Pour/ contre Fleuve noir : un polar passionnant ou ratage presque total?
Il y a tout juste 20 ans, un cinéaste de 40 ans, Erick Zonca, signait un premier long métrage, La Vie rêvée des anges qui faisait alors chavirer le festival de Cannes, un film d'une force et d'une rage incroyables, éclairé par deux jeunes actrices formidables, Elodie Bouchez et Natacha Régnier. Cinéaste rare qui a depuis ce coup d'éclat, réalisé bien peu de longs métrages ,Erick Zonka continue de susciter énormément d'attention à chacun de ses projets.
Dernièrement il s'est ainsi laissé emporter par le récit de Dror Mishani, Une disparition inquiétante, publié aux éditions Points dans une traduction de Laurence Sendrowicz.
Il en a réalisé l'adaptation pour le cinéma, Fleuve noir, sorti en plein mois de juillet au cinéma avec, en duo principal, deux stars du cinéma français Vincent Cassel et Romain Duris.
Malheureusement, le film, qui a connu pas mal de soucis de tournages- Depardieu malade, laissant sa place à Cassel, Sandrine Kiberlain critiquant ses relations avec Zonka- a été éreinté de toute part par la critique et le public.. Une chose est certaine: ce fleuve noir ne laisse pas indifférent et il a partagé pas mal de spectateurs, comme nous même à la rédaction de baz'art :
POUR : Plaisirs d'acteurs et ambiance poisseuse en diable
Erick Zonca est un réalisateur plus que rare sur les écrans de cinéma avec tois films en vingt ans., c'est pour cela qu'il est précieux ..
Dix après le très beau « Julia » et vingt ans après son palmé et césarisé « La Vie rêvée des anges » le voici avec l’adaptation d’un roman policier israëlien forcément très attendu.
Malgré ses mauvaises critiques d'une partie de la presse, ce film , malgré des défauts évidents est plus qu'honorable et se laisse voir avec un plaisir certain et aucun ennui, ce qui n'est pas si fréquent !
L’histoire, adaptée intelligemment de cet excellent polar israëlien, est bien ficelée, et en haleine jusqu’ à un dénouement glauque à souhait.
Le trio Kiberlain Duris Cassel, nous en donne pour notre argent: certes, Vincent Cassel en fait beaucoup , cabotin en diable en Colombo alcoolo , mais sa composition est réjouissante et ses faces à face avec un Romain Duris, assez génial dans la peau du prof particulièrement rongé par ses névroses et son gout pour la littérature donnent lieu à des moments bien jubilatoires...
Quand à Kiberlain, elle a peut etre mal vécu le tournage, mais elle est impériale dans ce personnage de mère de famille fantomatique, perdue entre folie pure et amour inconditionnel pour ses enfants.
Une ambiance parfaitement poisseuse, nihilistepour un film certes bancal et qui empile quelques clichés, mais qui n'en demeure pas moins passionnant à regarder.
CONTRE: LA CATASTROPHE VINCENT CASSEL PLOMBE TOUT LE RESTE
Si vous voulez trancher définitivement entre ceux qui aiment le film de Zonka et ceux qui le détestent, vous pouvez vous plonger dans le roman original« Une disparition inquiétante » de Dror Mishani paru chez Points qui raconte peu ou prou la même histoire mais située dans la banlieue d’Holon à proximité de Tel Aviv.
L'on se rend compte ainsi non sans un certain plaisir que Cassel joue le personnage de l'inspecteur Avraham qui dirige l’enquête, et Duris joue Zeev Avni, professeur apprenti écrivain obsédé par son art. Comme dans le film, on est donc tout de suite plongé dans l’histoire sans aucune présentation préalable, ce qui déroute autant que séduit, .et reconnaissons que les retournements de situations sans doute plus crédibles et mieux amenés que dans le film...
Une lecture profondément interessante qu'on ait vu ou pas le film préalablement.