Baz'art  : Des films, des livres...
29 mars 2013

Ces Spring Breakers ne cassent pas grand chose...

Personnellement,spring-breakers04 je n'avais pas la naiveté de penser ,comme certains, au vu de l'affiche et de la présence au générique du film du nom des trois actrices issues de l'écurie Disney tels que Vanessa Hudgens ( l'égérie de High School Musical,) ou encore la petite girlfriend de Justin Bieber, Séléna Gomez,  que devant  ce Spring Breakers,  j'allais voir une petite bluette inofensive pour teen agers. 

Mais certains l'ont cru, car les distributeurs français, histoire d'attirer le plus de monde possible ont un peu faussé la promo du film sur le contenu, axant plus sur la présence de ces gentilles petites héroines que sur le coté sombre du cinéaste.

De mon coté, je connaissais en effet un peu le pedigree du réalisateur Harmony Korine dont j'avais vu ses faits d'armes à la fois comme scénaristes ( Kids de Larry Clark qui m'avait assez épaté  à sa sortie) ou bien encore Gummo qu'il avait réalisé lui même.  Harmony Korine, c'est quand même le roi des films malsains, glauques,  même un peu trash, et on imaginait donc le degrès de subversion qu'il allait y avoir en plongeant ces petites bimbos innocentes dans cet univers a priori complétement éloigné du sien.

Cela dit, à part cette connaissance de l'univers du cinéaste, je ne connaissais pas grand chose de ce film, et malgré quelques critiques très élogieuses de la presse branchée, j'en attendais donc pas énormément...ce qui tombe bien, car au final, je n'ai pas eu grand chose à me mettre sous la dent tant le film m'a paru d'une vacuité assez incroyable.

Au début du film, on a en fait l'impression de s'être trompé  et d'être devant la télé et pas au ciné, la télé, et plus précisemment  MTV.  Le film commence ainsi  comme un très long clip de  Skrillex assez assourdissant mais hyptonisant en même temps et l'on voit  de jeunes corps  forcément diablement sexys et qui  se déhanchent à demi nus au ralenti lors d’un Spring Break, qui est ces lieux de débauche sur la coté floridienne, où des milliers de jeunes américains friqués viennent  se réaliser pleinement dans une extase collective, oublier l’insignifiance de son quotidien, et accesoirement  donner un sens à sa vie.  Bref, un coktail de sex, drugs, alcool et techno  avec des jeunes qui s'adonnent à des  gestuelles explicites auxquelles les jeunes américains adorent visiblement  se livrer en boîte (Les filles s’époumonent en montrant leurs seins , les garçons leur majeur à la caméra), j'avoue que tout cela m'a un peu agacé

 Pendant la première moitié du film, soit environ trois quart d'heures, on est dans une vraie mise en scène tape-à-l’œil, tout en effets sonores et visuels, qui privilégie l'esbrouffe avecun trop plein évident de ralentis et de mus   ique hip hop  sur les  orgies des étudiants dans des hôtels luxueux, tout ca  sur fond de musiques hip-hop. On est là dans un vrai trip visuel qui peut certes  fasciner, mais tout autant ( et c'est carrément ce qui s'est passé pour moi) agacer par l'indigence de son propos. Le film laisse perplexe tant je n'ai pas compris  les intentions ni le sens de cette mise en scène qui s’appuie sur du déjà-vu et des clichés qui ne dépassent pas ceux de ces clips MTV.

Sans doute que le cinéaste a-t-il voulu capter et retranscrire littéralement  toute la vulgarité et la futilité de ces fêtes mais sa mise en scène, toute en redondance et en redites, ne parvient jamais à dépasser la superficialité ni la vanité de ce qu’elle dénonce. Surtout, ces scènes d’orgie sont interminables…

 Si ces quarante cinq premières minutes ne nous disent pas grand-chose, le film prend une tournure beaucoup plus surprenante  lorssqu,'à mi parcours , une soirée se finit mal et les quatre amies échappent de justesse à la prison grâce à un truand du coin.

Et  l'apparition  de  ce voyou à la fois grandiose et pathétique, coiffé de dreads et paré d’une fausse dentition en argent, apporte un peu de chair à un film qui en manquait cruellement. Il faut dire que  ce personnage à la fois joussif et caricatural, c'est James Franco- dont j'ignorais la présence au générique- qui l'incarne,  et  Franco nous livre ici  une interprétations cabotine mais assez géniale.

Nos héroines  blondinettes  vaguement décerveléees tombent – sans que l’on comprenne bien pourquoi malgré la grande prestation de l'acteur – sous son charme et les voilà qui fondent ensemble un quatuor criminel de choc qui se met à braquer tous les étudiants spring breakers.

Le film nous montre ainsi carrément le basculement dans la folie pour ces trois filles au départ frivoles et désireuses de s’éclater mais qui vont vraiment « prendre leur pied » dans le crime.

Mais pas plus que l'on ne comprenait le sens des longues scènes clipesques du début, le film n'est pas plus convainquant dans cette partie là ,tant il  manque d’explications sur le mécanisme, le processus psychologiques qui amènent trois jeunes filles à devenir des tueuses.

 Certes, on a compris qu’elles voulaient « s’éclater » mais de là à assassiner de sang-froid, il y a un fossé qu'on aimerait comprendre avec un peu plus de matière…

C'est bien le problème de ce  Spring Breakers,  dans lequel tout  paraît un peu gratuit dans rien n’est approfondi ou décrit de manière un tant soit peu subtil pour justifier ou qu’on s’explique une telle avalanche de meurtres. Même si l’on se doute que Korine a bati ce projet avec un certain cynisme, c’est surtout son indigence qui ressort de ce film. L’indigence et je idrais même plus,  l’agacement voire la consternation devant tant de vacuité!!!

Commentaires
T
"Même si l’on se doute que Korine a bati ce projet avec un certain cynisme, c’est surtout son indigence qui ressort de ce film. L’indigence et je idrais même plus, l’agacement voire la consternation devant tant de vacuité!!!"<br /> <br /> <br /> <br /> C'était à mon sens l'intention du cinéaste. Ecoeurer. Le film cherche à être détesté j'ai l'impression. Je me trompe peut-être mais si la démarche était celle-là alors c'est absolument génial. Comme si Korine nous donnait une overdose de ce genre d'images pour plus que l'on ai envie d'y retourner. Ici ou ailleurs, genre "vous voulez du cul et du sang ? Bah je vais vous en donner ! Je vais vous en donner tellement que vous n'aurez qu'une seule envie après c'est d'aller voir une comédie romantique !". Plus que la vacuité de la jeunesse américaine c'est la banalisation de la pornographie qu'il semble dénoncer (et ses effets sur la jeunesse). Encore une fois, à mon sens.
Répondre
T
"Même si l’on se doute que Korine a bati ce projet avec un certain cynisme, c’est surtout son indigence qui ressort de ce film. L’indigence et je idrais même plus, l’agacement voire la consternation devant tant de vacuité!!!"<br /> <br /> <br /> <br /> C'était à mon sens l'intention du cinéaste. Ecoeurer. Le film cherche à être détesté j'ai l'impression. Je me trompe peut-être mais si la démarche était celle-là alors c'est absolument génial. Comme si Korine nous donnait une overdose de ce genre d'images pour plus que l'on ai envie d'y retourner. Ici ou ailleurs, genre "vous voulez du cul et du sang ? Bah je vais vous en donner ! Je vais vous en donner tellement que vous n'aurez qu'une seule envie après c'est d'aller voir une comédie romantique !". Plus que la vacuité de la jeunesse américaine c'est la banalisation de la pornographie qu'il semble dénoncer (et ses effets sur la jeunesse). Encore une fois, à mon sens.
Répondre
B
ah super si je peux encore te surprendre un peu... ah je me demande si ma vraie motivation au départ n'était pas de voir de jolies filles en bikini ( et d'ailleurs la dessus je n'étais pas décu :o)... en meme temps tu ne peux me jeter la pierre tu fais de meme...
Répondre
P
Pour résumer, c'est pas loin d'être une bouse... Ça ne m'étonne pas vraiment. Ce qui m'étonne c'est que tu sois allée le voir, je ne pensais pas voir une chronique de ce film ici. Tu me surprendras toujours mon filou ! :)<br /> <br /> Bonne soirée et bon week-end pascal !
Répondre
N
Dès le début je sentais le produit presque frelaté pour appâter le chaland et je surprenais tout mon entourage en avouant que "non ce film ne m'intéresse pas". Merci Filou de donner une voix différente dans la masse de critiques un poil trop positives pour être acceptées. ;)
Répondre
Qui sommes-nous ?

Webzine crée en 2010, d'abord en solo puis désormais avec une équipe de six rédacteurs avec la même envie : partager notre passion de la culture sous toutes ses formes : critiques cinéma, littérature, théâtre, concert , expositions, musique, interviews, spectacles.

Visiteurs
Depuis la création 7 740 962
Festival Le gout des autres 2025 au Havre

LE GOÛT DES AUTRES
DÉVOILE SA PROGRAMMATION

Du 16 au 19 janvier 2025, le festival littéraire du Havre proposera une série de rendez-vous réunissant notamment Miguel Bonnefoy, Kamel Daoud, Maylis de Kérangal, Vanessa Springora, Lola Lafon, Maud Ventura, La Grande Sophie et Youssef Swatt's

https://lehavre.fr/le-gout-des-autres

FESTIVAL INTERNATIONAL DU FILM FANTASTIQUE DE GÉRARDMER 32e édition - Du 29 janvier au 2 février 2025

En 2025, Gérardmer convoque les esprits et les âmes errantes, gwishin coréens, dibbouks, djinns, zombis, fantômes en tous genres d’ici et d’ailleurs.

Nul hasard que le spectre, être des profondeurs, de l’obscurité et de l’inconscient, figure errante aux confins du visible et de l’invisible, soit l’un des motifs de choix du cinéma fantastique et du cinéma tout court.

La thématique des fantômes hantera toute la programmation de cette édition 2025, avec une Sélection spéciale spectres, présentée par des passionnés du genre.

www.festival-gerardmer.com

 

 

À partir du 27 novembre 7 JOURS, 7 FILMS JAPONAIS EN AVANT-PREMIÈRE À travers toute la France

Le Festival du cinéma japonais LES SAISONS HANABI de retour à partir du 27 novembre, à travers toute la France

https://www.hanabi.community/les-saisons-hanabi-2024/

 

Newsletter
150 abonnés