La bonne santé des courts métrages français
Bien que j'ai obtenu une accréditation pour toute la durée du festival du court métrage de Villeurbanne (un grand merci à l'agence MilkMint) dont je vous ai déja parlé ici même, je n'ai hélas pas eu la possibilité de voir toutes les séances que j'avais coché sur mon agenda (c'est quand au juste que je deviens rentier pour me consacrer entièrement à ce blog?).
S'il y avait pléthore d'évenement passionnants à vivre autour de ce festival, ce qui m'importait avant tout c'était d'assister à des films de la compétition européenne, afin de me faire un état des lieux un tant soit peu précis des courts métrages d'aujourd'hui.
Et c'est ainsi que j'ai pu visionner deux séances de la compétition officielle, à savoir 11 films européens, puisque cette année, grande nouveauté, la sélection francophone et la non francophone fusionnait pour n'en faire qu'une.
Et sur ces 11 films, je peux vous dire qu'une grande majorité a soulevé mon enthousiasme, me laissant très optimiste sur la bonne santé du court métrage, et notamment hexagonal puisque la plupart de ces films étaient d'origine française ( je n'oublie pas non plus l'excellent court espagnol Jacobo, intense portrait de soldats pendant la guerre civile espagnole, pas forcément la thématique qui me passionne le plus au départ).
Petit panorama en 4 films de la vitalité des courts métrages français de 2012 , par ordre chronologique de projection:
1.Les Chancelants ( de Nadine Lermite) : Juliette, jeune éducatrice, doit prendre en charge Samy, un jeune autiste adulte sujet à des crises de violence. Un lien particulier se noue entre eux.
Mon avis : Une plongée intense et très soignée formellement sur l'amitié impossible entre une jeune éducatrice et un jeune autiste particulièrement violent. Par petites touches, avec une grande subtilité et une caméra qui mise plus sur le pouvoir des corps que celui des mots pour apaiser, le film bénéficie également de la présence magnétique d'Anna Girardot (fille d'Hyppolite, qui lui ressemble d'ailleurs énormément) pour apporter du charme à une histoire dure en apparence.
2.Mollement, un samedi matin (de Sofia Djama) : Un soir à Alger, Myassa est victime d'un violeur qui bande mou. Elle rentre chez elle, une fois de plus la plomberie est défaillante, elle ne peut pas se doucher. Le lendemain, Myassa a deux priorités : porter plainte et trouver un plombier. Mais la revoilà face à son violeur
Mon avis : Grace à ce film franco- algérien, prix du premier court-métrage au Festival de Clermont-Ferrand,.Sofia Djama nous dresse le portrait de l’Algérie d’aujourd’hui. Et plus précisemment la situation des femmes algériennes et de la jeunesse de ce pays en lente reconstruction.Très finement, et avec à la fois gravité et humour, ce film, en moins d'une demi heure, dit beaucoup sur la frustration d’un peuple et d’une société en arrêt où l'administration est aussi peu efficace que les plombiers...et où la pseudo virilité des hommes algériens en prend un sérieux coup d'arret.
3. Fille du calvaire (de Stéphane Demoustier) : Jérôme est tombé amoureux d’une jeune femme qu’il essaie de séduire. Jour après jour, il raconte l’évolution des opérations à son ami Patrick qui dispense ses conseils et vit par procuration les aventures de son cadet.
Mon avis : Gros coup de coeur pour ce film dont l'idée de départ ( raconter une histoire d'amour sans jamais la voir et en restant bloqué au gris d'une rame de métro) est judicieuse et parfaitement exploitée. Interpreté par deux comédiens prodigieux (Denis Eyriey et Antoine Mathieu), cette love story parfaitement écrite et dialoguée est une excellente surprise qu'on doit à la boite de prod l'année Zéro, déjà auteur du non moins excellent Un Monde sans femmes.
4. Corps solidaires (de Pascal Roy) : Lucie, coiffeuse à domicile, fait la rencontre de Martial, un jeune homme handicapé. L'isolement physique et affectif de celui-ci touche la jeune femme. À la demande du garçon, elle accepte de revenir le voir en tant que masseuse, son ancienne profession. Malgré ses propres réticences et celles de Vittorio, son conjoint, Lucie acceptera-t-elle de dépasser les limites de sa mission pour aider Martial à découvrir son corps ?
Mon avis : La sexualité des handicapés, un sujet extrememement délicat que la fiction a souvent abordé ( Nationale 7, Hasta la Vista), mais qui fait toujours un peu peur vu qu'on craint le film didactique et moralisateur. Heureusement, le réalisateur Pascal Roy se joue de tous les écueils attendus en nous proposant un scénario extrememement bien écrit, et des personnages nuancés et parfaitement crédibles, dans leurs contradictions et leurs doutes. Porté par l'inteprétation saisissante de Chloé André et Nicolas Brimeux, un très joli film à conseiller au plus grand monde.
Devant la qualité de ces films ( et de quelques autres), j'avais l'espoir qu'ils intégrent le palmarès final annoncé samedi dernier. Or, seul mollement un samedi matin fut récompensé, du PRIX DES INDUSTRIES TECHNIQUES RHONE-ALPES DU CINEMA ( pas le plus prestifgieux sur le papier, mais le plus richement doté).
Et parmi les autres films récompensés, figure American Football, un autre court métrage français dont j'en ai entendu le plus grand bien, mais qui, hélas, ne faisait pas partie des sessions que j'ai pu voir.
Une chose est sure : la barre était visiblement haute dans cette compétition des courts métrages en compétition, et esperons que l'année prochaine, la 34eme édition le soit tout autant, afin que je puisse en profiter encore mieux!!!
Si vous voulez connaitre le palmarès du festival dans le détail , vous pouvez aller voir ici même.