Au Musée des Confluences, la formidable exposition VENENUM ne noie pas le poison....
Une belle occasion de découvrir ce monde empoisonné sous toutes ses facettes.
La formidable exposition Antarctica et son non moins formidable voyage au pôle Sud de notre planète ayant pris fin après un incontestable succès - et une prolongation totalement méritée de plusieurs mois, on attendait avec grande impatience
celle qui allait prendre la relève pour ce printemps 2017 au Musée des Confluences, et j'avoue avoir été initialement un peu circonspect en apprenant qu'il s'agirait de "Venenum", une exposition qui nous "invitait à comprendre comment les poisons ont jalonné l'histoire des hommes".
En effet, je l'avoue modestement : le poison, arme fatale dans nombre de polars et de faits divers ( des faits divers qui sont longuement présentés au cours de l'exposition, de l'affaire Marie Besnard, à celle de Violette Nozière) ne m'avait jusqu'à présent jamais particulièrement fasciné.
Mais ça, c'était avant.... Avant quoi, me diriez vous? Bien, avant de pousser la porte de la salle trois des expos temporaires du Musée des Confluences.
En effet, je me suis très vite rendu à l'évidence: comme toutes celles qui l'ont précédées, cette nouvelle exposition du MDC- le petit nom du Musée des Confluences- est une réussite à tous les niveaux.
Pédagogique, ludique, aussi dense qu'inattendue, cette expo réserve au visiteur sa quantité de surprises et de frissons en tous genres, le frisson de l'emerveillement, mais aussi, une fois n'est pas coutume, celui- délicieux- de l'effroi...
Comme l'affirme dans le dossier de presse la directrice du Musée, Hélène Lafont Couturier (savez vous que dans une autre vie, j'ai failli être son assistant personnel , mais bon cela n'est pas le sujet du jour ?) plus que jamais, " cette exposition se trouve à la "Confluence" de plusieurs thématiques.
On aurait pu trouver le jeu de mot facile, pourtant, force est de reconnaitre que Madame la Directrice ne ment pas : plus que jamais, Venemum fait se croiser, à l'intérieur d'une même salle, les disciplines : sciences humaines, espaces vivantes, histoire judiciaire , pharmacologie, criminilogie, médecine: toutes sont convoquées pour rendre la visite aussi pédagogique que dense...
"Venenum " explore les recoins d'un monde empoisonné , et de fait, elle va bien au delà du cliché de la petite fiole de poison ou de l'arsenic- le poison le plus connu et le plus pratique à utiliser- en nous montrant à quel point le poison se retrouve partout au fil de l'histoire et de la société, et ce, sous différentes formes.
Effectivement, les venins les plus puissants peuvent ainsi se dissimuler sous des formes les plus anodines, et même les plus inoffensives...
D'emblée, on plonge dans le récit des grands empoisonnements, de l'Antiquité à nos jours, et l'on apprend que, si les poisons furent très longtemps utilisés de façon ponctuelle, le XXe siècle vit l'apparition des empoisonnements de masse avec notamment l'utilisation du gaz moutarde lors de la Première Guerre mondiale.
Au gré de cet admirable parcours, on va croiser aussi bien des collection de peintures et sculptures (la magnifique peinture de Gustave Lassalle-Bordes représentant, La Mort de Cléopâtre, 1845.) que des collections de sciences et vie de la terre et, cerise sur le gateau, et surtout fait exceptionnel dans un musée, un certain nombre d' especes vivantes, d'où le frisson de terreur que je vous ai promis quelques lignes plus haut.
En tout et pour tout, ce ne sont pas moins de 64 espèces qui sont présentées sous vivarium, dont douze sont venimeuses ou vénéneuses, qui peuplent le jardin toxique qui constitue un des grands moments de cette emballante exposition.
Parmi celles ci, des espèces assez attendues comme le serpent liane, la toujours terrifiante mygale ( celle ci étant saumonée), de bien dangereuses méduses- j'ai jamais aimé ces bestioles souvent croisées lors de mes vacances sur la cote Atlantique, ou des plus étonnantes, et égalements nos chouchous à mes enfants et à moi, à savoir ces rainettes toxiques, aussi belles- d'un jaune ou bleu flamboyant- que dangereuses qui s'aggripent aux parois de leur vitres en semblant nous dire d'approcher pour venir se frotter à leur la peau, particulièrement néfaste; le monde sous marin étant de loin celui qui présente le plus d'espèces vénimeuses...
Autre représentation habituelle que renverse allégrement Vénénum : malgré les apparences, le poison ne nous veut pas toujours du mal et affiche quelques vertus non négligeables : de par sa présence dans la nature depuis la nuit des temps, il est aussi à l'origine de nombreux remèdes.
En effet, les sustances toxiques entrent dans la composition des médicaments : il suffit tout simplement de bien savoir doser ..
Et le bon sens du dosage- entre érudition, et collection plus grand public- c'est exactement ce qu'ont réussi à faire les instigateurs de cette épatante exposition, que les visiteurs du Musée des Confluences peuvent aller voir jusqu'au 7 janvier 2018..