Vous ne savez pas quoi voir jeudi  soir pour Haloween? Litlle Monsters, qui sera diffusé sur toutes les plateformes de VOD dès le 31 octobre est forcément le film  idéal pour cette soirée événement.

Le zombie est cet être revenu d'entre les morts, à l'hygiène douteuse. Son succès dans la culture populaire, délirant ces dernières années, il le doit en grande partie à sa malléabilité, qui ne découle pas exclusivement de son corps en voie de putréfaction. Car oui, le zombie est souple. Mi-homme, mi-créature, à la fois mort et vivant, cette horreur a ceci de pratique qu'elle nous ressemble, tout en étant monstrueuse.

Les zombies, grégaires en plus d'être malléables, sont des créatures sur lesquelles il est aisé de projeter des peurs humaines pour évoquer des thèmes en rapport avec le collectif : pression de la communauté, déshumanisation des foules, abrutissement général lié à la société de consommation.

Tout y passe ou presque, avec les zombies, qu'on nous a servis à toutes les sauces ces dernières années, à la télévision et au cinéma, avec plus ou moins de finesse et d'intelligence. Jusqu'à l'épuisement ?

Chaque nouvelle production impliquant des zombies peut en effet donner un sentiment de lassitude et imprimer à la démarche du spectateur le même rythme agonique que celle d'un mort-vivant, au moment de se rendre en salles. Sur ce terrain miné et propice à la morosité (dont The Dead Don't Die, dernier livraison de Jim Jarmusch est un triste exemple) Little Monsters est une bonne nouvelle pour au moins deux raisons : parce qu'il s'en dégage une fraîcheur enthousiasmante et parce qu'il sera visible d'un confortable canapé, en VOD.

Le générique d'ouverture donne le ton de Little Monsters : on y voit un couple de trentenaires, Dave et Sara, exploser en vol, en deux minutes trente d'engueulades hystériques, prises à différents moments de leur quotidien et entrecoupées des riffs de guitare inaudibles de Dave, musicien raté et éternel adolescent, auquel Sara reproche son immaturité. Montée au cordeau et grinçante, cette ouverture, fonctionne à merveille pour nous faire pénétrer une fiction barrée.

À l'issue de cette séquence épuisante, Dave quitte Sara et trouve refuge chez sa sœur, Tess, mère célibataire du chétif Felix, 5 ans. Le sens des responsabilités qui émane de Tess tranche nettement avec le chaos que sème son frère partout où il passe. Cette irresponsabilité est encore soulignée par la rencontre de Dave avec Miss Caroline, la maîtresse de Felix, qui s'apparente plutôt à une fée, avec son sourire fabuleux et l'enchantement qu'elle fait régner dans sa classe. Dave en tombe immédiatement sous le charme.

Le premier tiers de Little Monsters exploite à merveille la maturité toute relative de Dave vis-à-vis de son entourage pour livrer des scènes aussi hilarantes que trash, avant que les zombies ne viennent ruiner la sortie scolaire dans un parc d'animaux, à laquelle il participe, avant tout pour les beaux yeux de Miss Caroline, évidemment. Confronter Dave, ses camarades d'âge mental souvent plus matures et Miss Caroline à cette horde de morts-vivants permet au film de dépasser le stade de la comédie plaisante pour aborder un terrain autrement plus sérieux, par le biais du genre, celui de l'enfance et de sa nécessaire protection.

D'un calme surnaturel, Miss Caroline, assistée de Dave, tente de préserver l'innocence de ses élèves en leur faisant croire que cette apocalypse zomboïde n'est en réalité qu'un vaste jeu. Cette dans laquelle les enfants, guidés par leur maîtresse, serpentent entre des zombies sanguinolents, en croyant jouer à « chat », permet d'évoquer habilement l'importance de l'éducation (opposée aux ravages de l'« éveil » télévisuel, symbolisé par un autre survivant, vedette d'un programme pour enfant à la ramasse se révélant diabolique) et de l'insouciance des enfants pour leur épanouissement.

Une pensée finement évoquée qui s'intègre parfaitement à au cœur du film pour donner un mélange aussi plaisant qu'original. A contrario, la progressive prise de conscience de Dave, qui mûri en prenant ses responsabilités, est un peu moins convaincante car trop convenue, tout comme la romance, inévitable, entre lui et Miss Caroline.

Dans cette deuxième partie où le genre fait son apparition, l'humour, bien que d'une intensité plus faible, n'en a pas pour autant disparu.

Le film s'amuse en effet du décalage entre l'horreur absolue qui se déroule dans le parc, et qui saisi des adultes en pleine crise de nerfs, et la crédulité des enfants, enjoués par le jeu proposé.

Little Monsters est un film pleine de ressources, surprenant par la manière qu'il a de ne jamais rester au milieu du gué, malgré le mélange des genres proposé.

Se côtoient ainsi l'humour le plus incorrect et la plus grande délicatesse dans un film qui est loin d'être un énième poncif zombifiant, pour notre plus grand plaisir.

Little Monsters de Abe Forsythe, sortie en VOD le 31 octobre 2019

 Little Monsters, réalisé par Abe Forsythe est une  sortie évènement  au cinéma depuis  le 18 octobre  dans le réseau CGR et sur toutes les plateformes VOD pour Halloween.