Festival Lumière : L’Homme qui voulut être roi : quand Huston magnifie Kipling
L’Homme qui voulut être roi
Fin du XIXème siècle. Deux soldats de l'armée anglaise des Indes, Daniel Dravot et Peachy Carnehan, décident qu'ils ont assez travaillé pour la reine, et qu'il est temps de se mettre à leur compte. Ils ambitionnent ni plus ni moins de fonder leur propre royaume.....
Il y a 45 ans, le formidable film de John Huston "L'homme qui voulait être roi", inspiré du roman éponyme de Kipling, nous plonge en plein cœur de l’Himalaya, au nord-ouest du Pakistan, à la rencontre d'un peuple singulier qui vit totalement reculé du reste du monde : les Kalash
Cette adaptation cinématographique de John Houston en 1975 avec Sean Connery et Michael Caine est vraiment très réussie, et même supérieure à la nouvelle dont elle est issue.
En effet on peut reprocher à Kipling, qui n'était pas allé sur place, d'avoir une vision sans doute un peu tronquée et vaguement paternaliste de ce peuple complexe et passionnant qu'on ne retrouve pas forcément dans le film d'Huston.
Si le tournage du film d'Huston se déroula au Maroc, on voit à quel point l'univers littéraire de Kipling sied à merveille au style du cinéaste américains qui investit un cinéma d'aventures typiquement hollywoodien
L'Homme qui voulut être roi,, à la manière des films de Lean ou Kurosawa, propose un cinéma plein de grand espaces en technicolor tout en creusant de belle manière les thématiques de l'échec, du pouvoir et de la vanité humaine.
Huston est un explorateur-né, tourné à la fois vers le monde et l’être humain. Huston est littéralement imprégné de l’œuvre : « J’ai tellement lu Kipling, qu’il fait partie de mon inconscient. Vous commencez un vers, je peux le terminer quel qu’il soit. Kipling a écrit sur le monde d’hier, un monde disparu, une géographie disparue. C’est le monde de l’aventure, de l’honneur et du mystère » ( Patrick Brion, in John Huston, éd. de la Martinière).
Huston décide de faire de Kipling un personnage, (joué par Christopher Plummer) remplaçant ainsi le narrateur de la nouvelle originale à qui se confient les deux protagonistes
Une chose est sure : sa fable est atemporelle, ses somptueux paysages ses décors majestueux mettent en avant la découverte d’une civilisation.
Au service de cette fresque épique, le duo Michael Caine / Sean Connery atteint des sommets de raffinement et de dérision assez inégalables.
Le plaisir à voir nos deux énergumènes devenir des dieux dans cette irrésistible ascension est déjà coloré d’une certaine lucidité : tout semble trop facile, et on attend avec intérêt de voir par quels biais la supercherie sera dévoilée.
L’Homme qui voulut être roi est, pour Huston, une « quête universelle ».un voyage personnel qu'accomplissent les deux amis, chacun représentant une facette de l’être humain. John Huston n’a pas son pareil pour mettre en place cette ambivalence fondée sur une double lecture, l’aventure romanesque et la leçon humaine.
Abordant des thèmes multiples, parabole sur l'amitié, le pouvoir et sa fascination, l’échec, le colonialisme, L’Homme qui voulut être roi est une oeuvre importante de ce Festival Lumière.
L’HOMME QUI VOULUT ÊTRE ROI de John Huston/ Grandes projections
Projection du film restauré, Mardi 15 Octobre – 20h30 Cinéma St Denis / Vendredi 18 Octobre – 11h UGC Confluence / Dimanche 20 Octobre – 17h Pathé Bellecour
Projections en prélude à sa sortie par Wild Side dans une belle édition Blu-ray en 2020.
Ce coffret Collector Blu-ray+DVD+Livre comportera de riches compléments inédits et un livre écrit spécialement pour l’occasion par Samuel Blumenfeld.