Avec Bacri& Jaoui, le conte est toujours bon!!
Visiblement, et cela est vraiment criant avec les réactions suivant leur dernier film, Au bout du conte, les Bacri Jaoui divisent la France des cinéphiles en deux parties disctinctes: ceux qui ne supportent pas leurs "cotés bobo de gauche", qu'ils jugent moralisateurs et sentencieux, et les autres, qui sont toujours épatés par leur regard plein de justesse et d'acuité sur nos contemporains.
Incontestablement, je fais partie de la seconde catégorie : depuis Le gout des autres, leur premier film, je suis constamment emerveillé par leur capacité à mettre le doigt tout en posant un regard plein d'humanité.
Et, même dans leurs films considérés comme plus faibles comme Parlez moi de la pluie, j'avais tout autant été séduit par la capacité du couple à mettre en avant ce qui fait mal dans notre société contemporaine, dans notre rapport à l'amour, aux autres, et ce, grâce à une écriture toujours subtile, toujours juste, toujours tranchante...
Cinq après nous avoir donné de leurs nouvelles avec ce Parlez-moi de la pluie, j'attendais donc avec une impatience non feinte leur retour dans les salles obscures, avec cet Au bout du conte, leur nouvelle comédie écrite à quatre mains et réalisée par le comédienne.
Les critiques que j'ai pu lire sur le film étant très mitigées, je partais avec l'idée que je pouvais moi aussi être déçu par ce nouvel opus, or, il n'en fut rien, tant le film est une réussite éclatante, et pour moi le seul film français de début 2013 qui vaille vraiment le coup.
Dans Au bout du conte, on suit deux familles et leurs petites histoires de vie, qui finissent par se recouper autour de Sandro et Laura. Lui, jeune musicien issu d'un milieu modeste, va tomber sur cette vraie princesse moderne, Laura, sublime et innocente fille d'un riche industriel. Entre eux, c'est une histoire d'amour de conte de fées qui commence...
Quand les plus grands sociologues du cinéma français s'attaquant à la question du couple et des histoires d'amour, mon sujet de prédilection, je partais forcément avec un a priori favorable malgré les critiques négatives et ,force est de reconnaitre qu'une nouvelle fois, les Bacri Jaoui réussissent parfaitement leur pari.
On ne peut qu'être séduit, emballé, excité par l'écriture magistrale du tandem qui nous proposent une fable pleine de poésie, maligne, émouvante et souvent très drôle.
Offrant au casting des dialogues taillés sur mesure, le duo nous entraîne dans une comédie chorale franchement brillante, enthousiasmante, pour ne pas dire carrément j(a)ouissive!!
Le jeu avec les différents contes permet de poser une structure à ce "film choral" et donne des clins d'oeil- et permettent, à leur manière des clés de lecture du monde. Même si l'on ne reconnait pas forcément tous les contes présentés (celui avec le petit chaperon rouge et le grand méchant loup avec un Biolay étonnant étant le plus évident à trouver) et permettent à leur manière de nous livrer des clés de lecture de notre monde actuel.
Même si l'on reconnait dès le début du film la patte si caractéristique du tandem, notamment grace aux dialogues que l'on trouve nul part ailleurs, ce film se différencie du reste de leur filmographie par son approche moderne des contes et du merveilleux.
Au bout du conte est en effet un film sur l’amour, sur le couple, mais aussi sur la croyance sous toutes ses formes : « On voulait une sorte de variation sur le couple tel qu’il est ou tel qu’il devient, et sur l’amour en général », a expliqué Bacri dans les rares et toujours jubilatoires interviews qu'il a pu donner.
Au bout du Conte traite avec finesse du malaise spirituel occidental de la nouvelle décennie, en l'abordant sous différents aspects : religion, mariage, carrière, mysticisme, cynisme ou encore angoisse existentielle; un thème dynamité par un Bacri absolument hilarant et incroyable de justesse ( ah, la scène dans laquelle il raconte ses angoisses à un podologue m'a énormément fait penser à...... moi!!!!!).
Pour résumé, ce Au bout du conte est, à mes yeux, un film diablement intelligent et remarquablement construit et d'une pertinence qui tranche avec le tout venant de la production cinématographique française.