Au Nom de La Terre :la touchante saga familiale et rurale d'Edouard Bergeron
Ce n'est pas forcément parce qu'un film parle du même milieu professionnel qu'il faille forcément les ranger dans la même catégorie.
Ainsi, il n'y a pas grand chose en commun entre Au Nom de La Terre, un long métrage d’Edouard Bergeon qui sort en salles ce mercredi et "Petit paysan" l'excellent thriller rural d'Hubert Charuel, auquel on a déja tendance à les comparer, à part évidemment le même métier d'agriculteur exercé par le personnage principal du film.
Là où le film de Charuel empruntait les rives du film de genre et du thriller un peu parano, "Au nom de la terre", projet plus classique sur le papier, porte sur grand écran l'histoire romancée de la famille du réalisateur Edouard Bergeron et notamment de son père Christian Bergeon (interprété par un Guillaume Canet qui s'est rasé la tête pour ressembler parfaitement à son modele ).
En fait, c'est plus au film de Francois Dupeyron "C'est quoi la vie" , réalisé en 1997 avec Eric Caravaca et Jean Pierre Daroussin qu'" Au Nom de La Terre" fait penser, notamment par sa finalité commune, celle de mettre le curseur sur les suicides d'agriculteurs souvent poussés à bout par un travail harassant et très mal récompensé.
Au nom de la terre est en fait inspiré d'un documentaire réalisé par le cinéaste, "Les Fils de la terre », un quatre-vingt-dix minutes dans lequel Bergeron suivait Sébastien, un agriculteur dont la trajectoire rappelait celle de son père. et que Guillaume Canet a vu un peu par hasard et a adoré au moins d'alerter le producteur Christophe Rossignon sur la nécessité d'incarner le père de'Edouard Bergeron dans la première fiction qu'il avait prévu de réaliser.
Le premier long métrage d'Edouard Bergeron réussit ainsi à mêler l'intimité de cette saga familiale à un contexte plus large de l'évolution du monde rural, impacté de plein fouet par la mondialisation qui est arrivé au mitan des années 90.
Le film montre bien ce système pernicieux qui voient des banques refuser de préter un peu d'argent aux agriculteurs dans le besoin, mais acceptent de suivre l'agriculteurs dans des grands projets de rénovation et de nouvelle exploitation si des structures comme la chambre d'agriculture sont derrières, quitte à ce que ces projets soient bien peu adaptés à la puissance de la dite exploitation.
Mais loin du pamphlet à charge d'une profession qui s'est déshumanisé, "Au nom de la terre" porte un regard humain et sensible sur la transformation du secteur agricole de ces 40 dernières années..
Le réalisateur réussit à toujours faire primer la sphère familiale sur la dimension engagée du film, qui reste toujours en toile de fond.
À la fois très touchant, personnel et universel, " Au nom de la terre" bénéficie en outre d'un casting exceptionnel.
Evidemment, en premier lieu de ce casting 4 étoiles, figure Guillaume Canet, très impliqué dans le projet mais aussi Anthony Bajon (déjà formidable an agriculteur dans la série jeux d'influences) Rufus, en père vieille France rigide mais soucieux ou bien encore Veerle Baetens, l'innoubliable mère d'Alabama Monroe, qui, en mère courage qui tente de faire tenir la famille à bout de bras, rend parfaitement compte de l'importance de son statut dans le fragile édifice familial .
Alors certes, la mise en scène est parfois un peu appliquée et lorgne quelquefois du coté de la grande saga télévisée du service public, mais le scénario est suffisamment ténu et attentif aux petites choses de la vie et la caméra de Bergeron suffisamment subtile et sensible pour convaincre et faire de ce beau "au nom de la terre" un film à voir dès sa sortie en salles mercredi prochain !