On crie victoire devant Victoria!!
Victoria- à ne pas confondre avec le film allemand du même nom largement surestimé, c'est bien sur le nouveau film de Justine Triet avec Virginie Efira, présenté à Cannes dans le cadre de la Semaine de la Critique
Un film qui est sorti en salles le 14 septembre dernier et dès que je l'ai vu fin aout, en avant première au cinéma Comoedia- la réalisatrice devait venir le présenter, mais malheureusement, elle a fait faux fond à la dernière minute- je me suis dit que comme la presse l'avait reconnu après les projections cannoises, ce film fera à coup sur partie des films français incontournables de cette rentrée 2016.
Lors de ma chronique du premier long métrage de Justine Triet, La Bataille de Solférino, je me disais que cette oeuvre étonnante de singularité et d'inventivité donnait absolument envie de voir la suite de la carrière de Justine Triet. Plus accessible et surement moins bordelique que ce premier essai, Victoria enfonce effectivement le clou et est même plusieurs crans au dessous.
Pour Victoria, Justine Triet a mis de coté la forme semi-documentaire de son premier long métrage pour aborder une mise en scène plus classique mais tout aussi élégante et assurément plus maîtrisée.
Ce fort juste et fort brillant portrait de femme au bord de la crise de ner a quelques parentés lointaines avec le cinéma de Woody Allen ou d' Almodovar avec une touche de Jude Appatow et même de James L Brooks, un metteur en scène certes sous estimé, mais un des rares à tisser des comédies sentimentales élégantes et raffinées, comme l'est assurément ce Victoria.
Justine Triet maîtrise avec une énorme habileté les écarts d'une héroine qui a tendance à faire du grand huit émotionnel pour un film réeellement drôle - pas comme le récent Toni Erdmann vendu un peu hativement comme une comédie et constamment imprévisible pour nous livrer ce qui est inconstestablement une comédie parmi les plus audacieuses et borderlines de ces dernières années.
Avec un scénario parsemé de petites touches incongrues vraiment réjouissantes- des animaux qui témoignent dans un procès des rencontres tinder très cash- a pour grande particularité d'inverser les stéréotypes avec un personnage de femme libre, indépendante sexuellement et professionnellement, alors que c'est l'homme qui s'occupe des gamins et des taches ménagères.
Cette femme, avocate pénaliste libre de son désir mais un peu au bout du rouleau, c'est Virginie Efira qui l'incarne et c'est peu de dire, comme tous les festivaliers l'ont de suite repéré, qu'elle y est vraiment formidable.
Rarement on aura vu dans le cinéma français une figure féminine aussi moderne et avec une telle profondeur remarquable, et évidemment comme on l'a dit un peu partout depuis le festival de Cannes le film doit énormément- mais pour tout non plus comme ca parfois été soulevé sans la partition particulièrement inspirée de Virginie Efira qui offre sa composition la plus nuancée et impliquée de sa carrière, elle qui jusqu'à présent n'avait pas forcément les rôles et les films que son talent méritait .
A la fois sexy, volontaire, déterminée, paumée, vulnérable, dépressive, Virginie Efira apporte toute sa subtilité de jeu pour incarner une héroïne foncièrement intelligente, mais qui a parfois un peu trop tendance à avoir le nez dans le guidon pour conserver toute sa lucidité.
Pour lui donner la réplique, Laurent Poitrenaud en blogueur sans scrupules ( tiens donc) est assez génial, Melvil Poupaud en ami toxique est toujours excellent, et on pourra s'étonner de voir un Vincent Lacoste pour une fois extremement convaincant, surtout dans un rôle de séducteur malgré lui auquel il nous avait jusqu'àlors peu habitué.
Réjouissante et sensible comédie romantico-dramatique, ce Victoria est un de ces films comme on aimerait en voir plus souvent dans le cinéma français.
.Bande-annonce de Victoria, avec Virginie Efira.