Werewolf ,panique à Needle Park à cap Breton
"Werewolf" de Ashley McKenzie, est sorti dans les salles mercredi dernier, avec, hélas, très peu d'échos et très peu de copies France et pourtant ce film candien, apre et dur sur la réalité d'un très jeune couple qui tentent de sortir de l'enfer du crak propose une vraie vision cinématographique.
Située dans la méconnue île canadienne de Cap-Breton. ( en Nouvelle écosse), la ville natale de la cinéaste Ashley McKenzie, le film suit un couple de marginaux accroc au crack qui suit un traitement à la méthadone pour tenter de sortir de leurs dépendances qui les rend comme des zombies.
L'histoire d'un couple de junkie perdu dans l’enfer de la drogue dur suivi pas à pas presque à la façon d' un documentaire, cela fait forcément penser à un Panique à Needle Park ( le film qui a fait connaitre le palmé Jerry Schatzberg) moderne et dans sa vision cinéma indépendant (nord) américain fait avec très peu de budget mais beaucoup d'idées de cinéma.
La cinéaste film cette relation toxique en isolant ces personnages du reste du monde qui leur est inutile ( cette société qui les néglige et les considère comme de simples pions) , et en isolant même certaines parties du corps de ses personnages..
La technique du décadrage pour filmer l'addiction est certes un peu déroutante au début lorsqu'on a l'habitude des plus traditionnels champs contrechamps, mais permet de focaliser l'intention du spectateur sur des détails et de mieux comprendre l'enfermement du couple de ces deux jeunes pris dans l'étau de la drogue, et dans le sevrage à la méthadone.
Ce parti pris de filmer au plus près des corps permet ainsi de mesurer efficacement la fragilité de ceux ci face à l'enfer de dépendance : Blaise et (Va)Nessa, ne suivront pas forcément le même chemin de la rédemption, l'un s'enfoncant tandis que l'autre tentera de sortir la tête de l'eau.
« Werewolf » intimiste et universel, ne fait pas la morale ou la leçon mais ne se cache pas non plus pour monter la cruauté d'une vie de junkie dans son quotidien de survie la plus basique et comment ces jeunes gens qui tentent de s'en sortir peuvent avoir le sentiment d'être pris dans un piège trop grand pour eux.
La tonalité d'ensemble est grise, mais pas terne, et loin des excès à la Transpotting ou Requiem for a dream, préfère la réalisation tout en douceur et lenteur, mais cette douceur apparente n'empeche pas le spectateur d'être bousculé par ces destins à la dérive.
Porté par la saisissante interprétation de Bhreagh MacNeil (Vanessa) et Andrew Gillis (Blaise) , ce court film (1h18) touche par son intensité et sa sincérité et les rares qui auront la chance d'aller tenter l'expérience dans un des rares cinéma proche de chez eux qui le projette ne devraient pas être déçus de l'aventure...