Le meilleur des jours de Yassaman Montazami : un papa hors du commun
Voici une courte chronique d'un court roman, un de ces peu nombreux premier romans de la rentrée littéraire, découvert grâce à Version Fémina. Il s'intitule le meilleur des jours, et il est l'oeuvre d'une jeune romancière d'origine iranienne , Yassaman Montazami.
Par rapport à tous les romans de cette rentrée, il sort du lot, ne serait ce que par la légereté du propos (ah j'en ai lu des romans graves et parfois plombants), et de son personnage principal, qui n'est autre que le propre père de l'héroine.
A travers le portrait de son papa, qui vient de mourir au moment où elle commence ce roman, Yassaman Montazami nous peint une sorte de Pierre Richard iranien, un personnage lunciaire et décalé, dont la vie en marge aura commencé dès la naissance.
Dès sa naissance, il se fit remarquer. Prématuré, tout le monde le donnait pour mort. Miraculé, il fut nommé Behrouz, ou "le meilleur des jours" ( d'où le titre du roman) en persan. Il quittera son pays natal pour rejoindre la France afin d’entamer une thèse qu’il ne finira jamais. Engagé d’extrême gauche, il partage avec Marx cette idée saugrenue de ne jamais travailler de sa vie. Tandis que l’Iran bascule dans une dictature, l’appartement parisien qu’il occupe va devenir un lieu de refuge pour ses amis qui fait l’objet d’une belle galerie de portrait.
Lepapa de la romancière est vraiment un personnage hors du commun qui méritait totalement un tel hommage : plein d'esprit, cultivé, épris de justice et de liberté, et toujours le rire aux lèvres, malgré les épreuves qu'il traverse.
Combattant le salariat, il ne travaillera jamais. Arrivé en France il poursuit des études (thèse sur l'oeuvre de Karl Marx) qui resteront inachevées, il est vrai que l'ambition était grande, il pensait y trouver «la cause originaire de l'inégalité entre les hommes» et qu'alors «le monde deviendrait meilleur». En 1979, il vit donc en exilé les évènements d'Iran qui installent la République islamique et accueillent les Iraniens qui fuient leur pays. Le récit élargit alors ses portraits à une série de personnages, souvent exilés, qui font des allers-retours en Paris et Téhéran. On pense alors un peu au Persepolis (le BD et le film) de Marjane Sartrapi à travers cette peinture, gratinée d'humour et de fantaisie sur l'Iran des années 70-80..
Un petit bémol : le livre est trop bref, et les autres personnages (la femme de Beirouz, femme qui ne sait pas aimer) ne sont malheureusement que de simples silhouettes qui auraient gagnés à être davantage approfondies pour qu'on puisse vraiment s'attacher à eux .
Cependant, en l'état, le meilleur des jours est un bien joli roman, court et intelligent sur un être plein d'esprit, de lucidité, et il est aussi et surtout un magnifique témoignage d'amour d'une fille envers son père vénéré, personnage atypique et attachant.qu'on aura été ravi de connaitre en ce bref instant.