Zombi Child (critique): que vaut le Vaudou de Bonello?
Les zombies ont fait une arrivée en force lors du dernier Festival de Cannes.
Ouverte par le moyen The Dead Don’t Die, de Jarmusch , il fallait aussi compter avec le nouveau long métrage de Bertrand Bonello dans la sélection de la Quinzaine: Zombi Child, qui sort en salles mercredi prochain et qu'on a eu la chance de voir en projection presse au Comoedia hier matin ( dans le cadre du Festival Première vague qui a lieu jusqu à mardi prochain)
Pour son septième film, et après deux " gros films" en terme de financement que sont Nocturama et Saint Laurent, Bertrand Bonello est allé tourner à Haïti (ce qu'il a visiblement eu du mal à imposer aux financeurs) , une histoire de zombi bien éloignée des opus de morts-vivants de George A. Romero, car elle prend sa source dans ses origines afro-caribéennes ( d'où le zombi sans le "e" du titre).
Bertrand Bonello développe ainsi deux intrigues, situées en alternance entre Haïti et la France.
L'intrigue haïtienne est éclairée par le récit parisien mené au présent, et vice-versa, mais malheureusement, une des deux , la première, nous a plus emballé que l'autre.
Bonello s'est visiblement beaucoup documenté autour de la culture spirituelle haïtienne; et notamment le vaudou. "Zombi Child" possède en effet une vraie dimension documentaire presque anthropologique, à travers une dense recherche sur l'origine des zombies et la réalité de la zombification, et cette découverte d'Haïti et de la culture vaudoue est la belle réussite du film.
Le film est un beau voyage en Haïti, une île à la lumière exceptionnelle, captée par le beau travail du chef opérateur Yves Cape, et la mise en scène de Bonnelo est comme toujours léchée et fluide; et la bande son ( avec des musiques du rappeur belge Damso), il est d'autant plus dommage que la greffe avec la partie parisienne ne fonctionne pas vraiment.
Bonnelo peine en effet à faire le lien avec l'histoire située de nos jours à Paris avec cet institut de jeunes filles du lycée de la légion d'honneur.
Cette partie teen movie tourne assez vite au procédé et à l'artifice et gâche un peu les retours à la partie haïtienne...
On sent en effet que toute cette partie là a été faite pour séduire les lycéens, et étudiants, et a priori celles des grandes écoles parisiennes..
Bref, comme souvent chez Bonello, la narration ne suit pas forcément la maitrise formelle indéniable..
Bilan mitigé donc pour ce déroutant et ambitieux "Zombi Child "mais le voyage sur les traces du Vaudou Haïti mérite quand même le détour..
Zombi Child/ Film français de Bertrand Bonello
avec Wislanda Louimat et Louise Labèque
1h43 sortie française le 12 juin 2019