Le géant de fer, qui a été présenté cette année en séance des enfants du mercredi du dernier Festival Lumière ( allez je commence à écluser tous mes articles liés au festival, on tient le bon bout), est au départ un best-seller de la littérature britannique pour enfant, et il est l'oeuvre du poète Ted Hughes, fils de la poétesse américaine Sylvia Plath.
Le livre inspira Pete Townshend, des Who, pour son opéra-rock éponyme, puis le producteur de théâtre Des Mc Anuff développa à la fin des années 90, le projet de film avec les studios Warner et proposa à Brad Bird, ancien animateur de Disney, de le réaliser.
Premier film de Brad Bird, réalisateur ensuite de "Ratatouille", "les Indestructibles", ce géant de fer a conservé l’esprit de l'oeuvre initiale, c’est-à-dire une fable anti-guerre prônant les vertus de l’autodétermination.
Alliage fabuleux des thématiques du cinéma traditionnel (guerre froide, paranoïa, réponse armée…) et du cinéma d’animation, cette histoire d’amitié développe un peu à l'instar du ET de Spileberg les thèmes de la différence, de l’acceptation, de la protection et de l’apprentissage, mais aussi de la violence....
Cette pièce maîtresse de l'animation, cruellement méconnue ne devrait bientôt ne plus l'être comme l'a confirmé cette projection lors du Festval Lumière. en effet, à sa sortie le long métrage avait reçu de belles critiques mais n'avait pas tellement bien marché auprès du public- problème de stratégie commerciale du distributeur visiblement, mais au fil des années, a accru une belle réputation du film après des passages répétés sur la télévision américaine.
Le géant de fer a désormais un côté culte auprès de pas mal de cinéphiles, qui devrait être confirmé avec sa nouvelles sortie en salles le 7 décembre prochain- comme nous l'a annoncé le distributeur français de Warner Bros présent ce jour là à la Halle Tony Garnier , dans une magnifique copie restaurée.
Une copie restautrée par la Warner Bros et qu'on a pu voir en l'état, ce mercredi là dans une halle Tony Garnier remplie d'enfants d'abord un peu indiscipliné puis très vite sous le charme et l'émotion de ce bijou du cinéma d'animation.
Débarqué de l’espace dans l’Amérique paranoïaque des années 1950, le géant de fer est perçu comme une attaque ennemie, il faut dire que le pays est alors en pleine guerre froide et n'en est encore qu'aux balbutiements de la conquête spatiale. La dureté intitiale du propos est largement compensée par un humour explosif, des décors splendides, inspirés de grands peintres comme Edward Hopper (les couleurs automnales des paysages du Maine), dans un format Scope absolument fabuleux et superbement mis en valeur par l'écran aussi géant que celui du titre de la Halle Tony Garnier.
Qu'est qu'on l'aime, ce personnage du géant de fer, tant il s'avère terriblement attachant, avec ses 20 mètres de haut et son appétit féroce pour la ferraille en tous genres, avalant par centaines de metres des pylônes électriques et autres voies ferrées ..
Forcément, vu l'empathie qu'on a eu pour lui, le dénouement, aussi déchirant que celui d'ET, fera venir des larmes chez tous les spectateurs grands et petits comme il a ravagé l'assistance de cette séance enfants, les sanglots d'enfants pas toujours habitués à voir de tels chefs d'oeuvre en salles résonnant dans le hangar de la Halle .
Brad Bird ne s'embarasse pas de fioritues, il arrive à aller de suite à l'essentiel, en toute simplicité, tout en développant l'intrigue avec une rareté déconcertante dans le genre, bref on a affaire là à un vrai modèle du genre.
Et ce magnifique dessin animé a fait aussi prendre conscience, mine de rien, aux enfants présents ce jour là, du contexte géo politique de l'époque , celui de la fin des années 1950 et de la Guerre Froide, période de tensions entre les deux blocs occidentaux où les populations craignaient la guerre nucléaire et la paranoia- représentée ici par un agent du gouvernement odieux à souhait- à son comble .
Le Géant de Fer est un très beau film d'animation, un petit bijou dans le genre, qui nous démontre que Brad Bird avait déjà beaucoup de talent dès son premier essai.
Et surtout cette pépite nous ramène inexorablement à notre plus tendre enfance et constitue une oeuvre tout à fait délicieuse pour les sens et pour l'esprit qu'il faudra absolument voir en salles lors de sa ressortie en décembre prochain..
Extrait [1] Le géant de fer