Quais du Polar 2019 : La dame de Reykjavik ; Ragnar Jonasson : sur les traces d'une formidable enquêtrice !
« Naturellement vous conserverez votre salaire. Vous n’êtes pas virée, Hulda. Vous prenez juste un congé de quelques mois, et vous enchainez sur votre retraite. Ça ne changera rien au montant de votre pension. Vous avez l’air surprise… C’est un bon arrangement que je vous propose. Vous n’y perdez pas au change. Vous aurez plus de temps pour vos loisirs, plus de temps pour…
Á son expression, il était évident qu’il n’avait pas la moindre idée de ce que Hulda pouvait bien faire de son temps libre. »
Il ne lui reste plus que quinze jours à travailler. Elle ne s’attendait pas à cela Hulda, enquêtrice dans un poste de police de Reykjavik depuis des années, mais à soixante-quatre ans passés elle devait bien se douter qu’on allait bientôt se passer d’elle. Alors elle négocie, quinze jours pour s’occuper d’une affaire classée et après elle met les bouts. Petur ce gentil veuf qui lui fait les yeux doux n’attend qu’elle.
Elle l’a bien mérité sa retraite car Hulda n’a pas été épargnée par la vie. Difficile pour une petite fille d’être élevée par une mère seule en Islande dans les années cinquante. Sa vie familiale plus tragique encore l’a vue affronter la disparition foudroyante de sa fille de treize ans puis deux années plus tard la mort soudaine de son mari. Pour Hulda, la Police c’est tout ce qui lui reste alors cette dernière enquête elle ne va pas la bâcler. Plus que quinze jours…encore quinze jours.
Quel beau personnage dramatique que cette Hulda , une enquêtrice au seuil de la retraite, à la recherche d’un meurtrier dans les rues de Reykjavik.
Une femme pas si vieille que cela finalement, qui tente d’oublier sa vie en enquêtant sur la disparition d’une jeune russe. Ragnar Jonasson dont on connait l’efficacité à mener le lecteur par le bout du nez, réussi le pari de nous surprendre encore.
Evidemment la disparition de la jeune demandeuse d’asile va nous emmener beaucoup plus loin mais alors pas du tout où le lecteur, même très connaisseur de polar nordique, l’imaginait.
Car le vrai sujet n’est plus l’enquête mais l’enquêtrice et en suivant pas à pas Hulda nous imaginons quelle formidable héroïne récurrente elle pourrait être.
La dame de Reykjavik ; Ragnar Jonasson ;Éditions La Martinière le 7 mars 2019
A propos de sa venue à Quais du Polar
Ragnar Jónasson est né à Reykjavik en 1976. Grand lecteur d’Agatha Christie, il entreprend, à dix-sept ans, la traduction de ses romans en islandais. Découvert par l’agent d’Henning Mankell, Ragnar a accédé en trois ans seulement au rang des plus grands auteurs de polars internationaux. Son nouveau roman, La Dame de Reykjavik, a été traduit dans vingt-cinq pays. Il est également l’auteur de Snjór et des enquêtes de Siglufjördur.
Autobiographie pour Quais du Polar
Enfant, j’étais plutôt atypique. Au lieu de jouer au foot comme tous les garçons de mon âge, je passais mon temps à lire des romans d’Agatha Christie, et à regarder des films noirs des années 1930-40. Depuis, je me suis mis au foot mais je passe toujours beaucoup de temps à lire, chez moi, en Islande, là où je trouve l’inspiration pour écrire.
Rencontres
Retrouvez l'auteur sur les événements suivants :