Voir la mer: Patrice Leconte touche le fond (marin)!!!
Il y a une quinzaine d'années, lorsqu'on me demandait quel était mon réalisateur préféré, j'avais tendance à donner un seul nom, sans réflechir, celui de Patrice Leconte. Bon, je vous avoue que les cinéphiles me regardaient alors avec un air un peu attéré (ils s'attendaient certainement à ce que je leur sorte ou Scorsese ou Speilberg ou Truffaut).
Il faut dire que Patrice Leconte était le cinéaste de deux films que j'avais adoré plus que tout et que j'avais revu en boucle maintes et maintes fois entre 1988 et 1998 : Tandem, cette magnifique épopée tragicomique avec un Jean Rochefort et un Gérard Jugnot au sommet de leur art, et surtout Monsieur Hire, cette adaptation d'un roman de Simenon avec un Michel Blanc totalement à contre-emploi, livide et bouleversant.
Depuis, même si Leconte a réalisé quelques grands films ( Ridicule, Tango, les grands ducs, La fille sur le pont), il n'a jamais réussi à réaliser des films qui m'ont fait le même effet que ces deux là. Pire, son fait d'arme le plus marquant reste son ridicule combat contre la critique professionnelle au début des années 2000, qui a fini de le décridibiliser à mes yeux.
Et ces années 2000 ne sont pas les meilleures cinématographiquement parlant pour Leconte: A un meilleur ami, plutôt sympathique avec Auteuil et Dany Boon, Leconte nous quand même pondu deux énormes bouses: La guerre des Miss, un des pires nanars avec Benoit Poelvorde et les Bronzés 3, grosse machine à faire du fric, mais aucunement oeuvre cinématographique digne de ce nom.
C'est pour cela que j'avais pas mal d'espoir en regarder sur Canal plus son dernier film à ce jour, Voir la mer, sortien catimini voilà tout juste un an, en mai 2011, et qui résultait d'une volonté affichée de Leconte d'en finir avec les grosses comédies populaires et sans âme, pour revenir un cinéma plus intimiste et plus léger, bref dans la veine de Tandem ou Tango. De plus, les critiques des journalistes étaient dans l'ensemble plutôt bienvaillantes, elles, qui ne l'ont jamais épargnées, d'où,du reste, ce fameux coup de gueule.
Voir la mer est d'ailleurs un road movie (comme l'était Tandem), où deux frères se rendent à Saint-Jean de Luz pour voir leur mère malade, et rencontrent en chemin une rencontre inattendue une jeune (et très belle) fille veut voir la mer, et décident donc de faire route ensemble.
Le début commence pas mal, on se croirait dans un Bertrand Blier (un bon, celui des Valseuses et Tenue de Soirée) avec des dialogue trés écrits et décalés entre Gilles Cohen et Nicolas Giraud. Mais assez vite, dès que les personnages prennent la route, on s'ennuie assez vite, la mise en scène est plutot plate, et le scénario ne ménage pas vraiment de surprise ni de rebondissement comme on aurait pu s'y attendre: .
Les acteurs sont très beaux, surtout l'ex miss météo Pauline Lefebvre, absolument resplendissante, mais hélas pas très bons, mais il faut dire, à leur décharge, que les dialogues qu'ils doivent prononcer paraissent trop écrits, trop fabriqués. Seul Gilles Cohen, acteur que j'apprécie beaucoup, mais toujours dans des rôles (trop) secondaires, apporte une vraie folie dans le rôle de l'amant blessé un peu taré.
Bref, ce n'est pas avec ce film, qui a fait par ailleurs un flop terrible au box office (30 000 entrées!!!), que Patrice Leconte va redevenir mon cinéaste préféré.
Mais j'ai appris, grâce à mon amie Potzina que Leconte, pour son prochain projet, a totalement changé de genre ,et se lance dans l'animation avec l'adaptation du roman de Jean Teulé, le magasin des suicides. Avec ce film, Leconte, qui était dessinateur de BD avant de faire ses premiers films, revient à ses premiers amours.
Esperons que ce retour aux sources soit pour lui, ainsi que pour le spectateur une belle cure de jeunesse!!