Un homme de Rio encore bien fringant!!!
Pendant le festival de Cannes, comme tous les ans, comme je n'y suis pas et que j'envie jalouseseument ceux qui y sont et qui nous inondent de tweets seulement pour nous narguer, j'ai comme on dirait des envies de jouer à "Vis ma vie de festivalier". Autrement dit, comment donner l'impression que tu es toi aussi à ta manière,à Cannes alors que tu es coincé chez toi à garder tes loulous tout un week end de 3 jours?
Tu ne peux pas aller voir Le passé ou Gastby le magnifique, même si tu en meurs d'envie (pas sure que la petite de 3 ans comprendrait toutes les subtilités du film de Farhadi i et pas forcément envie que le grand de 7 ans soit tenté par le faste "fitchelradien"), et du coup, la seule alternative qui s'offre à toi est de voir un film ancien qui projette à Cannes dans la sélection Cannes classic, en marge de la sélection officielle!!
Rappelons simplement que Cannes Classics, pour ceux qui l'ignoreraient, c'est l'occasion, depuis sa création en 2004, de revoir des chefs d'oeuvre du 7e art, en version restaurées, sauvées de l'usure des anciennes pellicules par le numérique. Les films sélectionnés sont projetés en présence de ceux qui les ont restaurés et, quand ils sont encore vivantsde ceux qui les ont réalisés ou interprétés. Bref, tout cela fait un peu penser au Festival Lumière, festial auquel je peux en revanche assister avec plus de certitude que celui de Cannes, et on voit bien l'empreinte de Thierry Frémeaux sur cette sélection Cannes Classic.
C'estait notamment le cas pour un film évenement, projeté vendredi dernier dans le cadre de Cannes Classic, "L'homme de Rio", de Philippe de Broca, en version restaurée, qui a été projeté en plein air, au Cinéma de la Plage, dans le cadre d'un hommage à Jean Paul Belmondo.
L’homme de Rio signe la seconde collaboration de Philippe de Broca et Jean-Paul Belmondo, après le succès de Cartouche en 1962. Le Cinéma de la plage a présenté une version remastérisée –par les soins de TF1 Droits audiovisuels - de ce film d’aventure culte.
Et comme le film est sorti simultanément en DVD le 15 mai dernier ( et ressort en salles mercredi prochain, le 29 mai), l'attaché de presse de TF1 vidéo me l'a envoyé, afin que je puisse me croire un peu si je ferme les yeux (enfin juste un instant) au cinéma de la plage, et également, mais évidemment de manière acessoire que je révise un peu mes classiques en voyant une version optimum au niveau de limage et du son.
Car figurez vous que j'ai de grosses lacunes à la fois dans le cinéma des années 60 et dans les films d'aventure, et du coup, je n'ai jamais eu l'occasion de voir ce film pourtant présenté comme un classique du genre, un film qui a d'ailleurs visiblement beaucoup inspiré Spielberg en personne qui l'aimait beaucoup et qui a souvent confié que le film avait été l’une de ses sources pour la saga Indiana Jones.
Mais si Spielberg s'est un peu inspiré du film de De Broca, lui même doit beaucoup à Hergé et à Tintin, tant le film est un hommage appuyé à Tintin et notamment à l'album L'oreille cassée auquel le film emprunte quelques scènes et l'histoire principale.
L’Homme de Rio a été en effet imaginé par deux cinéastes imprégnés des aventures de Tintin, Philippe de Broca et Jean-Paul Rappeneau, ici au scénario et dont la collaboration avec De Broca a souvent fait des étincellles, comme il le dit dans un des bonus du DVD…
Cette première vision de l' homme de Rio a donc été pour moi un vrai plaisir et une vraie détente, tant il représente un vrai bon film d'aventure au ton désinvolte et enlevé comme on n'en fait plus aujourd'hui.
L'histoire est menée tambour battant, portée par un Jean-Paul Belmondo au top de son talent avec un personnage, aventurier par accident. Entraîné dans un périple malgré lui, avec en prime ses premières cascades, qui en appelleront d'autres dans les décennies à venir, il poursuit et part à la recherche de Françoise Dorléac, sa fiancée qui se fait enlever, qui joue à merveille la jeune femme amoureuse écervelée et tête à claques au charme fou évident.
Le couple Jean-Paul Belmondo / Françoise Dorléac ( la soeur de Catherine Deneuve, qui décedera 3 ans plus tard d'un tragique accident de la route) est resplendissant de jeunesse, d'énergie et de fougue.
Le film procure un vrai dépaysement qu'il procure à cause de la mise en scène réussie et ample de Philippe de Broca, qui parvient à hisser le film à un très haut niveau technique avec des superbes cadrages que la version remasterisée met particulièrement en valeur, et un montage très rythmé, une superbe photo donnant un rendu de lumières et de couleurs éclatantes.Le film ( ainsi que les Tribulations d’un chinois en Chine, troisième collaboration du tandem Belmondo De Broca) est resté longtemps invisible en DVD du fait d'un imbroglio juridique aujourd’hui résolu.
Le long-métrage a été tourné en 1962, alors que la ville futuriste d’Oscar Niemeyer, Brasilia, était en plein chantier. Ce décor surréaliste a aidé Philippe de Broca à imaginer un film d’aventure singulier. Le Brésil est en effet particulièrement bien montré dans ce film entre Rio, la jungle et Brasilia en cours de construction (plans magnifiques, et c'est peu dire, de cette ville).
Bref, un divertissement de très haute qualité que je suis ravi d'avoir vu. et qui m'a fait (un peu) oublier que je n'étais ni à Cannes, ni au cinéma de la plage...
Côté bonus, l'éditeur nous gratifie de plusieurs documents réalisés spécialement pour ces éditions avec pour fil rouge la volonté de faire intervenir les personnages clés encore vivants. Voici en détail les contenus de cette très belle édition DVD
Les Aventures d’Adrien : L’Affaire Catalan (HD, 62 minutes)
Avec l’aide de témoignages exclusifs de Jean-Paul Rappeneau (co-scénariste), Ariane Mnouchkine (co-scénariste), Olivier Gérard (assistant réalisateur), les interviews d’archive de Jean-Paul Belmondo commentant les cascades, Hergé à propos du film, et Philippe de Broca.
Frères de cinéma : la collaboration Jean-Paul Rappeneau – Philippe de Broca (HD, 10 minutes)
Jean-Paul Rappeneau et Philippe De Broca partageaient la même vision du cinéma de comédie. Scénariste de L’Homme de Rio, Jean-Paul Rappeneau revient sur trois autres films qu’il a écrit avec Philippe de Broca, mais sans jamais être crédité au générique.
Léger et grave : la collaboration Georges Delerue – Philippe de Broca (HD, 12 minutes)
Stéphane Lerouge, spécialiste et éditeur de musiques de films, revient sur la longue amitié entre George Delerue et Philippe de Broca, sur ce que le compositeur apportait au réalisateur, ainsi que le restauration stéréophonique de L’Homme de Rio. Avec des images rares des deux artistes en train de travailler en 1983 sur la musique de L’Africain.