Gueule d'ange : un film vibrant d'énergie et de fureur!
Le mercredi 23 mai dernier; le film "Gueule" d'ange, présenté au Festival de Cannes dans la section Un Certain regard, est sorti sur les écrans français.
La réalisatrice Vanessa Filho, véritable touche-à-tout qui a été longtemps photographe, musicienne et vidéaste (elle a notamment réalisé tous les clips clips du duo AaRON), avant de de signer son premier film de cinéma, est venue sur Lyon présenter son film la semaine passée.
Elle était en compagnie de la jeune comédienne, Ayline Aksoy-Etaix, qui habite dans la région lyonnaise et c'est pour cette raison que Lyon est une des très rares villes de France, à part Cannes et Paris, où l'équipe du film est venue présenter du film dans la foulée de sa sortie salles.
On reviendra rapidement en détail sur cette rencontre étonnante entre une jeune cinéaste passionnée et passionnante et un petit bout de chou aussi nature et insouciante dans la vie que mature à l'écran, mais avant on peut dire un mot sur ce film certes imparfait (on est sur un premier long métrage, on ne l'oublie pas) mais assurément à voir, tant il est vibrant d'une énergie et d'une sincérité indéniables.
Cette relation toxique entre une mère et sa fille qu'aborde "Gueule d'ange" est l'occasion de parler de différentes thématiques telles que l’abandon, le désir de séduire et d’être aimé, le tout filmé à niveau d’enfant : la caméra ne lache pas la petite Elli 8 ans, isolée, rejetée, victime de la cruauté de ses camarades, en quête d'amour, qui tente de suivre une mère totalement paumée et qui va abandonner son fille malgré l'amour qu'elle lui porte.
Cette mère est elle même en quête d'amour, de reconnaissance, mais en fin de compte, elle noie sa solitude dans l'alcool, la drogue et la télé-réalité.
Une relation d'autant plus complexe qu'à plusieurs reprises dans le film, la mère et la fille inversent les rôles qui leur sont normalement destinées, l'une protégeant l'autre à tour de rôle.
Pour tenter de survivre, Ellie devra renoncer à la personne qui compte le plus pour elle et se choisir un père de subsitution, en la personne , Julio, qu’interprète le remarquable Alban Lenoir, sobre et poignant, (déjà formidable dans UN Français réalisé par Diastème, ici co scénariste du film) .
Si Ayline Aksoy Etaix est une véritable révélation, toute de force et de rage contenue, Marion Cotillard, cagole en perdition, surjoue parfois.
On a l'impression que Vanessa Filho, un peu intimidée en pensant en tous les immenses cinéastes qui ont dirigé notre Marion nationale, ne l'a pas toujours cadré comme il le fallait, avec la rigueur nécessaire et La Cotillard a alors tendance à accentuer un peu trop les travers de cette mère irresponsable et inconséquente, même si cette grande comédienne s'en sort quand même royalement sur plusieurs scènes.
Cela étant dit, on aime le fait que Vanessa Filho ne cherche jamais vraiment à sauver le personnage de Marlène, ni à expliquer ses manquements et ses errances, mais que malgré cela, elle n'arrive jamais à être profondément détestable .
S'il souffre de quelques longueurs, Gueule d’ange touche au coeur par la force de son sujet. Et le fait que la noirceur des situations soit contre balancée par une stylisation de l’image qui vient renverser le naturalisme attendu dans ce genre de films séduit à l'écran.
Parsemé de gros plans tout bonnement magnétiques, stupéfiants et dérangeants par moments, "Gueule d'ange" vaut le coup d'oeil car assurément, Vanessa Filho réussit à signer un film libre, habité, plein d'énergie et de fureur, d'amour et de cruauté.