« Monstres indiens pour adultes » Cie La BaZooKa, Sarah Crépin/Etienne Cuppens
« Solo fortement chorégraphique pour deux danseuses et un lapin dans un dispositif à miroirs »
En 1876, Emile Reynaud inventait le praxinoscope, sorte de boîte à miroirs tournants qui préfigure l'invention du cinéma. En 2019, la Cie La BaZooka nous invite à entrer dans la boite pour nous raconter leur « Monstres indiens pour adultes », l'histoire d'une petite fille persuadée d'être une indienne d'Amérique.
Pas de frontal scène/salle mais une mise en place circulaire qui fait tourner le dos des spectateurs à ce n'est pas une scène mais un podium, qu'on ne voit qu'à travers le cercle de miroirs qui nous entoure. Lumière tamisée, chants d'oiseaux exotiques, branches de bambous suspendus... il ne nous reste qu'un petit effort à faire pour imaginer l'odeur d'humus et de fumée devant le rituel de cette femme-enfant qui semble invoquer les esprits à descendre sur elle.
Sarah Crépin prête son corps de danseuse à cette petite fille qui joue toute seule, et avec toutes ses autres elle : par la magie des miroirs,elle n'est plus seule, elles sont dix, elles sont cent à jouer aux cow-boys et aux indiens.
De la cavalcade à la traque, jusqu'au combat, elle rejoue tous les actes du scénario avec conviction. Des coups sont donnés, des flèches sont tirées, dans une diversité d'états, de qualités et de rythmes harmonieusement chorégraphiés qui dessinent l'espace autour d'elle(s) et autour de nous.
L'estrade devient un ring de boxe, et sur fond de pop-rock américaine qui a remplacé les chants indiens, les samples de guitare électrique sont autant de coups de poing. Jusqu'au KO.
Acculée, elle vient puiser de nouvelles forces dans sa nature profonde et bestiale, à moins qu'elle ne convoque les esprits de la forêt... son corps devient celui d'un petit animal, tantôt volatil, tantôt félin, tantôt farouche, tantôt séducteur, inquiet ou joueur.
Comme une fièvre, un virus, le combat se fait intérieur et la secoue de tremblements stroboscopiques. Dans ce corps de gamine, la bataille fait rage entre son indien et son cow-boy, son est et son ouest, sa nature sauvage et sa culture sociale.
Pour les concilier, les réconcilier, il lui faudra charmer son lapin en peluche, cet agent de la réalité, animal totem des enfants sages...
Alors, elle fait le paon, et entame une parade de séduction. Il finira par accepter la danse, la transe même, et devient un nouveau compagnon de jeu pour entrer dans la ronde autour du feu de l'imaginaire.
Un compagnon si fidèle qu'au douloureux réveil du rêve amérindien, il est là pour apaiser les sanglots et sécher les larmes de la désillusion et du retour à la « réalité ».
Mise en scène : Etienne Cuppens
Chorégraphie : Sarah Crépin et Claire Laureau
Interprétation : Sarah Crépin et Marie Rual
Réalisation décors : Vincent Le Bodo assisté de Joël Cornet
Présenté les 18 et 19 janvier 2019 au Théâtre Olympia CDN de Tours dans le cadre du Festival Écoute Voir
Les dates des prochaines représentations n'étant pas encore connues, voici une petite consolation :