Rentrée littéraire 2018 : J’aimerai André Breton : une vie vraiment surréaliste!!
Un total de 567 romans dont 381 français et 186 étrangers sont attendus pour la rentrée littéraire d'automne,qui commence aujourd'hui 16 août.. Impossible évidemment de les lire tous, ni même la moitié, mais on s'attache depuis plusieurs semaines à en chroniquer le plus possible du moins jusqu'à la fin de l'année.
On commence cette revue par une jolie surprise, le nouveau roman de Serge Filipini, qui près de 30 ans après son 1er roman "L’Homme incendié » (Phébus, 1990), nous offre toujours chez le même éditeur, une biographie d'une femme vivant dans l'ombre du grand poète que fut André Breton.
« Après l’acte sacré, il a murmuré qu’il voulait être seul, qu’il avait besoin de se reposer. Chance voulait-elle bien être gentille de s’en aller, maintenant ? Quand elle a rouvert les yeux, il insistait d’un ton autoritaire sur ce mot : maintenant, tout en reboutonnant sa braguette et en gigotant pour rajuster son grand corps dans les jambes de son pantalon. »
Joli texte, jolie biographie de la dernière et éphémère amante d’André Breton. Le pape du surréalisme voit l’arrivée de Chance, une jeune femme d’à peine plus de vingt ans, dans son village du Quercy comme une dernière chance d’aimer. Elle lui rappelle si fort Nadja, son amour de jeunesse, celle justement, qui l’a fait devenir André Breton l’écrivain poète le plus important de la première moitié du XXe siècle.
Chance Salvage, maitresse oubliée, femme meurtrière, prise dans les tourments de l’amour et le tumulte de mai 68. Mère défaillante d’une petite fille, dont le père pourrait-être l’écrivain surréaliste mais aussi une femme abimée, une femme exclue de la société qui entreprend une quête mystique et devient ermite dans le petit village de Saint-Cirq-Lapopie au bord du Lot.
Captivante et sensible balade sur les pas de Chance, pendant moderne de Nadja, pour qui vivre ne fut que questions. « J’aimerai André Breton » est un livre inclassable, une ode aux femmes muses négligées et effacées.
Serge Filippini, dans une prose poétique et limpide, nous conte une vie violente et chaotique, une vie vraiment surréaliste.
" J’aimerai André Breton », par Serge Filippini, éditions Phébus, 192 pages, 17 €.