On se lève tous pour... le stand up!!

Bref, j'adore le stand up, et je suis ravi qu'il fleurisse tant sur les scènes françaises depuis une bonne dizaine d'années, grace évidemment à l'essor de son Jamel et de son comedy club. C'est en hommage à ce genre humoristique vénéré, que je vous dresse une petite revue de 3 artistes dont j'ai vu le spectacle récemment, deux sur scène, et un, le boss , Jamel en personne à la télé pour la dernière de son spetacle Jamel en vrai retransmise en direct sur M6 la semaine passée.
1.Un corrosif et percutant Mustapha El Atrassi :
Lorsque je suis allé voir Mustapha El Atrassi début décembre au Rideau Rouge, mon café théatre de quartier dont j'ai déja maintes fois parlé, il partageait l'affiche avec Julien Courbet, l'ancien animateur de Sans Aucun Doute. Doutant fortement du pouvoir comique de ce dernier (déjà Arthur et Cauet, ca faisait peur, alors imaginezJulien Courbet!!!), je n'ai pas hésité à préférer attendre la seconde partie de soirée pour aller applaudir cet humoriste que j'avais remarqué il y a quelques années chez Ruquier puis chez Ardisson, aussi bien pour son sens de la répartie vacharde que pour son ton bien incisif à souhait.
Plus que Jamel, la véritable source d'inspiration d'El Atrassi, c'est l'école américaine du stand up, celle de la grande épque, de Richard Pryor, Lenny Bruce, George Carlin, en passant par plus récemment Jerry Seinfeld ou Chris Rock. D'ailleurs, sa connaissance de l'humour US lui a permis de rester l'année dernière quelque temps à l'affiche de la prestigieuse Laugh Factory ("L'usine du rire") de Los Angeles puis de jouer dans la foulée quelques dates à San Fransico et New York, avec un vrai succès à la clé.
2.Un regressif et chantant Max Boublil
Bien qu'étant plus âgé que Mustapha El Atrassi ( 33 ans contre 26), Max Boublil a un public moins diversifié en âge et surtout beaucoup plus jeune.
Dans cette Bourse du travail rempli de visages prépubères, nous avions l'air de vrais papy et mamies.
Il faut dire que Max Boulbil est une vraie idole de la jeunesse, grâce à ses vidéos sur You Tube qui l'a totalement consacré icone du web. Ecouté et regardé en quelques mois par plus de 1 million d’internautes en 2007, le clip de sa chanson délibérément provocatrice, « Ce soir... tu vas prendre », avait fait le tour du Web et des plateaux télé.
Mais il faut croire que je suis resté un grand ado car pour la seconde fois en un an, je suis retourné, toujours avec ma compagne, le voir sur scène. Sa première prestation ( encore) au Rideau Rouge m'avait emballé, alors que je connaissais jusqu'à alors tres mal son univers. Dans ce spectacle il nous racontait son quotidien, tout ce que sa cyber célébrité lui a apporté et surtout il nous raconte comment sa vie de mec normal lui a inspiré ses chansons cultes de "J’aime les Moches" en passant par "Chatroulette" .
Du coup, j'avais totalement refait ma culture "Boublil" en regardant tous les mois les (inégaux) nouveaux clips qu'il met en ligne, et également en m'achetant les deux albums de chanson humoristique qu'il a commercialisé, et écoutant en boucle presque tous ses morceaux, mes préférés étant Mon Coloc et les mythos, bande originale du film du meme nom.
Je ne serais pas très long sur le compte rendu de son dernier spectacle vu à la Bourse du Travail car en fait, si vous voulez savoir ce que j'en pense, autant vous renvoyer sur mon billet de l'année dernière. En effet, comme je m'en suis aperçu de suite, ce spectacle est exactement la copie conforme que celui joué l'an passé, alors que j'étais persuadé qu'il s'agissait d'une tournée différente. Du coup, me rappellant bien de ses répliques et de l'ordre de ses chansons, l'effet de surprise était nettement moins dévastateur que la première fois. Je me suis toujours bien marré, car son humour est toujours aussi efficace, mais forcément, comme j'ai une mémoire pas trop mauvaise ( au moins un truc sympa que dame nature m'a donné), je me rappelais bien des chutes de ses phrases.
Cela dit, reconnaissons tout de même que tout le spectacle n'était pas exactement le même que l'an passé : Boulbil a modifié quelques passages ( un sur sa vision de l'allemagne, bien marrante), a rajouté à la fin une chanson tirée de son second album ( T'es bonne, où il joue avec un plaisir certain à la rock star) , et a également visiblement enlevé de son répertoire des situations un peu trop osées.
Il faut dire que ce soir là, dans le public, étaient présents pas mal d'enfants âgé de 10 à 13 ans, et cela a visiblement perturbé l'humoriste, décontenancé par le fait que des parents aient pu emmener voir leur progéniture voir un spectacle pas forcément adapté à leurs âges.
Cela a donné lieu à quelques envolées improvisées bien senties, car comme pour El Atrassi, Boublil est bien à l'aise niveau interactivité et impro. Un bon moment quand même même si j'aurais préféré avoir plus de nouveauté dans le show.
Jamel Debbouze, je pense être un des tous premiers à l'avoir vu sur scène, bien avant qu'il ne devienne l'immense star qu'il est devenu quelques années après: à ma fac de Villetaneuse, au milieu des années 90, j'étais allé le voir dans un amphi dans lequel il donnait un show, alors qu'il débutait tout juste sur Radio Nova, et je me souviens que j'avais été épaté par son aisance scénique et sa verve, même si je ne pouvais me douter de l'ampleur que sa carrière allait prendre par la suite.
Ensuite, je n'ai jamais raté un de ses spectacles sur scène, riant aux éclats devant ses pitreries et son sens de la formule, ainsi que devant sa capacité à chambrer le public avec des vannes dont lui seul a le secret.
J'avais failli, les deux fois qu'il a joué son spectacle Tout sur Jamel sur Lyon, aller le voir en direct, mais le prix étant assez inabordable pour mes finances actuelles, j'ai abandonné l'idée et j'ai attendu que son spectacle passe à la télé, ce qui a été le cas la semaine passée, avec la retransmission de sa dernière au Zénith sur M6, que je n'ai pas voulu rater, m'appretant à rire comme un tordu, comme à chaque fois avec lui.
Or, là, grosse déception : si Jamel reste toujours aussi bondissant et énargique, et cultive toujours l'art du stand up, c'est à dire la capacité de dialoguer avec l'assistance comme s'il racontait sa vie à son meilleur copain, son spectacle n'occasionne pas vraiment les crampes aux zygomatiques attendues . La faute à une écriture assez faible, poussive, et même parfois consensuelle. Comme l'indique le titre de son one-man-show, Tout sur Jamel, l'acteur se contente de raconter sa vie, mais sans le brin de fantaisie et pas assez de recul pour nous faire rire.
Tout est finalement attendu de sa part « Mon père ne voulait pas que je fasse du théâtre, un truc pour les homosexuels et les pédés. Il a changé d'avis quand je lui ai offert sa première voiture ». Il est aussi question d'immigration, de religion, de sa rencontre Jamel émeut également quand, au bout de trois quarts d'heure, il arrive à «l'essentiel»: la rencontre avec l'amour de sa vie, la journaliste Mélissa Theuriau. et de son mariage avec elle ( la partie finalement la plus drôle et la mieux écrite du spectacle)."Quand t'es amoureux, tu fais des trucs que t'as jamais faits comme entrer dans un magasin de bougies»,
On a la nette impression que Jamel se repose un peu sur ses acquis, sur le capital sympathie qu'il dégage, et surtout sur le fait que son public lui est déjà acquis et s'esclaffe dès qu'il ouvre la bouche... Cela dit, au fil du show, je n'ai pas eu l'impression que les gens riaient à tout rompre. Pourtant à la fin de son show, l'artiste se félicite de son public qui, malgré ses diversités générationnelle, sociale et culturelle, rit au même moment, pour les mêmes blagues.
Bref, au vu de ces trois spectacles, j'ai eu un peu l'impression que le maitre s'est fait un peu dépassé par ses "élèves", pas forcément au niveau de la forme, mais bien du fond...
En même temps, nuancons un peu mon propos :pour Jamel, j'étais simplement devant mon écran de télé. (et puis j'ai toujours du mal à comprendre le plaisir que peut avoir un humoriste à jouer dans une salle aussi immense que le Zénith)... Et vous, alors, vous en pensez quoi, du stand up en règle générale?