Mon garçon : une expérience cinématographique convaincante!!
N'importe quel cinéphilede bonne foi (oui oui ca existe parfois :o) pourra reconnaitre aisément que, pour leur troisième collaboration ensemble, Christian Carion et Guillaume Canet signent avec ce Mon Garçon, sorti en salles mercredi dernier, leur prestation de loin la plus convaincante.
En effet, jusqu'à présent, les films de Carion- pourtant lyonnais d'adoption depuis de longues années et invité régulier du Festival Lumière- baignaient dans un classisisme de bon aloi où les bons sentiments et la réalisation mollassonne génaient pas mal et les deux films qu'il avait tourné avec Guillaume Canet "Joyeux Noël" et "l'affaire Farewell" ne dérogaient pas à cette régle , tant ils se regardaient avec un ennui poli.
Ici avec "Mon garçon", Carion tente d'ancrer son intrigue dans une réalité plus contemporaine et surtout tente d'élaborer un projet bien plus ambitieux avec un film concept assez fou.
Cette immersion d'un homme dans les montagnes du Vercours est aussi une immersion d'un acteur ( Canet donc, à peine remis de son rock n roll tout aussi ambitieux) dans un film sans scénario balisé et avec très pêu d'indications de tournage.
Pour le mettre dans les conditions de son personnage- un père de famille qui apprenant la disparition de son fils devient un animal assoifé de vengance- n'a reçu aucun scénario, juste deux trois rudiments sur son personnage et a suivi son instinct au gré des situations qui se présentaient à lui, en donnant la répartie à des comédiens partenaires ( dont Mélanie Laurent et le novice Olivier De Benoist, très bons) qui eux, connaissaient l'histoire ét étaient chargés de le remettre dans le droit chemin dans un tournage en une seule prise et qui n'aura duré que 6 jours!.
Bref on voit un Julien / Guillaume naviguer à vue pour retrouver totalement l'état d'esprit de son personnage qui part à l'aveugle dans une lutte qui le dépasse et tenter de retouver la piste des ravisseurs tel un loup solitaire assoiffé de vengeance.
La réalisation de Carion se met donc au diapason de la recherche frénétique de Canet avec une caméra à l'épaule qui ne le lachera pas d'une semelle et une ambiance sonore particulièrement stressante s’amplifiant au fur et à mesure de la quete du père meurtri qui font tout pour conforter le coté à vif et viscérale de cette descente aux enfers.
Le projet était donc vraiment ambitieux et le résultat convainc pas mal, tant on est happé par cette lutte et qu'on suit Guillaume Canet faire ce jeu de rôle en prise de vue réel assez atourissant.
Dommage qu' après une première partie particulièrement bien menée, la seconde nous amène sur les rives d'un vigilante movie toujours un peu moralement discutable ( ces fameux films à la Charles Bronson qui nous demande ce qu'on aurait fait dans un cas similaire) et que malgré la radicalité du projet, mon Garçon ne finisse par se conforter aux canons du film de vengance avec son lot de manichéisme et d'invraisemblances , voire d'incohérences, dans le scénario.
La dernière demi heure, virant à l'épure scénaristique totale pour plonger dans les pas du personnage principal, rend le dénouement trop brutal et les questions trop peu résolues pour convaincre un spectateur qui aurait bien aimé que le voyage se finisse autrement .
Dommage que Christian Carion n'ait pas encore plus soigné l'écriture de son film, pour que son (bon) long métrage devienne mémorable, mais quoiqu'il en soit, pour la grande expérience cinématographique que constitue le dispositif de départ, ce "Mon Garçon" mérite amplement d'être vu..