BD : LES COULOIRS AÉRIENS : Étienne Davodeau, magnifique portraitriste de l'âme humaine
On vous dit en ce lundi midi pourquoi selon nous il faut absolument lire "Les couloirs aérien", le nouvel et splendide album d'Etienne Davodeau :!
Auteur majeur de la BD de reportage au long cours ( Les mauvaises gens/ les ignorants, entre autres incontournables du genre), Etienne Davodeau revient cette année à la fiction dix ans après l'avoir quitté avec ce Lulu femme nue adapté au cinéma par Solveig Anspach pour un des meilleurs rôles de Karin Viard à ce jour.
Ce virage ne l'empêche pas de continuer à creuser son sillon singulier et réussit pleinement à conjuguer réalisme et romanesque avec une narration très dialoguée et une petite musique du quotidien qui touche énormément par sa justesse et son universalité.
C'est dans le Jura, en plein hiver, dans une maison prêtée par des amis qu'Yvan est venu poser ses affaires, ses doutes et questionnements. Cette fameuse crise de la cinquantaine qu'il vit, ce bilan à mi-chemin d'une vie tout le monde qui a atteint la quarantaine pourra tout à fait s'y projeter et c'est peut être pour cela que cet album nous touche énormément .
Yvan, le personnage principal des "Couloirs aériens". a tout perdu: son travail ses deux parents et sans doute son épouse partie en Asie travailler et part dans le Jura enneigé, dans une maison de campagne prêté par deux amis pour tenter de rebondir et de faire le point sur son existence.
Yvan, le personnage principal des "Couloirs aériens". a tout perdu: son travail ses deux parents et sans doute son épouse partie en Asie travailler et part dans le Jura enneigé, dans une maison de campagne prêté par deux amis pour tenter de rebondir et de faire le point sur son existence.
Pour parler du difficile cap de la cinquantaine, qui amène souvent un bilan amer sur sa vie et sa confrontation à ses idéaux de jeunesse, Etienne Davodeau s’entoure cette fois de ses deux comparses, Christophe Hermenier qui l’accompagne au scénario et à la photo et Joub (de son vrai nom Marc Le Grand , avec qui Davodeau a crée un studio ensemble à ses débuts et ont souvent collaboré pour des travaux diverses ) pour la couleur.
Les trois compères sont partis de leurs histoires et souvenirs personnels et l'ont agrément d'un un brin de fiction et de romanesque pour consolider les ramifications le scénario.
On pense parfois aux personnages des romans de Philippe Djian en lisant les couloirs aériens, mais ici dépourvu du moindre cynisme qu'on peut parfois trouver chez l'auteur de 37,2 le matin et avec un désenchantement plus serein quand même.
Etienne Davodeau continue en tout cas de s'affirmer comme un formidable portraitiste de l'intime, et un peintre des gens modestes.
Basé sur des photos prises par Christophe Hermenier, ces objets illustrent l'histoire d'une vie dont le décor d'une vie familiale comme tant d'autres et convoquent les souvenirs avec énormément de pudeur et de sensibilité, un peu à l’image d’un carnet intime.
Moins social que ses précédentes œuvres, en tout cas, moins frontalement, "Les couloirs aériens" disent néanmoins énormément de choses sur la difficultés du monde actuel et parvient à rendre ces personnages un peu en perdition profondément attachants.
Une chronique sociale et intimiste qui évite largement piège de la nostalgie putassière avec énormément de talent et un peu de dérision.
LES COULOIRS AÉRIENS Dessin d’Étienne Davodeau
Récit de Étienne Davodeau, Joub et Christophe Hermenier
Editions Futuropolis/ octobre 2019
Une autre chronique de l'album est à retrouver ici même
A noter qu'une Dédicace et Rencontre avec Etienne Davodeau est prévue ce 9 novembre 2019 à 17h00 à Lyon à la Librairie Vivement Dimanche!