GRAVE (critique) : un premier film choc à dévorer tout crocs dehors
Le film qu'on met en avant ce lundi matin par le biais d'une chronique, puis très rapidement par le biais d'un jeu concours c'est GRAVE de Julia Ducournau, qui est assurément un de ces événements cinématographiques incontournables de ce mois de mars.
J'en avais parlé le mois dernier lors de ma revue de films du dernier Festival d'ANNONAY ce film m'a semblé comme beaucoup de festivaliers ( Annonay mais aussi Gerardmer ) le vrai film choc de ce festival, et qui génère de plus en plus de bruit depuis maintenant plusieurs mois et sa présentation l'an passé à Cannes lors de la semaine de la critique.
Premier long-métrage de Julia Ducournau, ce film de genre français présenté à Annonay en séance de minuit devant une cinquantaine de spectateurs dans une ambiance forcément à part, m'avait sidéré par cette audace formelle et visuelle, et mérite amplement son succès qui devait se concrétiser lors de sa sortie le 15 mars prochain.
Il faut dire qu'avant même sa sortie en salles , GRAVE fait déjà beaucoup parler de lui, il a même été présenté comme un film qui avait fait évanouir certains festivaliers à Toronto, et si on ne sait si la légende est vraie ou pas, ca vous pose néanmoins l'ambiance d'un film qui effectivement, n'est pas à mettre devant tous les yeux, mais reste à conseiller fortement à tous ceux qui aiment les expériences fortes et inattendues.
Pour son premier long-métrage, la jeune réalisatrice Julia Ducournau à choisi comme fil rouge un sujet choc, le cannibalisme. Son héroïne apparaît d’abord sous les traits d’une jeune fille inoffensive, avant de découvrir le mal qui l’atteint.
GRAVE est un film bouleversant ainsi qu'une expérience sensorielle inédite dont personne ne sort indemne , située quelque part entre les films de Claire Denis (Trouble Every Day), ceux Marina Van (Dans ma peau) et les premiers films de Cronenberg- qui comme Ducourneaux filme l'étrangeté d'une métamorphose d'un point de vue psychanalytique, et devant lequel il semble difficile de rester indifférent...
A l'origine de Grave, il y a un court métrage réalisé par Julia, JUNIOR, le récit d'une mutation reptilienne d’une ado très garçon manqué en jeune fille, évidemment GRAVE s’inscrit dans la continuité de ce court-métrage d'autant plus que les héroïnes portent d’ailleurs le même prénom, Justine- inspirés d'un roman du Marquis de Sade, et sont toutes les deux interprétées par l'épatante révélation Garance Marillier
Centré autour de la construction d’une identité et d’une morale au sein d’un système perverti, que ce soit celui du bizutage et celui du cocon familial ( mais chut n'en dévoilons pas plus, au risque de déflorer l'étonnant twist final), Grave est un récit d'apprentissage particulièrement aziumuté et renversant, à la maitrise formelle et scénaristique évidente., qui va bien plus loin que ce que ses effets gore pourraient laisser penser.
Audacieux et fort maitrisé mélange entre teen-movie, film cannibale et humour noir, Grave détonne assurément dans le paysage cinématographique français et on n'a assurément pas fini d'en parler, certainement bien longtemps après sa sortie, tant le film, qui est sans doute un des films de genre les plus réussis du cinéma français a tout pour devenir un film culte pour pas mal de générations..
De ce film imprévisible, perturbant et qui sort vraiment des sentiers battus, retenons aussi et surtout le magnifique travail opéré par le chef opérateur Ruben Impens, complice de Felix von Groeningen (ALABAMA MONROE, BELGICA…), qui ici, ose une lumière brute, très contrastée, qui fait superbement ressortir des teintes bleutées, conférant à l'ensemble un coté onirique et fantasmgorique évident...
Promis, arrétons là nos spoilers , et on a d'autant moins envie d'en déflorer les surprises et les mystères que pour une fois, la bande annonce ne dévoile pas grand chose de l'histoire du film, préférant insister sur l'ambiance particulièrement poisseuse et envoutante d'un film qui devrait largement séduire au dela du cercle des amateurs de films d'horreur dont je ne fais assurément pas partie au départ...