Kermesse : Le médicament du collectif La Cabale non remboursé par la Sécu – Théatre 13 (Paris)
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La chaleur battante et le bitume cramé de la rue du Chevaleret rappellent au collectif La Cabale ces heures d’effervescence avignonnaises où tout le bouche-à-oreille menait à la Manufacture, une époque où un voile était tombé sur le Palais des Papes, celui d’une peur pour la culture, d’une impuissance face à une potentielle bascule politique. Presqu'un an plus tard, cette bascule n’a pas eu lieu mais elle plombe toujours sous nos têtes, un changement n’a été entendu. La crise est permanente, comment se réjouir à nouveau ?
Dès les premières minutes, les termes sont posés pour la salle remplie : la chenille sera lancée. Une prescription auquel personne n’échappera. Cela fait vite son effet dès l’entrée : le brouhaha fait ressortir l’impatience des spectacteur.rices de découvrir les premières minutes, les comédien.nes claquent la bise à certain.es d’entre eux/elles. Bref, la chaleur n’est pas que dans l’air ! Le but du collectif est de proposer une chenille du vivre-ensemble à Emmanuel Macron. Vaste projet ! Surtout qu’il faut déjà convaincre un auditoire entier de se lancer dans cette danse, bannir toute introversion ou snobisme classiste. C’est dans le désespoir qu’on peut trouver les meilleurs fous-rires.
La scène se transforme en joyeux bordel, le collectif se saisit de l’absurde sans retenue. Ils en font trop ? Et bah pourquoi pas ! Le cadre de la scène ou même de l’institution théâtrale peut souvent amener à de la retenue.
La Cabale n’adapte point les références à son cadre, il les fait se percuter entre-elles de la Bande à Basile à Jean-Luc Lagarce en passant par Nicole Croisille et Pina Bausch. Kermesse interroge notre rapport à la gêne, à la honte et au ridicule, souvent empreints de mépris social. Rire aux blagues beaufs, on adore mais ce n’est pas parce que les classes supérieures se les réapproprient que cela devient plus acceptable.
Au contraire, ce n’est qu’un moyen de gentrifier pour faire grandir le sentiment de trahison. Si Jean-Luc Lagarce évoquait déjà ce sentiment dans Juste la fin du monde dont le collectif reprend un extrait, le meilleur moment demeure la critique hilarante (beaucoup trop vraie) du Masque et de la Plume où une certaine Fabienne s’invente un passé prolo alors que le seul coin de vert qu’elle fréquente est le parc Monceau…
Kermesse file à une allure avec ses comédien.nes qui courent dans tous les sens. Iels passent de chenille ou papillon, animateur de l’École des Fans jusqu’à redevenir eux-mêmes sur scène, partageant leurs doutes de convier tout le monde sur la scène. Ça va vite et on aimerait même que cette parenthèse ne se termine jamais. Surtout que le défi de convaincre Macron de faire cette chenille n’est pas abandonné, les négociations ont lieu en direct (enfin avec le standard de l’Elysée). On en ressort si heureuse et persuadée que ce n’est que le début de grandes choses pour la Cabale qui nous fait retrouver le sens de la fête !
Crédits photos : Collectif La Cabale – © Dennis Marder
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Kermesse
Créée et mise en scène par le Collectif La Cabale
Avec Marine Barbarit, Lola Blanchard, Alix Corre, Margaux Francioli, Akrem Hamdi, Aymeric Haumont, Charles Mathorez, Thomas Rio, Rony Wolff
1h45
Du lundi au vendredi à 20h, le samedi à 18h
Jusqu’au 21 juin 2025
Théâtre 13 / Bibliothèque (Paris 13ème)
Jade SAUVANET