Saturne de Serge Quadruppani
A Saturnia, célèbre station thermale d’Italie, plusieurs personnes arrivent à destination pour y séjourner quelques jours : une famille dont le père est malade, un couple adultérin surveillé par un détective privé, un couple de lesbiennes en cavale et un homme armé, Jean Kopa, qui travaille pour le compte d’une organisation secrète.
Tout de suite ou presque après le début du séjour, la tragédie se noue : sous les yeux impuissants du détective, Kopa tire à l’aveugle sur les curistes, et l’attentat fera trois victimes, trois femmes : la mère de famille, la femme adultère, et l’une de deux homosexuelles.
Rédiger un résumé à peu près clair et cohérent tient de la gageure tant il est très difficile de s’y retrouver dans Saturne. Dès les premières pages, on est complètement perdu dans les multiples personnages, dans leurs motivations et leurs actions et au lieu de se perdre délicieusement comme dans certaines œuvres ( celles de Lynch par exemple au cinéma), ici l’agacement point vite à l’horizon.
La démarche de l’auteur est certainement délibérée puisque Quadrappuni cherche à mettre en place un puzzle ambitieux, brassant différentes thématiques (le terrorisme, les dérives financières de la mondialisation, la mafia sicilienne) et faisant intervenir des personnages aussi divers et variés que des ministres, des familles unies, des grands patrons, des anciens commissaires.
Malheureusement, par manque de fluidité et de cohérence, tout cela ne m’a pas du tout semblé fonctionner. L’ensemble fait penser à un patchwork assez indigeste, et absolument pas crédible, où les archétypes et clichés sont légions. Bref, on se désintéresse très vite de cette intrigue et la dernière page du livre, dans laquelle l’auteur se croit obligé de résumer les personnages et leur place dans l’histoire est pour moi parfaitement symptomatique de l’échec et de la vacuité de l’entreprise.
Le livre a remporté le grand prix du festival quai du polar dont j'ai été un des membres du jury, et pourtant vous vous doutez bien que je n'ai pas du tout défendu l'ouvrage, mais j'étais totalement minoritaire,donc je n'ai pu que m'incliner.