Quais du Polar 2019 : L'usurpateur : le serial-killer à l’américaine s’invite dans le polar polaire
« Il arpenta la pièce avant de s’arrêter devant la fenêtre et de coller sa tête contre la vitre froide pour tenter de mettre de l’ordre dans son esprit. Son regard s’attacha au ferry du Danemark qui glissait sur le fjord sombre. Cette affaire avait un coté effrayant. Qu’il n’avait pas connu par le passé, qui le faisait se sentir comme un enfant qui ne voyait rien dans le noir, mais qui savait qu’il y avait quelque chose. »
Line Wisting, jeune journaliste, veut réaliser un reportage sur un homme d’une soixantaine d’année découvert, quatre mois après sa mort, devant sa télé allumée dans son petit pavillon de banlieue. Un beau sujet pour l’édition du week-end du quotidien d’Oslo. Comment peut-on être si seul et oublié de tous qu’il faut plusieurs mois pour que l’on s’aperçoive par hasard de votre mort ?
La solitude ce n’est pas d’être seul, c’est de n’avoir personne qui vous manque. Line est d’autant plus touchée par cette triste histoire que cet homme solitaire habite Stavern dans le quartier de son enfance, tout près de chez William son père, lieutenant de police de la petite ville balnéaire.
William Wistling lui, n’est pas vraiment content de l’arrivée impromptue de sa fille, chérie certes mais journaliste et un peu fouineuse. La découverte du cadavre en décomposition d’un citoyen américain, dans un bois de sapin près du lac Farris, a tout de l’enquête très compliquée, d’ailleurs ce n’est pas pour rien que des agents du FBI débarque en Norvège. Wisting père et fille mènent l’enquête.
Un bon vieux serial-killer à l’américaine s’invite dans le polar polaire. Ecriture efficace, chapitres courts, effets cinématographiques assurés, « L’usurpateur » rempli son contrat de page-turner.
Mais quel dommage qu’en chemin Jorn Lier Horst oublie le sous-texte sociologique qui faisait la force de « Fermé pour l’hiver » son premier roman. Il faut bien reconnaitre que le point de vue et l’angle de narration de l’enquête journalistique et policière créent une originalité bien venue dans le déroulement du récit, mais on reste un peu sur notre faim devant cette énième histoire de tueur en série.
Bref un polar à conseiller prioritairement aux amateurs purs et durs du genre .
Trad. du norvégien par Céline Romand-Monnier
À propos
Ancien inspecteur de la police, Jørn Lier Horst est considéré comme le digne héritier d’Henning Mankell, et figure parmi les auteurs les plus populaires en Norvège. Vendu à plus de 270 000 exemplaires à travers le monde et traduit dans dix-huit pays, L’usurpateur est le troisième tome des enquêtes de William Wisting publié dans la Série Noire après Fermé pour l’hiver (2017) et Les chiens de chasse (2018).
Autobiographie pour Quais du Polar
L’inspiration de Jørn Lier Horst (47 ans) vient des paysages désolés de Norvège. La nuit polaire, le soleil de minuit – et les vingt ans de sa propre expérience en tant qu’inspecteur spécialisé en homicides. Son rude passé a fait de lui l’un des principaux auteurs de polar scandinave.
https://www.quaisdupolar.com/auteurs/jorn-lier-horst/?filtre=/pays/norvege/edition/2019