Une histoire banale, peut-être, un film fort, assurément..
Bref, on comprend tout à fait la perservérance d'Audrey Estrougo qui s'est battu corps et âme pour qu'"Une histoire banale" existe et puisse contribuer, comme "L'amour violé" en son temps avait pu le faire, à aider à faire bouger les mentalités, un changement nécessaire à une époque où le viol n'est peut etre pas aussi tabou qu'en 1977, mais reste encore très souvent passé sous silence par la victime ou son entourage.
Cela dit, par rapport au film de Yannick Bellon- dans lequel la scène de viol était à la limite du soutenable, la jeune metteur en scène ne cherche pas à choquer en nous montrant le viol dans toute son horreur; la scène en question ne dure que quelques instants ,et sera filmé avec pas mal de pudeur.
L'important pour elle est plutot de s'attarder sur les conséquences morales d'un tel crime, comment une jeune femme qui avait confiance en elle, bien dans sa peau et sa sexualité peut, du jour au lendemain, basculer dans le mutisme et l'automutilation tant elle a été brisée par cette terrible tragédie.
La seconde partie du film, pratiquement un huis clos à un seul personnage, nous montre parfaitement à quel point son rapport aux hommes et à la vie s'est désagrégé du jour au lendemain, suite à cette tragédie.
Par rapport à la première partie, plus enjouée et plus classique, cette dernière heure est parfois éprouvante à regarder, avec un côté parfois anxiogène, mais reste singulière et tout à fait salutaire, et surtout permet de nous montrer l'exceptionnelle prestation de Marie Denarnaud (que j'avais adoré dans Les Corps impatients » ou les adoptés de Mélanie Laurent), plus que convaincante en fille en pleine descente affective et sociale, qui tentera de se raccrocher à une illusoire mais nécessaire bouée de survie.
Bref, malgré quelques maladresses, notamment dans l'interprétation de certains personnages secondaires, et une radicalité parfois un peu rédhibitoire, Une histoire banale est un portrait intime captivant et original largement réhaussé par la performance de son interprète principale et qui surtout échappe au côté simpliste et didactique, très "Dossiers de L'écran "dans lequel le film aurait pu tomber, vu le sujet en question.
La preuve que même avec un budget dérisoire et plein de batons dans les roues, Audrey Estrougo avait tout à fait raison de s'accrocher autant à son projet.