarqué à sa sortie et récemment adapté avec énormément de brio au cinéma par Hasfia Herzi, l'autrice Fatima Daas a fait paraître en cette rentrée littéraire "Jouer le jeu", un roman d'apprentissage et d'émancipation, qui a eu moins d'échos que son premier roman ( le fameux syndrome du second roman) mais qui mérite cependant largement le coup d'œil.
On y suit la destinée de Kayden, élève de seconde, dont la professeure de lettres, Madame Fontaine, perçoit chez elle une capacité à s’élever et l’encourage à tenter le concours d’entrée à Sciences Po. Plus qu’un pari académique, il s’agit de lui transmettre les outils pour se doter d’un capital culturel solide, d’ouvrir un horizon différent.
Fatima Daas explore les tensions entre destin individuel et déterminismes sociaux. et met en lumière l’« impitoyable système de classe » à travers des dialogues sans concession en abordant des thématiques telles que le : déterminisme social, la discrimination positive, quête d’identité de genre, modèle méritocratique …
Fatima Daas conserve toute son identité dans son style d’écriture, authentique et percutant. à travers Kayden, ce personnage qui semble être un miroir d’elle-même.
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.Mais Jouer le jeu, c’est aussi la quête intime d’une adolescente en recherche d’estime de soi, entre loyauté à ses origines et désir d’émancipation et ces difficultés à trouver sa place – dans un pays, une culture, ou même un genre
Si l'ensemble des thèmes ne sont pas tous approfondis avec la meme densité, l’oralité de la langue emporte comme dans la Petite dernière largement le morceau avec cette écriture en tension qui correspond si bien à l’urgence de cette période adolescente.
Jouer le jeu, de Fatima Daas, Ed. de l'Olivier, 192 pages, 20,00 Euros
Le directeur de Sciences Po présente l'étudiant au maire et lui précise par quelle voie il a intégré l'école. Le maire ricane et se reprend : « Bonjour, merveille », dit-il avec une voix grasse. Il dit que c'est une des caractéristiques de Sciences Po de prendre le meilleur de la tradition et d'oser innover. L'élève a les yeux qui brillent. « Merci, merci m'sieur. » Face caméra, il affirme, ému, être « touché ». Pour lui c'est un moment d'ultime reconnaissance.
Sans qu'elle sache exactement pourquoi, ces images sont insoutenables pour Kayden. Ses dents mordillent ses lèvres, ses mains deviennent moites. Elle ouvre la fenêtre sous le regard dubitatif de sa sœur, et ferme rapidement la page sur son ordinateur.
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