Baz'art  : Des films, des livres...
12 février 2013

Interwiew exclusive de Nadir Moknèche, le réalisateur de Goodbye Morroco

nadir moknècheAujourd'hui, journée spéciale Goodbye Morroco sur mon blog : après la chronique du film parue ce matin, je vous livre, en exclusivité sur la blogosphère, un entretien exclusif que j'ai pu faire avec Nadir Moknèche, le réalisateur du film en question.

Dans la spirale de promo (presse écrite, radio, et présentation du film en avant première un peu partout en France), Nadir Moknèche a bien voulu prendre un peu de son temps pour  répondre aux questions que je me suis posé sur son film après l'avoir vu :

 

Bonjour Nadir Moknèche, et  avant tout, je voulais vous dire un grand merci pour avoir pris la peine de répondre à mes questions pour les lecteurs du blog baz'art.

Voici mes questions :

1.Blog baz'art:Pourquoi, après 3 films qui résultaient d'une veine plus légère, plus humoristique ( même s'ils traitaient aussi de sujets graves) aller vers une intrigue qui découle bien plus de la tragédie? Est ce le passage au Maroc qui a eu une incidence sur la couleur plus dramatique du film?

Nadir Moknèche :  Peut-être… Les Algériens sont passés maître dans l’autodérision. Le pays est en panne depuis tellement longtemps, que ses habitants préfèrent en rire, d’où les personnages drôles de mes précédents films. Puis il y a eu le désir de faire un film de genre, un film noir. Ce style ne s y prête pas trop à l’humour.

 BBA: Le film garde toutefois un même fil conducteur par rapport à vos précédents,  à savoir la description d'un combat pour l'émancipation d'une femme. D'où vous vient ce cheval de bataille? Et pensez vous continuer sur ce thème là lors de vos prochains projets?

 NM :D’abord quand j’écris un scénario, je ne me dis pas que je vais traiter tel thème, tel sujet. C’est pas une thèse que je réalise, c’est un film. Maintenant, l’histoire se déroule dans une ville, un pays, les personnages sont forcément ancrés dans une réalité sociale. Ils sont confrontés aux problèmes de leurs sociétés. Si je décidais d’aller réaliser un film en Chine, je serais emmené à parler des problèmes des Chinois.

 BBA:- Pourquoi   Lubna Azabal était t- elle une évidence pour jouer le rôle de Dounia?Et comment se sont passés les retrouvailles avec  elle, 8 ans après "Viva Ladjérie"?

NM:J’étais dans une phase difficile d’écriture. Le personnage de Dounia Abdallah n’était pas, on va dire, « au point. » Lubna me laisse un message me disant qu’elle était à Paris et qu’elle voulait dîner avec moi. Ça faisait plusieurs années qu’on ne s’était pas vus. Je l’attendais au restaurant. Elle était en retard. Tout à coup, je la vois, éclairée par les lampadaires, qui s’avançait vers moi. Elle avait changé physiquement. J’ai même eu un peu de mal à la reconnaître. Et là, j’ai revu Kathie dans « Pendez-moi haut et court » allant au rendez-vous avec Jeff. C’est une magnifique scène de rencontre, où Kathie apparaît d’abord dans la pénombre, puis elle se dévoile sous la lumière du soleil d’Acapulco. Ce soir-là, je n’ai rien dit à Lubna. En rentrant chez moi, j’ai revu le film de Tourneur. Et j’ai commencé à travailler sur le personnage de Dounia en pensant à elle.

 

-BBA: Quelle était votre première ambition au départ de ce film? Dresser  le portrait d'une héroine de film noir comme le cinéma arabe en propose peu, ou plutot parler, sous fond de polar,  de différents tabous de la société magrébine ( comme le mariage inter-religieux ou la situation des clandestins africains)?

 Les éléments constitutifs du film noir, comme la fatalité tragique, la relation perverse et empoisonnée entre le passé et le présent, correspondent bien aux sociétés arabes d’aujourd’hui. Les  personnages sont pris dans des situations qu’ils ne maîtrisent pas, et acculés à des décisions désespérées.

 BBA : Est ce que le personnage de Grégory Gadebois  a été écrit afin de traiter d'un autre sujet tabou au Maghreb, à savoir le tourisme sexuel pratiqué par des hommes européens ?

NM: Je viens de vous dire que je ne travaille pas de cette manière-là. C’est pas ma méthode. J’écris une histoire. Je m’inspire d’un lieu… J’observe les comportements des uns et des autres… Mes films n’ont jamais été des documentaires, ni des reportages. Prenez le dernier film de Jacques Audiard, vous verrez qu’il traite d’une multitude de problèmes (de thèmes). On ne va pas lui dire que son ambition était de faire le portrait de la société française.

 BBA :- Les qualités visuelles du film sont très impressionnantes.  Etait- ce quelque chose qui vous tenait à coeur dans ce film, et si oui, avez vous particulièrement travaillé sur la lumière avec votre chef opératrice?

 NM:Au-delà de ses qualités artistiques, Hélène est quelqu’un de formidable, qui ne trahit jamais votre mise en scène. Je savais qu’elle allait restituer l’atmosphère du film noir : la moiteur, le brouillard…

BBA : Comment le film a été reçu au Maroc vu le miroir pas forcément évident qu'il renvoie aux yeux de la société marocaine?

 NM:Le film n’est pas encore sorti au Maroc. Suite à plusieurs avant-premières en France et la rencontrer avec des Marocains, j’ai remarqué qu’ils étaient très heureux qu’un tel film puisse exister.

 BBA:  Espèrez vous, au fond de vous même, que le film puisse également changer quelques mentalités  dans la société maghrébine ou bien etes vous assez fatalistes sur la faible portée politique du cinéma?

 Si le cinéma n’avait pas d’impact sur le spectateur, on ne le censurerait pas. De tout temps et partout, on a censuré des films… L’image fait plus peur que l’écrit.

Merci à vous Nadir Moknèche d'avoir répondu à ces quelques questions, et croisons les doigts pour que votre film rencontre tout le succès qu'il  est en droit de mériter...

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