La folie Tristan/ voyage au coeur de la folie humaine
« Évidemment, ces récits ne valaient pas les recueils de poèmes que le garçon tirait lui-même avec son imprimante sur du papier coloré, ces plaquettes dans lesquelles parfois il recyclait des bouts de ses enquêtes et qui n’atteignaient jamais que quelques amateurs éclairés.
Durant son séjour, dans un petit carnet, il avait ainsi noté un poème sur l’assassinat des adolescents, un autre sur l’arbre de pierre qui se dressait dans la chapelle, mais surtout il avait couché sur le papier son poème préféré, un hymne à la jeune bibliothécaire qui s’intitulait tout simplement Viviane et dans lequel il l’évoquait comme une figure fée. «
Dans cette petite ville secouée par les disparitions tragiques de plusieurs enfants, un vieil hôpital constitue le nouvel épicentre.
C’est là que le lieutenant Dapper, qui vient de retrouver son fils et de tuer son ravisseur, se retrouve hospitalisé après une blessure par balle. Là que Théo est examiné par médecins et psychiatres pour évaluer son état après trois mois de captivité.
La folie Tristan est également le titre d’un autre texte sur l’amour entre Tristan et Yseult, épouse du roi Marc et celui du nouveau roman de Gilles Sehban qui poursuit dans la veine très psychologique de Cirque mort, , publié l’an dernier où l'on retrouvait le même personnage principal de Dapper, un flic en perte de repères tant sur le plan professionnel que sur le plan personnel, qui enquête,sur des disparitions d’enfants.
Son enquête s’oriente vers une institution pour enfants psychotiques dirigée par le docteur Tristan, un homme aux méthodes thérapeutiques particulièrement controversées.
"Il n’y avait pas d’un côté les forces du mal et de l’autre celles du bien. Il y avait une divinité à abreuver, une colère ancestrale à apaiser pour que le danger de la destruction disparaisse. Si on avait posé la question au docteur Tristan, sans doute aurait-il affirmé que le sacrifice de quelque chose en soi était inévitable dans ce processus de libération. Le psychiatre avait écrit une longue étude consacrée à la supériorité de l’enfant traumatisé. "
Ce roman fleuve sur la folie dans tous ses apparats prend quantités de formes différentes et toutes d'une belle efficacité, qui vient basculer certaines de nos certitudes morales
Alors, certes on est un peu perdu si comme nous on n'a pas lu cirque mort, ( l’énigmatique Docteur Tristan, et tous les gamins du centre thérapeutique. étaient dans le premier volet et il nous manque des références pour les appréhender mais on reste assez admiratifs de la plume mélancolique , vénéneuse, et ample de ce trop méconnu Gilles Sehban.