This must be the place : un voyage qui ne tient pas la route
Alors que l'édition 2012 du festival de Cannes bat son plein, j'aimerais revenir dans ma rubrique des 'coups de griffe du samedi" sur un film présenté en compétition officielle du dernier festival de Cannes, This Must Be the place, réalisé par Paolo Sorentino, récompensé a quelques années auparavant lors d'une autre édition du fstival pour son pamphlet politique Il Divo.
Ce film m'intriguait pas mal, car il avait divisé les festivaliers en deux catégories, ceux qui avaient été totalement emportés par le coté méditatif de ce voyage à travers les USA, et d'autres au contraire avaient détestés un film jugé obscène et totalement vain.
Une fois n'est pas coutume, je serais plutôt un peu entre les deux, même si la déception est sans doute plus grande que mon enthousiasme, car j'avais vraiment un bon feeling avec ce film au départ.
En effet, tourné entre l’Irlande et les Etats-Unis, This must be the place s’impose de prime abord comme un voyage introspectif, un road-movie existentialiste, plus particulièrement un roman d’apprentissage d’un ex rocker de plus de 50 ans qui est resté un enfant d'une candeur assez incroyable, mais qui de fait arrive à redonner joie et espérance à ceux qu’il croise sur son chemin.
L'idée est assez épatante, et le personnage joué par un Sean Penn au phrasé incroyable ( à coté de qui Doc Gyneco semble être une pile électrique, si si, c'est possible), exerce une vraie fascination et apporte une réelle singularité à un genre (le road movie) assez usité dans le cinéma américain. La première demi heure instille un vrai charme, de ce charme émanant de ces loosers magnifiques qui peuplent parfois le cinéma américain indépendant.
Hélas, et c'est le cas de le dire pour un road movie, le film de Sorrentino ne tient pas du tout la route : on cherche en vain un fil conducteur à ce film, qui apparait vite comme une succession de scènes sans vraie cohérence les unes avec les autres, et surtout d'intérêt inégal.
De plus, le rythme du film épouse le rythme du personnage principal, c'est à dire qu'il se traine, et du coup, nous perd peu à peu en route, jusqu'à nous réveiller avec des séances finales, mais pour le coup assez malaisantes. Le film se termine, et on ne sait pas vraiment ce que Sorrentino a cherché à nous dire en fin de compte.
Bref, autant l'année passée, à l'annonce du palmarès j'avais été déçu que ce film et l'Almodovar que je n'avais pas encore vus non plus étaient absents du palmarès. Si pour Piel quel habito, que j'ai vu et adoré ensuite, mes regrets perdurent, au vu de ce This must be the place, je comprends mieux le choix du président de l'époque, Monsieur Bobby De Niro...