Prix Nouvelles Voix du Polar de Pocket : a voté !
Vous connaissez ce prix orchestré par les éditions Pocket et son gang du tonnerre ? On vous explique de quoi il en retourne.
Parmi les nombreux livres embarqués pendant mes vacances, il y avait évidemment, de nombreux polars dont quatre figurant dans la sélection du Prix Nouvelles voix du Polar. Les voici :
Embruns de Louise Mey
Le Cri de Nicolas Beuglet
Ragdoll de Daniel Cole
Chacun sa vérité de Sara Lövestam
Mon favori dans la catégorie "polar français" est... "Embruns" de Louise Mey !
Nous partons en week-end sur une petite île en Bretagne avec les Moreau, une famille à qui tout réussit. Les parents, Chris et Béatrice, et les enfants, Marion et Bastien, sont beaux, intelligents, mangent aussi bien que bio. Ils s'entendent tous à merveille, se chamaillent gentiment, adorent se moquer des gens qui utilisent des expressions toutes faites et d'incompréhensibles anglicismes. Une famille comme on en voit dans les publicités de corn-flakes et de Nutella, vous avez l'image ? Ce week-end en famille, ils l'attendaient avec impatience pour se retrouver, se ressourcer. Alors évidemment, on se doute que rien ne va se passer comme prévu, on le sent dans les descriptions d'une atmosphère qui nous met d'emblée mal à l'aise, nous prend à la gorge petit à petit, pour finir par nous étouffer carrément. Un soir de tempête, Chris et Béa décident d'aller assister au spectacle de la nature déchaînée - leur côté "peur de rien -, pendant que Bastien est à son rencard avec Fanny, une jolie jeune fille de l'île. Seule Marion reste à la maison. Quand ils rentrent, elle a disparu. Morts d'inquiétude, les membres de la famille Moreau et les habitants s'organisent pour ratisser l'île, la retourner s'il le faut, fouiller toutes les maisons, interroger chacun de ses habitants, attraper l'enfoiré qui a cru qu'on pouvait mettre la main sur un Moreau sans en redouter les conséquences. Et puis, enfin, Chris la retrouve. Et là, tout s'enchaîne, il est pris au piège à son tour, cerné par ceux avec qui il menait une battue effrénée quelques minutes plus tôt. On comprend alors que les insulaires ne sont pas aussi bienveillants qu'ils en ont l'air... Je m'arrête là avant de trop en dire. J'ai été sidérée par le retournement de situation final, que je n'avais VRAIMENT pas vu venir, et qui a donné tout son sens aux premières pages du livre qui constituent un glaçant retour en arrière. Mes craintes de lire un livre présentant une famille de super-héros qui n'en sont pas à leur premier coup d'essai se sont vite dissipées pour laisser place à la fascination devant un twist si formidable. Je l'ai lu avec avidité, sans avoir envie de le lâcher, de le relire pour retrouver la page où tout avait basculé, dénicher les éventuels indices distillés dans les pages précédentes. Alors oui, c'est sans hésitation, que j'ai voté pour ce titre. Chapeau, Louise Mey, j'ai d'ailleurs mis votre nouveau livre, les Hordes invisibles dans ma PAL.
Et en ce qui concerne Le Cri de Nicolas Beuglet, mon avis est assez mitigé. Dire que je n'ai pas aimé ce livre serait inexact, car je l'ai lu en deux jours, on y apprend plein de choses, l'objet de l'enquête est original, les protagonistes principaux, Sarah et Christopher, attachants - l'auteur connaît les ingrédients du page-turner sur le bout des doigts -, mais ce sont ces innombrables invraissemblances, toutes ces incongruités, ces obstacles trop facilement déjoués par les deux enquêteurs (on a parfois l'impression d'assister à de véritables exemples de Deus ex machina...) qui ont fini par décrédibiliser cette histoire qui démarrait pourtant si bien. Ce début dans un hôpital psychatrique norvégien où l'ambiance est affreusement plombante, avec un patient mort de peur, me fascinait. J'ai refermé le livre avec la même impression et les mêmes interrogations que pour La vérité sur l'affaire Harry Québert de Joel Dicker : l'ai-je vraiment apprécié, malgré ces moments de gêne ? Cela restera tout de même un bon moment de lecture, et je suis sûre que d'autres lecteurs sauront y trouver ce qu'ils recherchent.
Et pour la catégorie "polar étranger", c'est Chacun sa vérité de Sara Lövestam - auteur suédoise que Monsieur Baz'art a interviewée en février dernier - qui a fait chavirer mon coeur. Monsieur Baz'art ayant déjà vanté les mérites de ce polar si singulier, je vous invite chaudement à lire son avis que je partage ! L'auteur arrive à nous plonger dans une atmosphère, à rendre des personnages attachants, saisis dans toutes leurs failles - en particulier Kouplan, le détective iranien sans papiers qui mène l'enquête pour retrouver la fille de Pernilla, et que l'on retrouve dans Ca ne coûte rien de demander (Robert Laffont). Vous l'aurez compris, c'est donc pour lui que j'ai voté, plutôt que pour Ragdoll ("poupée de chiffon" en anglais) de Daniel Cole. Le pitch ? Un cadavre recomposé à partir de six victimes démembrées et assemblées par des points de suture a été découvert par la police. Ce sont l'inspecteur "Wolf" Fawkes de la Metropolitan Police de Londres et l'inspectrice Baxter - secrètement amoureuse de lui - qui sont chargés de mener l'enquête et de mettre la main sur ce psychopathe qui, selon les indices qu'il laisse dérrière lui, a déjà décidé de l'identité de sa prochaine victime : Wolf lui-même. Le début "in medias res" avec la scène du procès de Naguib Khalid, surnommé "Le tueur crématiste" nous plonge d'ores et déjà dans l'ambiance : on comprend d'emblée que Wolf est du genre... perturbé, ce qui va le rendre attachant - j'aime beaucoup ces enquêteurs dont les forces comptent autant que les faiblesses. On tourne les pages à vive allure, le côté "gore" laissant place à la torture pryschologique. J'ai bien aimé ce thriller, même si quelques passages m'ont semblé peu clairs, un peu difficiles à suivre. L'ensemble tient en tout cas bien la route, on est vraiment emporté dans l'histoire et ça, c'est l'essentiel !
Les éditions Pocket remettront le Prix des Nouvelles Voix du Polar aux deux lauréats le 25 septembre et nous aurons le plaisir d'y assister ! Photos à venir...