Home, la jeunesse flamande en pertes de repères
Auréolé de prix prestigieux glanés dans les festivals de 2016 ( Prix Orizonti de la mise en scène (Mostra de Venise) et Grand Prix du Jury au Festival de Cinéma Européen des Arcs)" Home " arrive dans quelques salles françaises ce mercredi 13 septembre.
Quatrième film de la réalisatrice belge flamande Fien Troch mais son tout premier à sortir en France, HOME nous plonge dans une jeunesse d'aujourd'hui, la fameuse génération Z, celle qui est connectée à ses smartphones en permanence alors que leurs parents préfereraient qu'ils restent scotchés à la télé, sans doute pour les cantonner à leur domicile et avoir plus d'emprise sur eux.
Malgré cette modernité, cette génération reste dans la lignée de celle de ses générations antérieures, du moins sur le plan cinématographique si on la compare aux oeuvres de Larry Clark (notamment KIDS ou KEN PARK) ou à celles de Gus Van Sant (ELEPHANT), à qui on pense régulièrement au cours de la projection.
Ces jeunes sans repères, livrés à eux même, rongés par les non dits et l'absence de communication, vivent des situations pour le moins compliquées, comme ce jeune Kevin qui sort de prison au début du film après un acte très violent ( on pense à un autre film assez radical sur la jeunesse le drame suédois sorti l'an passé Le lendemain),
Chronique réalise et percutante du désoeuvrement et de l'ennui adolescent, "Home" réussit à sortir des sentiers battus sur lesquels il pouvait glisser de prime abord , et à éviter le piège de la distanciation et de manque d'empathie de ces personnages pas forcement très attachants, grâce à une seconde partie qui prend un virage tragique particulièrement bien menée et de jeunes acteurs amateurs criants de vérité.
Moins cru, et choquant que les films de Clark, Home propose quand même une vision de la sexualité frontale et parfois dérangeante, qui pourra interpeller ou sidérer en une deux scènes notamment ....
Mais contrairement au cinéma de Clark, les adultes ne sont pas totalement ignorés, certains personnages dont la tante de Kevin qui l'heberge chez elle pour son retour de prison étant d'une belle complexité, autoritaire et à l'aise dans son travail et impuissante et peu àmène face à cette jeunesse désemparée pour certains.
Le film sonde au scalpel cette difficulté permanente entre deux générations qui semblent totalement déconnectées l'une de l'autre pour un jeu de dupes permanent entre adolescents et adultes qui semblent continuellement se méfier les uns des autres.
La musique hypnotique et lancinante, signée par le compositeur Johnny Jewel et le montage particulièrement dynamique intégrant notamment pas mal images vidéos captées (ou prétendument) par les personnages-mêmes.apporte une vraie profondeur à cette chronique d'une adolescence meurtrie pas toujours aimable mais qui pose incontestablement pas mal de questions..