La grande illusion : Kent magicien de la chanson française
Parmi les longues interviews que j'ai conservé dans mon dictaphone et que je n'ai toujours pas trouvé le temps de retranscire, figure notamment cette très longue discussion de près de deux heures que j'ai pu faire le lendemain de Noel dans un très sympathique café littéraire lyonnais avec le chanteur Kent,quelques semaines avant la sortie de son nouvel album la grande Ilusion, paru enfin au début de ce mois de février.
Un très long entretien dans lequel Kent s'est livré avec énormément de générosité et de réflexion sur son nouvel album mais également sur une carrière dont il avait fété les 40 ans en 2016.
J'espère pouvoir la mettre en forme assez vite, mais auparavant il m'apparait important de dire du bien de ce nouvel Opus, le dix-huitième album solo de Kent, réalisé en collaboration avec le fameux Tahiti Boy qui apporte une vraie coloration et une vraie modernité à l'ensemble.
Kent a toujours refusé de choisir entre rock à guitares et chanson réaliste, et revendique à fond son côté "artiste indiscipliné" incapable de "systématiser quelque chose".
Kent semble plus que jamais lié par son envie irrépréssible d'explorer d'autres contrées discographiques pour ne jamais donner le sentiment de se répéter, au grand desespoir des professionnels et du public, qui ont certainement besoin de pouvoir cataloguer un artiste pour que celui ci ne leur paraisse pas trop insaisissable à leurs yeux.
"La grande illusion", c'est la tradition de chanson française de qualit, alliée avec les sons issus du rock et de la pop.
Qu'on les aime profondément, ces textes écrits avec la plume toujours aussi précise et juste de celui qui reste incontestablement parmi les plus grands auteurs de sa génération.
Dès le premier titre, Éparpillé, le ton du disque est donné."ÉparpilléDans vos yeux ouverts et fermésJe change d’allure et d’aspectJe suis celui que vous voulez; Je me plie à vos idées",
On retrouve plus que jamais sa façon singulière et étonnante d'asuculter le monde et son rapport aux autres avec lucidité, des morceaux qu'il a retiré pour certaines dans sa fameuse boite aux archves qu'il alimente régulièrement au gré de toutes ces notes qu'il prend continuellement, l'homme étant un observateur des faits et gestes de ces " vrais gens" qu'il aime tant et qu'il n'a jamais cessé de cotoyer..
On aime aussi fortement l'heure des adieux , cette chanson testament dans laquelle Kent imagine sans pathos et avec cette ironie qui le caractérise le moment où il devra quitter la terre. " Quand sonnera l’heure des adieux;Y aura des murmures en suspensAu-dessus de mon corps silencieuxBordé de bons sentiments."
Et que dire de ce très beau Un Revenant , tiré du drame vécu par Philippe Lançon, journaliste défiguré par une balle lors de la fusillade à Charlie Hebdo et le si difficile et retour à la vie, miraculeux.
Une chanson qui ausculte avec profondeur et la poésie qui le caractérise ces gens qui ont survécu à une terrible tragédie et qui sont obligés de se reconstruire avec ça. Quand il se regarde dans le miroir, ce n'est plus la même personne physiquement et mentalement.
Un morceau choc qui frappe par son acuité et son implacable cruauté...
Bref, des textes toujours aussi affutés, pour un album qui n'est pas un album bilan mais qui résonne parfois avec une certaine mélancolie et une vraie lucidité sur un homme qui aux abords de la soixantaine se pose des questions justes et sensibles...
Des questions qu'on essaiera de résoudre avec lui lors de cette interview prévue prochainement. sur baz'art.