La grande escapade, le joli hommage de Jean Philippe Blondel à un monde révolu!
"L'onde du scandale a éclaboussé le quartier et tous, parents, enseignants, ne parlent que de "ça"- le "ca tenant moins à la crise de nerfs en elle-même , dont on assure sans en croire un mot qu'elle peut arriver à tout un chacun ( à tel point qu'on pourrait penser qu'elle s'apparente à un virus extrêmement contagieux) qu'au sauvetage en lui-même et plus encore à ces phrases prononcées par Reine Esposito lorsqu'elle gambadait nue dans les couloirs."
Écrivain à 50% de son temps et prof d'anglais troyen dans les 50% restants, Jean Philippe Blondel a publié son premier roman il y a maintenant près de 25 ans, « Accès direct à la plage" qui avait connaît un grand succès de librairie et qui installait les premières bases de l’univers de cet auteur certainement plus à l’aise à mon sens dans l’intime et le personnel que dans les grandes envolées romanesques.
Pour son nouveau roman, qui "concourt" pour la rentrée littéraire- alors que d’habitude, l'auteur est plus habitué aux sorties de l’hiver littéraire-, Jean-Philippe Blondel change de braquet et opère un virage peut être pas à 180 degrès mais un virage tout de même.
En effet, Blondel semble ici abandonner un peu l’autobiographie (même si on peut penser qu’il y a un peu de lui dans un de ses jeunes héros, Philippe Goubert), les romans sur l’adolescence et les romans triangulaires pour une fresque chorale d’une grande ampleur, qui nous plonge dans la France du mitan d années 1970 , période ô combien charnière pour une France coincée entre certaines traditions rigoristes résultant de la France gaullienne et les velléités libertaires de mai 68.
L’intrigue de cette fresque à plusieurs personnages tourne autour d’un microcosme, avec ce groupe scolaire qui voit graviter plusieurs groupes de personnes liés à l’enseignement, et évidemment ce sujet n’est pas un hasard pour Blondel, enseignant et fils d’enseignants.
Ce groupe scolaire est une vraie entité en vase clos, où tout le monde vit ensemble, dans des logements de fonctions, enfants et parents .
Jean-Philippe Blondel explore avec son ironie et sa douceur habituelle les changements d’un monde en pleine mutation, un monde encore très matérialiste où des jeunes blancs becs ont envie de tout bouleverser notamment dans un système pédaogique jusqu'à présent si conservateur où les bons points et les coups de regle en fer sur les mains ont fait leurs temps.
Dans ce roman nostalgique mais profondément humain, Blondel explore les relations humaines et les non-dits, les secrets dissimilées aux autres et finalement on se rend compte que ce livre est plus proche de ses précédents qu’on aurait pu le penser au départ.
Modestie du style; presque invisible, mais comme toujours au service de l’histoire, galerie de personnages attachants: avec cette "grande escapade", Blondel suit joliment son petit bonhomme de chemin dans ce qui est avant tout un joli hommage à un monde révolu ...
La grande escapade; Jean-Philippe Blondel
256 pages – 18€
Date de sortie : 15 août 2019
Jean-Philippe Blondel sonde les mutations de cette France Giscardienne des années 70, dans un roman choral un peu nostalgique et plein de tendresse et de bienveillance pour ses personnages @buchetchastel #rentreelitteraire2019 pic.twitter.com/1QSE0eduJu
— Baz'art (@blog_bazart) September 16, 2019