#jeudipolar / Rien de plus grand : retour sur le très mérité prix du Polar Le Point européen 2018
" Dans un autre univers parallèle, je tire sur Sebastian la veille, juste après la fête J'ignore pourquoi et comment je le fais, mais c'est tout de même une meilleure version, car les autres survivent. Dans une troisième, je ne rentre jamais chez moi après la soirée; papa et maman appellent la polcice au petit matin et ils me retrouvent noyée près du parc Barracuda. La police va droit chez Sebastian et l'oblige à ouvrir, il ne peut pas faire ce qu'il a fait dans la maison, ni alle rau lycée et faire ce qu'il a fait là bas."
Une tragédie totale racontée , du début à la fin, par la voix d'une jeune fille qui se retrouve ( malgré elle? ) en plein cœur de l'événement.
Monstre ou victime ? Coupable ou innocente ? Maja Norberg, 18 ans apparait au début de son récit comme une élève modèle, une fille de bonne famille, pas forcément appelée à se retrouver seule survivante d’un carnage, un fusil à la main.
Face à une opinion publique déchaînée contre elle, l’ado se mure, elle se tait. Mais elle se souvient. Elle se raconte sa vie d’avant, celle de fêtes noyées d’alcool, de l’argent qui coule à flots, de la drogue, du sexe.
Ce thriller scandinave aux accents de vérité s'avère être à la lecture aussi essentiel que profondément dérangeant.
Loin de la chronique judiciaire américaine un peu convenue et pataude ( c'est moins confortable que chez John Grisham), "Rien de plus grand " dresse un portrait particulièrement sombre d'une jeunesse (dorée) en perte de repères et en colère et stigmatise mine de rien les grandes hypocrisies des classes dirigeantes et l’extrême violence qui rejaillit sur leurs enfants et dresse un portrait cruel mais lucide d'une société impuissante à sauver ses enfants.
Procès d'une tuerie, mais aussi procès d'une société qui croule sous les inégalités sociales, ce roman d'un vraie fulgurance nous fait sans cesse osciller entre culpabilité et innocence, et charge le lecteur de se faire sa propre opinion sur la responsabilité de chacun des protagonistes....
Un portrait autant empathique que bouleversant : la plume de Malin Persson Giolito s'avère être particulièrement efficace et intense, alternant entre procès et rétrospectives contée par la jeune fille en question.
Encore inconnue en France du moins avant son passage très remarqué du festival « Quais du Polar », Malin Persson Giolito, vient de vendre les droits télé de son livre à Netflix, qui va l’adapter en série.
« Rien de plus grand », de Malin Persson Giolito (éd. Presses de la Cité), 504 p. 21€