Quais du polar spécial auteurs européens et parus en poche
On continue notre revue d'auteurs invités au prochain Quais du Polar en axant sur des livres qui viennent de paraitre en poche..un suédois, un français et un espagnol, cet c'est un tiercé dans le désordre du polar européen audacieux et flamboyant :
1. Le syndrome du pire, Christophe Carlsson
"Tard dans la soirée, je quitte salem. Je sors dans l'air frais et du coin de l’œil, je vois l'entrée qui était la leur. Je la vois là qui attend dans le noir. je n'ai pas envie de partir tout de suite et je m'attarde devant leur porte, comme je le faisais à l'époque".
Si on peut ,au bout d'un moment , je vous l'accorde quelque peu se lasser un peu de la vague des polars scandinaves qui ont déferlé sur la France cette dernière décennie, on pourra jeter un oeil sur le premier roman noir d'un jeune auteur , Christopher Carlson,titulaire d'un doctorat en criminologie,donc qui a priori est bien armé pour se lancer dans le polar.
Déjà traduit dans plus de 16 pays, Le Syndrome du pire a été élu roman policier de l'année par l'Académie des auteurs de roman policier suédois. Ce prix a déjà récompensé de grands noms du polar tels que Stieg Larsson, Henning Mankell, Johan Theorin ou Åke Edwardson.
Plusieurs récits se superposent dans cette histoire, à deux époques distinctes., et ces deux récits tissent la trame d'une sombre histoire de vengeance, sur fond de harcèlement et de changement d'identité. Voici un polar d'une efficacité assez redoutable, à l'ambiance plutôt lourde, notamment lorsque sont évoqués les épisodes renvoyant à l'adolescence du personnage principal et qui nous montre un Stockholm comme on n'en voit peu, à travers,la lente descente aux enfers d'un enquêteur en fin de course.
L'auteur nous emmène dans les bas-fonds de Stockholm, nous fait rencontrer des personnages troubles, mystérieux, mais aussi attachants, sur fond de drogue et de jeunesse livrée à elle-même.
Un livre à l'intrigue originale, et assurément un auteur à suivre!!
2. Terminus Blez, Emmanuel Grand ( Points)
« Après leur journée de pêche, Marko se précipita chez Venel. Une suave odeur de café régnait dans la boutique. Le libraire, occupé avec un client, lança une œillade inquiète au jeune homme puis, quand la petite clochette tinta, il se pressa vers lui : « Marko vous tombez bien, il fallait que je vous parle. La police est venue. Ils ont ouvert une enquête pour le pied coupé. Ils n’ont encore rien trouvé et si vous voulez mon avis, ils ne trouveront rien avant longtemps, mais….ils veulent interroger tout le monde… »
Marko, jeune clandestin ukrainien sans papier est poursuivi par des tueurs. Mais se réfugier sur une petite ile bretonne que l’on surnomme l’ile des fous est-ce vraiment une bonne idée ? Marko a-t-il plus à craindre de la mafia roumaine que de l’Ankou ce spectre qui hante la lande pour aspirer l’élan de vie des mortels ? Ce n’est pas sure.
Lorsque que la réalité crue : clandestin, passeurs véreux, mafia d’Europe de l’Est, rencontre les superstitions primitives de la Bretagne profonde cela crée un mélange étonnant et violemment surréaliste. Mais le plus surprenant c’est que le récit fonctionne et le lecteur captivé a du mal à lâcher ce polar original. L’ile est une forteresse où l’étranger doit se battre pour être accepté, mais elle sait aussi devenir protectrice lorsque la mort rôde.
Il y a un soupçon de Fred Vargas dans la manière de mixer mythologie et croyances locales avec une intrigue contemporaine très ancrée dans la réalité. Dans ce récit qui va d’Est en Ouest de l’Europe, Emmanuel Grand revendique l’influence de Dennis Lehane et de Simenon,le pari est osé mais parfaitement réussi. Baz-art à la joie de vous faire part de la naissance d’un vrai écrivain de polar. Bravo Monsieur Grand, vous êtes un Grand auteur ! ( MD)
3.N'appelle pas à la maison, Carlos Zanon ( Le livre de poche )
« Fais gaffe à ta langue, salope. Ecoute ce que j’ai à te dire. Fais bien attention ! Bruno tient toujours sa parole. Toujours. Je te l’ai dit et je le ferai »