Une méthode plus ennuyeuse que dangereuse?
Comme vous le savez désormais, je suis un cinéphile un peu étrange qui n'aime rien moins que prendre le contrepied de la pensée dominante. Prenons par exemple David Cronenberg qui ne fait pas partie de mes cinéastes préférés, loin de là, alors même qu'il possède un nombre impressionnants de fans, spectacteurs ou journalistes. Tous les films qu'il réalise sont irrémédiablement portés aux nues, alors que de mon côté, je suis assez spectique sur ses films, comme j'en ai déja parlé ici.
Comme toute chose a une fin, cette sanctification fut interrompue fin 2011, avec la sortie de son dernier film, A dangerous method, qui, dès sa présentation lors du festival de Venise, fut accueilli avec une vraie tiédeur, avant d'être encore plus descendue à sa sortie en salles le 21 décembre dernier.
Cela aurait du m'inciter à ne surtout pas tenter l'expérience, mais au contraire, je me suis dit que ca allait peut etre me faire le même coup que pour Gus Van Sant : si son dernier opus, Restless fut à peu près unaniment considéré comme son plus faible, de mon côté, je le considère comme un de mes préférés, si ce n'est mon préféré. Je me suis donc dit que si le film de Cronenberg était plus classique, plus accessible que ses autres films, cela ne serait pas pour me déplaire.
Or, hélas, ce coup ci, j'ai dû me ranger à l'avis de tout le monde, tant A dangerous method m'a assez profondément ennuyé.
Ne soyons pas de mauvaise foi: je n 'ai pas vu le film que pour ne pas faire comme tout le monde : l'oeuvre a, en effet, pour sujet principal l'origine de la psychanalyse, et j'avoue que tout ce qui a trait à ce domaine m'interesse énormément de prime abord, et qu'à ce titre là, la série américaine d'HBO En Analyse, avec Gabriel Byrne en psy torturé est une vraie merveille dont j'ai dévoré les 2 saisons.
Ici, comme Michel Onfray l'avait fait dans son livre polémiste l'affabulation freudienne, Cronenberg souhaite revenir aux fondements même de la psychanalyse, et notamment la confrontation entre deux écoles, celles de Freud qui voyait dans toute névrose un lien avec la sexualité, et celles de Jung plus jeune, et qui conteste cette version.
Dit comme cela, cela fait déja un peu redondant, et le problème est qu'à l'écran, c'est... pire!!! Je n'aime pas le terme "académique" employé souvent pour les films historiques, mais ici, hélas il parait approprié tant, tout, des costumes aux coiffures, sans oublier les dialogues, fait un peu figé et empesé.
Pas la moindre fantaisie ici, à part peut être lors de l'incursion du personnage Otto Gross, un psychanalyste cocaïnomane et jouisseur, coureur détrousseur de jupon qui convainc Jung d’écouter ses désirs et autres pulsions. C'est Vincent Cassel qui joue Cet Otto Gross et sa prestation est assez ébouriffante et nous sort quelques instants de notre douce torpeur. Car c'est bien le sentiment qui nous étreint tout le long de la projection : on regarde les scènes de succéder avec un ennui poli, et plus ou moins d'intéret.
Le problème du film vient principalement du scénario de Christopher Hampton est d'hésiter entre deux versants de l' intrigue, à la fois l'histoire d'amour impossible entre Jung et sa patiente Sabina Speurlein, qui deviendra également une éminente analyste et la guéguerre entre Freud et Jung dont on comprend mal les tenants et aboutissants; Personnellement, j'aurais préféré que Cronenberg et Hampton choissisent de creuser jusqu'au bout l'histoire d'amour passionnée, tant les scènes entre Freud et Jung ne m'ont guère passionnées. En effet, les discussions entre ces deux éminents penseurs sont en effet filmés platement, de sorte à ce qu'on l'impression d'assister à un cours magistral sur le sujet, cours dont on aurait pas compris grand chose.
Il faut dire aussi que, contrairement à beaucoup de gens, je ne suis pas un fana de Viggo Mortensen et qu'ici, dans le rôle de Freud, tétant continuellement son éternel cigare, il m'a semblé quelque peu éteint (contrairement au cigare en question).
Bref, ce n'est pas avec ce film que je pourrais changer d'avis sur la filmographie de David Cronenberg, mais qui sait, peut- être que le prochain me réconciliera enfin avec ce cinéaste qu'une grande partie de la critique, mettant un discret voile sur ce Dangerous Method, continuer de classer parmi les plus grands de notre époque.
A DANGEROUS METHOD : BANDE-ANNONCE VOST HD de David Cronenberg