Le pacte: l'énigme Nicolas Cage
J'ai beau aimer le cinéma américain depuis que je suis tout petit, peu d'acteurs américains trouvent finalement grâce à mes yeux, et il y a même un certain nombre dont je ne comprends absolument pas la fascination qu'ils exercent sur les spectacteurs et les cinéphiles de tous horizons.
Tom Hanks, Matt Damon et Nicolas Cage, pour ne citez que trois exemples, en font assurément partie.
Des 3, Nicolas Cage est assurément le cas le plus étonnant : l'acteur a beau cumuler les nanars et autres séries Z depuis un paquet d'année, la presse et les blogueurs ciné continuent de lui accorder un blanc seing total et le trouver génial, quoiqu'il fasse.
Personnellement, excepté Rusty James, son premier film, dans une oeuvre de son illustre oncle Francis Ford Coppola, puis deux ou trois rôles marquants comme Sailor et Lula, Volte Face,et Leaving Las Vegas qui lui a valu l'oscar du meilleur acteur, on ne peut pas dire que sa carrière soit marquée par les chefs d'oeuvre : entre Rock, 8 mm, 60 secondes chrono, Next, et j'en passe, les films les plus médiocres s'enchainent sur son CV
.Mais plus que le choix douteux de ses films, ce qui cloche avec Cage, c'est avant tout, son jeu d'acteur que je trouve extremement limité : entre son air constamment ahuri qu'il traine de film en film et le sourcil brousailleux qu'il lève négligement quelque soit la situation qu'il traverse, on ne peut pas dire qu'il donne l'impression d'habiter parfaitement son rôle :si cette composition fonctionnait parfaitement pour incarner l'écrivain à la dérive dans Leaving Las Vegas, c'est plus délicat lorsqu'il doit jouer un homme d'action et de décision. L'acteur semble souvent faire acte de présence dans les films, sans être vraiment là, un peu comme un zombie, et si j'imagine que cela fait son charme, j'ai un peu de mal à adhérer à ce (non) jeu.
J'ai voulu me faire une opinion plus large sur le phénomène Nicolas Cage et j'ai étudié de plus près sa composition dans un de ses derniers film sortis en France, Le Pacte, réalisé par le vétéran Roger Donalsdon [Cocktail, Le pic de Dante, Braquage à l'Anglaise], et qui est sorti en DVD le 9 mai dernier (Distribué par M6-SND”).
Au début du film, Cage joue un personnage à mille lieux de ses derniers rôles d'aventuriers ( Benjamin Gates,aie) ou de zombie ( Ghost Rider, double aie) puisqu'il incarne un professeur d'anglais dans un collège un peu mal famée de la Nouvelle Orléans. Quoi, Nicolas Cage dans un drame social sur le système éducatif anglo saxon?
Rassurons les fans, rien à voir ici avec le dernier rôle d'Adrian Brody dans le superbe Détachment. On va en effet vite abandonner ses cours et sa classe, puisqu'au bout de 10 minutes, alors qu'il semblait mener une vie de couple idyllique avec la superbe blonde January Jones ( vue dans la série culte Mad Men), cette dernière se fait trés méchamment agresser dans la rue par un inconnu.
Entre la vie et la mort, son compagnon ( donc Nicolas, vous suivez, au moins?), complétement détruit ( et désolé, mais il joue pas terrible le type complétement détruit, Nicolasss) va accepter assez vite l'offre d'un type qui trainait à l'hôpital : ce dernier lui retrouve et tue le coupable, en échange d'un petit service dont il ne précise pas la nature.
Evidemment, le violeur est tué, et évidemment, le petit service en question n'est pas vraiment anodin, et notre Nicolas préféré va se retrouver embarqué dans une affaire qui l'est bien mal (embarquée) pour lui.
Bon, présenté comme cela, on pourrait croire que je me moque d'un film qui aurait tout d'un film d'action cousu de fil blanc. Et en fait, pas vraiment, passé une première demi heure assez mal fichue où la nouvelle (contre) performance de Monsieur Cage m'empechait d'ahérer à l'histoire, je me suis trouvé bien embarqué par le scénario et surtout par l'ambiance instaurée par Roger Donaldson qui sait y faire avec une caméra.
Le Pacte lorgne clairement du coté des thriller paranoiaques ( comme les 3 jours du condor) où le héros peut ,et doit, se méfier de tout le monde, même de ses proches, et ne peut jamais respirer car un ennemi est à chaque coin de sa route.
Et même si certains rebondissement peuvent se prévoir bien longtemps à l'avance (attention spoiler : et si le meilleur ami n'était pas si meilleur ami que cela? :o), on se prend bien au jeu et on voudrait être certain que Nicolas Cage et sa femme s'en sortent indemne à la fin, sans trop de casse.
Le grand atout du film vient d'un ingrédient cher à Hitchock qui disait qu'un film était réussi si le méchant l'était, et ici, il l'est assurément. Interprété par un Guy Pearce ( Memento, La Confidential) qu'on avait un peu perdu de vue, parfait de charisme et de machiavélisme, on comprend tout à fait l'attrait qu'il peut exercer sur tous ceux qui adhérent à cette mystérieuse organisation. En revanche, le message de cette organisation, qui surfe sur la déliquessence de notre société actuelle de plus en pourrie, peut faire tiquer un peu, et faire penser aux heures les plus sombres du cinéma de l'autodéfense chère à Charles Bronson.
Heureusement, Roger Donaldson ne va très loin sur ce terrain là et préfère laisser le film sur les rails d'un bon thriller bien efficace, avec ce qu'il faut d'action et de surprise, et en cela, il tient parfaitement la route.
Et finalement, même Nicolas Cage apparait assez crédible sur la fin, et tient sans doute avec ce pacte un de ses meilleurs rôles depuis longtemps ( ce qui n'était pas difficile, évidemment, après ce que j'ai dit au début de mon billet :o)
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