Baz'art  : Des films, des livres...
21 août 2014

Mes premières critiques de la rentrée littéraire: Louise, Molière à la campagne, l'incertitude de l'aube

 J'ai beau avoir reçu les tous premiers livres de cette rentrée littéraire 2014 depuis près de deux mois, j'ai tenté d'être beau joueur en respectant les consignes que m'avaient donné certains éditeurs ( deux ou trois seulement en fait, les plus gros généralement) celui de ne pas publier une seule ligne de chronique avant les premières sortiest livres, à savoir le 20 aout...et comme le 20 aout était un mercredi, jour traditionnel de mes sorties de film ( même si vous l'aurez noté je n'ai parlé que d'un seul film et non pas trois), ben forcément c'est le lendemain, soit ce jeudi 21 août que je vous livre mes premières critiques de livres... 

Et comme je suis galant, on ouvre les hostilités avec 3 romans écrit par des femmes, trois auteurs français pas forcément très connues ( les plus médiatisées devraient arriver prochainement)

1. Molière à la campagne; Emmanuelle Delacomptée (ed JC Lattès)

molièreQuatrième de couverture :

La question de l’enseignement dans les « zones urbaines sensibles » a été maintes fois traitée. Mais qu’en est-il dans ces déserts modernes que sont les zones rurales ? Molière à la campagne raconte le parcours héroï-comique d’une jeune enseignante, débordée par les réactions cocasses et bruyantes de ses élèves, mais aussi par les impératifs ineptes de l’Éducation nationale... Portrait d’un monde finissant qui se cherche un nouveau modèle.

 L'auteur :

Emmanuelle Delacomptée-Dugain est née en 1981 à Sartrouville. Elle enseigne le français depuis 2005, et travaille aujourd’hui en Seine-Saint-Denis, après une expérience en Normandie. Elle est par ailleurs lectrice aux éditions Gallimard.

La citation :

"Sur le quai de la gare Saint-Lazare, entre trois grosses valises et une poignée de pigeons, je reste étourdie.
Après des dissertations de sept heures, une maîtrise imparable de l’exophore mémorielle, une science sans faille de l’évolution des sons [aü] et [eü] au XVIIIe siècle, une acquisition sûre de la notion de valence et d’analyse actancielle, une compréhension intime des hypotyposes, une fréquentation assidue du Canzionere de Pétrarque, l’Éducation nationale m’expédie dans les tréfonds de l’Ouest, au cœur de la Haute-Normandie, entre les départementales D32 et D547, à Saint-Bernard de l’E., au collège des 7 Grains d’Or, au beau milieu des champs de maïs.»

Ce que j'en pense :

 Essai ou roman, en tous cas récit fortement inspiré de situations vécues, Molière à la campagne raconte les débuts d’une professeur de Français dans un collège de campagne en Normandie entrecoupée par des jours de formation à l’IUFM. Malgré les vaches, les champs et la ruralité, les enfants s’appellent Kévin, Douglas ou Jordan et pourraient se fondre avec n’importe quel groupe d’élèves d’un quartier défavorisé d’une grande ville.

 Face à des adolescents à la culture 100% télé et à l’orthographe sms, face à des collègues parfois désabusés et cyniques, face à un système de formation qui se perd dans des appellations absurdes et un manque flagrant de pragmatisme, Emmanuelle Delacomptée essaie de garder dans ce "entre les murs" version rurale une certaine distance et une touche d’humour. L’ascenseur social est en panne depuis longtemps mais personne ne semble savoir comment le réparer…désespérer ou en rire ?

2. Louise, Julie Gouazé (ed Léo Sheer)

louise_01Quatrième de couverture :

« Louise va bien. C’est un principe de base. Une loi fondamentale. Alice est enfermée, Jean est perdu, Marie et Roger ont pris quinze ans dans la figure. Ne vous inquiétez pas, il en faut plus pour entamer Louise ! Elle est forte. C’est un soleil et le soleil ne s’éteint pas. Même la fée Clochette se remet à briller quand on recommence à croire en elle. »

La sœur de Louise, Alice, se noie dans l’alcool. Roger et Marie, leurs parents, les noient dans un trop-plein d’amour. Louise, elle, va tout faire pour garder la tête hors de l’eau.
Roman à l’écriture affûtée, Louise plante son scalpel au cœur des relations familiales. Autopsie d’un bonheur obligé, d’un débordement d’affection qui provoque l’asphyxie, il est un lumineux récit d’apprentissage et une formidable leçon de vie.

L'auteur  :

Premier roman d'une lyonnaise née en 1977 vivant à Paris, journaliste à LCI et compagne de Michel Field et mère de ses enfants ( ca c'était pour la rubrique  people) 

La citation : "Alice est partie finalement. Elle est allée s’enfermer dans son appartement de désespoir. Là où personne ne peut la voir. Seuls les yeux gris d’un tout petit gar çon guettent. Avec tout l’amour du monde dans le cœur. Quoi que fasse une maman, elle est toujours la plus belle, la meilleure des mamans. Et c’est très bien comme ça".

Ce que j'en pense :

Avec cette histoire d'une jeune fille prénomée Louise (étonnant, non?)  dont la jeunesse et l'histoire familiale  est bouleversée par l'alcoolisme d'Alice, sa soeur ainée, Julie Gouazé va sur les rives très usitées de la saga familiale.

Malgré quelques jolies idées (et notamment ce lien très fort entre nourriture et amour,  (ce principe de la mère de Louise qu'il faut se servir plusieurs fois à manger pour prouver prouver l'amour), ce récit d'apprentissage d'une jeune fille qui vit tant bien que mal dans l'ombre de la maladie de sa soeur manque un peu d'envergure, de souffle et d'un point de vue un peu singulier pour sortir des sentiers battus.

Cette saga familiale déroule 12 années d'une vie en 120 pages, tout est trop bref et l'écriture est trop plate pour que le livre  puisse toucher vraiment : si le personnage de Louise peut émouvoir parfois, les autres personnages manquent d'épaisseur et de densité pour que cette saga familiale retienne durablement l'attention...dommage!!

 3. L'incertitude de l'aube,Sophie Van der Linden (ed Buchet Castel)

incertitudeQuatrième de couverture :

En ce jour de Fête de la Rentrée, à Beslan, Anushka est heureuse. Elle court avec Miléna, sa meilleure amie, sur le chemin de l’école. A peine arrivée, elle se retrouve prise au piège dans le gymnase. Ils seront plusieurs centaines d’enfants, prisonniers de terroristes tchétchènes. C’était il y a dix ans.

D’un bout à l’autre de ce roman émouvant, le lecteur va suivre les pensées d’Anushka, qui égrène les souvenirs. Progressivement, avec la faim et la soif, avec la peur, la conscience de la jeune fille va glisser dans un imaginaire qui se substitue au réel.

Roman poétique et grave, L’Incertitude de l’aube est un hommage à l’enfance.

L'auteur :

Spécialiste jeunesse et journaliste française, Sophie Van der Linden est directrice de l’Institut International Charles Perrault.
Formatrice, conférencière et enseignante vacataire, elle effectue régulièrement depuis 1999 des interventions autour de la littérature jeunesse dans des établissements scolaires. Elle avait publié lors de la rentree litteraire precedente un premier roman adulte, La fabrique du monde,

Ce que j'en pense :

J'avais vaguement entendu parler de cette prise d’otages de Beslan, qui, en septembre 2004, ébranla la Russie  lorsque des terroristes séparatistes tchétchènes armés prennent des centaines d'enfants et d'adultes en otage dans un gymnase surchauffé de l'école, aboutissant à 344 morts et 186 enfants.

Sophie Van der Linden, grande romancière jeunesse se met dans la tête d'une de ces petites filles victime de la prise d''otage,  Anoushka, qui  pour tenter de combattre sa a peur va inventer un univers onirique lui permettant de fuir ces trois jours de tension extême.

On voit que l'auteur est une spécialiste jeunesse tant elle parvient facilement à se mettre dans la tête de cet enfant, apportant à ce récit terriblement dur sur le papier grâce  voire legereté. A travers le regard d’une petite fille qui ne comprend pas vriament les enjeux qui se trament, on quitte la trame du fait divers de journal pour atteindre une vraie poésie et une belle émotion, dans son dénouement.

  Un très beau texte, quoique un peu trop bref et parfois un peu trop abstrait (mais c'est la loi du genre), assurément le plus beau livre de ces trois premiers romans lus pour cette rentrée...Mais vu la pile de romans de rentrée qu'il me reste à lire, j'espère bien que pas mal d'autres viendront tutoyer celui là...

Commentaires
C
J'ai moi aussi lu ce roman que j'ai trouvé très beau. c'est un livre, qui malgré l'horreur de la circonstance où se trouvent les protagonistes, parle de l'enfance de cette capacité à l'imagination, de cette poesie de l'instant, qui doit tous au fond, nous sauver de notre quotidien.
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A
J'ai beaucoup aimé Louise de Julie Gouazé, le nombre de pages ne m'a pas dérangé au contraire. J'ai trouvé que pour un premier roman il est très bien.
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B
Ah oui si tu as vécu ce genre d expérience professionnellement je peux comprendre que tu aïs pas envie de le revivre en lectures:-) bonne journée a toi
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M
Je ne lirai pas le premier. Je reste marquée même traumatisée par ce même genre d'expérience l'an passé. Entre désespoir et rire, c'est exactement cela! Niveau déplorable et l'attitude insultante. Les deux autres romans pourquoi pas. Bonne journée et bonnes lectures!
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M
C'est le 3e qui me tente le plus, car j'avais bien aimé "La fabrique du monde" (http://www.mylittlediscoveries.com/-la-fabrique-du-monde-de-sophie-van-der-linden)...sorti l'an dernier, et non pas il y a 2 ans ;)<br /> <br /> Bonne journée Filou!
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