Critique d'album Pas plus le jour que la nuit/ la cuvée Alex Beaupain 2019: moderne mais (toujours) sublime!
Il le clame à qui veut l’entendre : avec un peu de recul, Alex Beaupain a trouvé que son précédent album, "Loin", qui nous avait ravi en 2016, était moins réussi que les précédents car jugé trop autocentré sur ses problèmes sentimentaux et trop proche de ce qu’il avait fait auparavant.
On a le droit de ne pas être forcément d’accord avec lui, mais saluons en tout cas son désir de sortir de sa zone de confort pour cette rentrée 2019 avec son album « Pas plus le jour que la nuit » disponible dans tout juste une semaine, le 4 octobre prochain.
Un album qui opère en effet un virage assez manifeste par rapport à ses anciennes productions, aussi bien musicalement que dans son propos.
Bye bye les cordes, les mélodies amples et lyriques dont Alex noux abreuvait de son talent légendaire et molo sur les guitares sèches.
A la place on dit bienvenue aux claviers, batteries et basses qui irriguent ce nouvel opus d’une sonorité très année 80 et habillent la cuvée Beaupain 2019 d’une cure de jouvence, assez appréciable, après sans doute quelques écoutes pour l’apprécier totalement.
Pour moderniser son univers, Alex Beaupain s’est entouré de deux jeunes producteurs/arrangeurs/ compositeurs : le bien nommé Sage, qui a notamment coproduit le premier album de Clara Luciani et a travaillé avec Woodkid ainsi que Superpoze qui a, de son côté, collaboré avec l'illustre Lomepal.
Ainsi, sans être pour autant un album totalement électro, « Pas plus le jour que la nuit »- et son titre d’un morceau éponyme emprunté à la poétesse Charlotte Brontë- est un disque résolument pop et épuré, mettant la voix et le souffle très en avant, et un album qui tranche bien avec ses anciens disques, tout en restant quand même du 100% Beaupain .
Car « Pas plus le jour que la nuit », dont le beau clip de ce titre a été tourné par le césarisé Xavier Legrand reste traversé de long en large par une profonde mélancolie, car comme il l’affirme dans une longue et passionnante interview donnée au Monde, la mélancolie reste son état naturel; un état qui l’a envahi dès qu’il avait 7 ans lorsqu'il a pris conscience de sa mortalité et qui l’a évidemment conforté lors du décès brutal de sa compagne Aude à 26 ans.
Une mélancolie qui transpire dans l’intégralité des textes qu’il a écrit pour ce nouvel album, qu’il aborde le sujet toujours casse gueule de la vague des attentats dans le très beau et métaophorique " Les Sirènes" ou dans le déchirant « Orlando » sur le récent massacre dans un club gay en Floride , sans oublier le brillant « Cours Camarade », premier extrait de l’album, narrant avec cette douce ironie qui le caractérise les contradictions de la génération des baby-boomeurs…
Et évidemment, parce que Beaupain ne serait pas Beaupain sans ces morceaux où il dissèque l’intimité du couple et le déchirement amoureux .
Ainsi, « Tout le contraire de toi », dans lequel Alex somatise sur son histoire d'amour passée, très bel écrin qui ouvre l’album ou « Ektachrome » qui réalise un parallèle entre une histoire d’amour et les objets obsolètes de sa jeunesse prouvent une fois de plus que Beaupain est sans doute le meilleur auteur de la scène française actuelle, qui parvient à transcender par sa plume subtile et ciselée le déjà vu d’une chanson d’amour…
Et comme à son habitude, Beaupain sait soigner ses aux revoirs, et le "Poussière lente" qui clôt l’album, morceau aussi bien profond que déchirant sur fond d’apocalypse n’a rien à envier aux déjà sublimes « pas grand-chose » ou je ne suis qu’un souvenir qui terminaient les précédents albums du maitre.
A noter également pour terminer sur cet album, véritable évènement de la rentrée pour tous les fans de grande chanson française que ce sixième album, par les heureux( ?) hasard du calendrier culturel, sort quelques jours seulement avant la sortie du film de son grand compère Christophe Honoré "Chambre 212"; dont on reparle à coup sur très prochainement ...
Même si les deux artistes n'ont pas collaboré ensemble sur aucun de ses deux projets, et semblent même être assez brouillés, si l'on en croit une récente interview du chanteur dans Télérama, on ne peut s'empêcher de les associer tant ils ont explosé en commun avec les chansons d'amour en 2009 et qu’on rêverait de les voir de nouveau collaborer ensemble.
Si les dieux de la scène artistique française peuvent nous entendre!!
NB : La sortie de « Pas plus que la nuit » donnera également l'occasion à Alex Beaupain de repartir en tournée.Quelques grandes dates sont déjà connues
Mercredi 20/11/2019 - L'Olympia - Paris
Mercredi 18/12/2019 - Radiant-Bellevue - Caluir et Cuire
Jeudi 13/02/2020 - Le Botanique - Bruxelles (Belgique)
Vendredi 14/02/2020 - Le Splendid - Lille