Ma vie de courgette : un film génial, une expo qui l'est tout autant !!
Après Le fabuleux géant de fer dont j'ai vanté les mérites il ya deux jours à peine, on prolonge cette veine du cinéma d'animation- vacances scolaires de Toussaint Oblige- avec un film qui, contrairement au long métrage de Brad Bird, n'est pas encore un classique, mais qui le sera certainement dans les années à venir à n'en pas douter ou alors c'est que j'y comprends plus rien au cinéma (bon je donne le baton pour me faire battre avec ce genre d'affirmation je sais :o)...
Je veux bien sûr parler du merveilleux Ma vie de Courgette de Claude Barras, sorti depuis mercredi 19 octobre dernier, et c'est peu de dire que ce film fait l'unanimité auprès de tous ceux qui l'ont vu, une unanimité critique comme on en a rarement vu...
Le film, qui a été sélectionné pour la Quinzaine des réalisateurs de Cannes 2016, a notamment reçu le Grand prix - Cristal du long métrage et le Prix du public au Festival international du film d'animation d'Annecy et si cette pépite du cinéma d'animation rafle tous les suffrages, c'est amplement mérité et également très jubilatoire pour les lyonnais que nous sommes, le film ayant été réalisé dans les studios du Pole Pixel situé à Villeurbanne et produit et distribués par les studios Gebeka, également lyonnais, et forcément on n'a envie de le clamer sur tous les toits.
Adapté du roman Autobiographie d'une courgette de Gilles Paris, le film d'à peine une heure- ça fait du bien en ces temps ou pas mal de films trainent deux heures pour ne pas raconter grand chose au final- nous narre l'intégration de Courgette, orphelin âgé de 10 ans, dans un foyer où vivent d'autres enfants cassés par la vie.
Abordant des sujets d'une gravité terrible, Ma vie de courgette parvient haut la main, et ce, grâce aussi au sublime scénario de Céline Sciamma qui prouve une nouvelle fois à quel point elle sait parler d'adolescence (après notamment sa sublime incursion cette année dans le cinéma de Téchiné) à y insuffler quantités émotions positives, et apporter de la grâce à un univers qui pourrait sembler-ce qui est le cas dans les 10 premières minutes du film- un peu glauque et pesant.
Ce long-métrage donne ainsi vie à une palette de personnages pétris d’humanité qui cheminent ensemble vers un destin plus lumineux qui doit énormément à cette technique du stop motion.
Mais le stop motion, on en parle souvent, qu'est que c'est exactement ? Il est temps de revenir un peu sur ce système d'animation images par images permettant de créer un mouvement à partir d'objets immobiles.
Le concept est assez proche du dessin animé mais bien plus difficile à mettre en place: une scène est filmée à l'aide d'une caméra capable de ne prendre qu'une image à la fois, et entre chaque image, les objets et les personnages de la scène sont alors très légerements modifiés, ce qui correspond à un mouvement...
Et c'est seulement lorsque le film est projeté, selon la sacro sainte vitesse de 24 images par seconde que les personnages donnent l'illusion d'être animés...
Tout ce procédé, on s'en rend parfaitement compte en allant visiter le Musée de la miniature et du Cinéma du vieux Lyon qui décide de prolonger le bonheur du film de Barras en proposant, grâce à un partenariat entre Dan Ohlmann, le propriétaire des lieux et Marc Bony le producteur du film- et propriétaire du Comoedia, le monde du cinéma lyonnais est petit- de faire une exposition baptisée L'envers du décor.
Cette exposition est centrée autour de tous les décors et les personnages du film qui auraient fini dans la poubelle, vu que les contraintes du stop motion imposent l'inutilité des décors et des personnages utilisés pour une séquence, qui deviennent totalement inanimés une fois qu'il faut en réutiliser d'autres pour les séquences à venir.
Grace à cette formidable exposition, on voit ainsi le travail colossal qu'à représenté ce film : figurez vous que la réalisation des décors, des marionnettes et le tournage avec ce procédé du stop motion ont nécessité plus de 3 ans de travail et plus de 100 personnes, pour une soixantaine de décors et 54 marionnettes ce qu'un making off proposé par le musée nous montre parfaitement.
L'exposition reprend notamment 9 décors de scènes clés du film, celle de la fête forraine ou encore la maison d’enfance de Courgette ou le chalet à la montagne, terriblement impressionnants.
On y retrouve dans un des décors cette idée magnifique qu'on avait découvert dans le film, celle de la météo journalière des émotions des enfants et plein d'autres encore tout autant formidables..
Ce qui est notamment fantastique dans cette expo, c'est qu'elle nous dévoile une technique innovante que l'équipe du film a trouvé pour que les personnages du film parviennent autant à transmettre l'émotion que l'on ressent parfaitement devant la projection.
Cette technique consiste à utiliser des têtes vierges de marionnettes parfaitement modulable et personnalisable grâce à un charge choix de formes de sourcils, paupières, bouches ou yeux qui se fixent s'animent et se remplacent pour parvenir à trouver l'expression de visage souhaitée par le cinéaste.
On y voit encore plus qu'au cinéma à quel point le travail sur les couleurs est fascinant, et dans chaque décor on y trouve des détails d'une minituosité proprement remarquables.
Ces éléments exposés s’affichent comme les vestiges d'une création artistique dans laquelle la patience et la méthodologie semblent être un passage obligé et, forcent l'admiration de tout un chacun, surtout des personnes comme moi incapables d'aligner deux légos les uns sur les autres...
Coulisses du tournage de Ma vie de Courgette
L’Envers du décor , du film Ma Vie de Courgette
- Musée de la Miniature et Cinéma
- 60, rue Saint-Jean, Lyon 5e.
- jusqu’au 2 avril 2017,
Et enfin, pour parachever totalement sa connaissance de cette formidable vie de courgette, sachez que les éditions Ptit Glenat ont publié l'album fidèlement retranscrit du film qui permettent de continuer à se plonger dans cet univers chez soi dans son lit..