Sage femme: un film de femmes oui, mais sans doute un peu trop sage...
Sage Femme de Martin Provost, sorti mercredi dernier, fait partie de nos petites déceptions du cinéma français de ce début d'année, qui pourtant n'en a connu assez peu jusqu'à présent.
En effet, on attendait bien plus de la rencontre entre deux de nos plus grandes actrices françaises, les deux Catherine,.Certes, Frot et Deneuve prouvent une nouvelle fois au gré d'une partition (trop?) bien huilée, combien elles sont formidables, mais le reste n'est pas forcément à la hauteur de leur confrontation.
On sait désormais que Martin Provost n’a pas son pareil pour dresser de beaux et enlevés portraits de femmes, et dans sa filmographie, plus que le césarisé et un peu mou « Séraphine », biographie naturaliste de la peintre éponyme incarnée par Yolande Moreau, on retiendra son beau « Violette », autre double portrait féminin avec Emmanuelle Devos et Sandrine Kiberlain.
Et si une nouvelle fois, il montre qu'il sait se mettre dans la tête de femmes et leurs servir de beaux rôles, son Sage femme manque de ressorts dramatiques, d'aspérités, d'éléments qui empechent le spectateur de tomber dans une douce torpeur pendant deux bonnes heures de film...
Le dernier long métrage de Provost s'avère en fait un peu trop plat un peu trop prévisible et sans doute un peu trop long, avec des situations plaisantes, mais qui ne surprennent jamais vraiment.
Cette rencontre de deux beaux personnages, à la croisée des chemins de deux personnalités totalement opposées,incarnées par ces deux grandes comédiennes, possède aussi en son centre un Olivier Gourmet tout autant formidable en routier au grand coeur, offrant sans doute les scènes les plus légères et les plus captivantes de ce film un peu trop ronronnant.
Hélas, on ne croit jamais vraiment à cette rencontre qui fait un peu trop écrite , difficile d'écarter de l'esprit le calcul qu'on eut les producteurs de mettre en tête d'affiche ces deux actrices bankables du cinéma français.
L’histoire nous paraît quelque peu anecdotique et accessoire pour tenir sur près de deux heures et surtout pour réunir un tel tandem d’actrices : on aurait aussi aimé un peu plus de folie dans la réalisation, la caméra ne sort que rarement des champs/ contrechamps et la lumière un peu trop terne ne dépasse pas le cahier des charges d'un certain cinéma français que les détracteurs aiment tant villipander.
On aura néanmoins entraperçu en quelques séquences, pas toujours bien articulées avec le reste, le métier de sage femme du titre à qui Martin Provost a voulu rendre hommage , et qui donne lieu à de belles scènes d'accouchement réalistes, mais sans aller plus loin dans la description de cette belle profession.
Un beau rendez vous pas totalement manqué, mais pas vraiment réussi non plus, en fait...