La peau de l'ours : une BD épique et emballante!!!
Un vieil homme qui se fait appeler Don Palermo reçoit chaque jour la visite d'un adolescent à bicyclette, Amadéo, qui vient lui lire son horoscope dans sa maison perchée sur les hauts d'un village italien. Le vieil homme, aux allures de parrain, est aveugle. Il attend un message et se met à raconter son étrange histoire à son jeune visiteur.
Nouvelle BD lue dans le cadre du prix CEZAM BD, Cette peau de l'ours, publiée en juin 2012, ne fait que confirmer l'excellence de cette sélection.
Et pourtant, suivant très peu l'actualité de la bande dessinée, je n'en avais jamais entendu parler avant de l'ouvrir, et je dois dire que je partais avec un peu d'a priori, car je savais que Zirzou, l'auteur et scénariste était celui qui avait "commis" l'élève Ducobu, pas forcément des BD les plus subtiles qui soient.
Par ailleurs, j'étais persuadé, en lisant la couverture, que j'avais à faire à un western, genre qui m'intèresse peu à la base,or, si cette peau de l'ours reprend les codes d'un genre cinématographique bien établi, c'est bien à celui du film de mafia qu'il se réfère, celui cher à Scorsese ou De Palma.
Cette peau de l'ours est en effet l'histoire de la mafia new yorkaise des années 30.
Récit balisé de meurtres et de cœur meurtri, où l'honneur, la loi du plus fort et la noblesse de cœur tirent chacune de leur côté. Mélangeant les genres, « La Peau de l’Ours » navigue entre récit intimiste et histoire mafieuse. Le sang coule aussi vite que les larmes et le temps, tandis que l’espérance empêche toute résignation. Si le corps de Don Palermo est flétri et fatigué, son coeur n’en a jamais assez de battre, fort de la certitude qu’il pourra revoir l’objet de son amour avant le dernier sommeil.
Un conte réaliste, rempli de couleurs, d’épices, d’amertumes, d’humanité et de quelques savants . L'album repose entièrement sur une galerie de personnages hauts en couleur, en tête duquel se trouve ce parrain Don Pomodoro, diablement charismatique et véritablement fascinant. D’autant plus qu’Oriol, le dessinateur, le campe avec un teint rougeoyant et un nez proche de Pinocchio. Il est un diable, à la fois l’ennemi et le mentor, qui mène les débats et magnétise un paroxysme d’ignominie.
La qualité du dessin d'Oriol est d'ailleurs à saluer dans son ensemble, tant il arrive à donner de la texture aux protagonistes et une luminosité éclatante à cette histoire qui ne sombre jamais complètement dans la noirceur.
En résumé, une BD trés ambitieuse sur le fond et parfaitement maitrisée sur la forme, qui constitue incontestablement une des très grandes réussites du 9ème art français de l'année écoulée.