[CRITIQUE] LES LINCEULS : DAVID CRONENBERG dans de beaux draps??
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C'est l'histoire d'un vidéaste, Karsh veuf inconsolable doublé d'un businessman malin (au sens maléfique du terme). Son affliction lui inspire un concept révolutionnaire : un linceul « filmeur » qui donne à voir, par écran interposé, la déréliction du mort aimé.
De quoi rester connecté à sa femme par-delà son trépas biologique et ouvrir un marché nouveau et convoité, un modèle de cimetière 2.0 pensé comme un espace détente où les forces de l'esprit sont prises en charge par la technologie numérique et phagocytées par le capitalisme mondialisé - un mystérieux milliardaire caresse l'idée de racheter sa start-up funèbre.
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Il y a quelques années, l'immense cinéaste canadien David Cronenber a eu la tentation d’arrêter le cinéma, terriblement affecté par le décès de son épouse (en 2017) et les affres de l'âge - il a désormais 82 ans.
Assurément, « Les Linceuls » se pose en objet résolument crépusculaire, d’autant plus lorsque l’on apprend que le cinéaste dit l’avoir écrit après la perte de sa femme, Carolyn Zeifman (1950-2017), faisant des Linceuls, son film le plus « autobiographique" qui creuse un rapport à la mort, certes, mais surtout à la douleur
David Cronenberg (Vincent Cassel est d'ailleurs étonnant en sosie poivre et sel du maître canadien), aborde des thèmes chers à son cinéma : double, hybridation, viralité, tragédie de l'inéluctabilité du temps en même temps qu'il met en scène l'avènement d'un monde de surveillance gagné par les intelligences artificielles et les théories de complot.
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Certes, l intrigue embrasse à mi chemin une dimension politique qui fait virer parfois l'intrigue du coté du thriller d'espionnage- pas la partie la plus passionnante du film,
Car, à mi parcours le récit s’égare, perd en intensité, pour sombrer dans une intrigue trop explicative, et peu intéressante.
Mais c'est bien le désir sexuel, le fantasme de corps transformés par la maladie et la mort, voire mutilés, qui prend rapidement le dessus dans ce dérangeant thriller de Cronenberg.
Les linceuls a reçu des réceptions contrastées l'an passé au dernier Festival de Cannes où il était en compétition officielle, la preuve que le cinéma radical et singulier de Cronenberg passe moins aujourd'hui que celui de ses modèles avérés (Ducournau, Frageart...
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Le film de Cronenberg duquel Les Linceuls est le plus proche est sans doute Le festin nu) avec les mêmes thématiques de paranoïa, d’espionnage, d’apparences trompeuses, de double identité, de jalousie et d’adultère mais l'enrobage est plus austère, moins délirant, plus sobre, plus japonais dirons nous dans son approche.
Déroutant, dérangeant, les Linceuls, qui n'est pas le long métrage le plus accessible de son auteur est aussi inquiétant que cruel et mérite une révision générale un an après sa première présentation.
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